Le Journal de Quebec - Weekend

BRISER LES TABOUS

- BRUNO LAPOINTE

Les tabous ? Maxime Landry ne connaît pas. Le chanteur souligne une décennie de musique en prêtant sa voix à certains sujets particuliè­rement épineux – de la prostituti­on au viol – sur son nouvel album, 10 ans déjà.

Avant que la machine à rumeurs ne s’emballe, Maxime Landry le précise: non, il n’a pas été victime de viol. Mais l’ampleur qu’a pris le mouvement #MeToo/#MoiAussi l’a happé de plein fouet, lui inspirant les paroles de ce qui allait devenir la chanson J’avais 10 ans, chronique d’une telle tragédie vécue par une fillette.

« J’entendais plein d’histoires horribles qui surgissaie­nt de partout, alors ça m’a donné envie d’en parler. Des thèmes comme celui-ci, ou d’autres comme la vieillesse, la mort ou la prostituti­on peuvent paraître plus dark. Mais ce sont des choses qu’on vit tous, de près ou de loin. On a tous quelqu’un autour de nous qui vit quelque de chose de difficile », explique-t-il.

CACHE-CACHE

Il ne s’agit d’ailleurs pas de la première occasion où il se frotte à des propos qui peuvent, de prime abord, paraître sombres. Son tout premier succès, Cache-cache, faisait écho au suicide de son père, survenu quelques années auparavant. Cette offrande de Lynda Lemay aura été thérapeuti­que pour Maxime Landry. Voilà pourquoi il a choisi de la revisiter sur ce nouvel album, déposé dans les bacs hier.

« Cette chanson-là, c’est celle que j’ai le plus chantée de toute ma vie. Et même après toutes ces fois, l’émotion reste exactement la même. C’est elle qui m’a permis de faire mon deuil. J’ai eu beaucoup de haine envers le geste que mon père a posé, et je pense que c’est avec l’aide des gens qui ont écouté Cache

cache que je peux dire que je ne lui en veux plus aujourd’hui », confie-t-il.

COMING OUT EN DOUCE

Autre pièce de résistance de ce 10 ans

déjà, la chanson Les deux hommes, empruntée au répertoire de Lynda Lemay.

Cette reprise arrive quelques mois à peine après que Maxime Landry a, pour la première fois, évoqué publiqueme­nt son homosexual­ité. C’est sur le plateau de Y’a du monde à messe, l’été dernier, qu’il a abordé la question, et ce, sans tambour ni trompette.

« Ce n’était pas du tout prévu que j’en parle. Mais quand Christian Bégin m’a demandé si j’avais peur de vieillir seul, c’est venu toucher une corde sensible. Parce que oui, j’ai peur de vieillir seul. Je veux des enfants. Mais même si je sais que ça se fait, je n’ai pas le goût d’élever un enfant tout seul. Je veux être en couple, qu’on élève un enfant ensemble. En ce moment, je suis célibatair­e et j’ai peur de me réveiller dans 10, 15 ou 20 ans et réaliser que j’ai passé tout droit. Ma vie profession­nelle a pris beaucoup plus de place que ma vie personnell­e dans les dernières années », avance-t-il.

DES PROJETS PLEIN LA TÊTE

Il ne semble toutefois pas être sur le point de ralentir la cadence sur le plan de sa vie profession­nelle. Présenteme­nt sur la route avec la tournée Francos

talgie, où il revisite certains des plus grands succès du Québec et de la France aux côtés de Michaël Girard, Vanessa Duchel et Éléonore Lagacé, Maxime Landry admet avoir déjà donné les premiers coups de manivelle à un projet d’album… et à un cinquième roman à paraître l’an prochain.

« La tournée est l’occasion idéale pour écrire. J’occupe mon temps dans les chambres d’hôtel en écrivant », expliquet-il.

L’album 10 ans déjà est maintenant sur le marché.

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