Le Journal de Quebec - Weekend

UN RÔLE VERTIGINEU­X POUR NIELS SCHNEIDER

Nouvelle coqueluche du cinéma français, Niels Schneider enchaîne les tournages depuis quelques années en Europe. Mais avec le film Sympathie pour le diable, l’acteur franco-québécois n’a pas hésité à sortir de sa zone de confort pour se glisser dans la pe

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Réalisée par le Québécois Guillaume de Fontenay, cette adaptation des récits de Paul Marchand nous plonge dans l’enfer de la guerre de Bosnie-Herzégovin­e, en 1992.

Le film relate le siège de Sarajevo à travers les yeux de Marchand, qui sillonnait la ville à ses risques et périls pour son travail de correspond­ant pour des radios d’Europe et du Canada.

« J’avoue que je ne connaissai­s pas du tout Paul Marchand avant qu’on m’approche pour ce rôle. Mais le sujet du film m’a tout de suite interpellé parce que ce n’est pas une guerre que je connaissai­s », indique Niels Schneider, en entrevue au Journal.

« J’avais cinq ans au début du siège de Sarajevo en 1992. Je n’ai pas étudié ce conflit dans mes cours d’histoire, mais j’en ai toujours entendu parler comme d’un énorme bordel dont on ne comprenait pas grand-chose. Ça m’intéressai­t de m’y plonger. Je trouvais que le film dégageait une vérité sur ce siège-là, mais aussi sur le métier de correspond­ant de guerre. C’est un métier totalement mystérieux pour moi. Et je n’avais pas encore vu de grand film sur le travail de correspond­ant de guerre. »

FAILLE INTÉRIEURE

Niels Schneider n’a pas eu la chance de rencontrer Paul Marchand, ce dernier s’étant enlevé la vie en 2009. Mais pour composer son personnage, l’acteur de 32 ans a pu s’appuyer sur de nombreuses images d’archives du journalist­e. « Paul avait une gestuelle très particuliè­re avec sa manière de fumer le cigare et le rythme de ses paroles, détaille Schneider. Il était bègue et il avait quelque chose de très concentré dans sa manière de parler. C’est un personnage génial à jouer parce qu’il est beaucoup dans les contradict­ions et les paradoxes. Il a quelque chose de très enfantin et en même temps, il joue un peu au caïd avec son côté grande-gueule. Et toute sa puissance est contre-balancée par une énorme faille intérieure. Il se cachait derrière un masque d’humour très noir.

« C’est certaineme­nt mon plus gros rôle de compositio­n à ce jour. J’ai voulu incarner le personnage, mais sans tomber dans l’imitation. Le personnage qu’on voit à l’écran n’est pas Paul Marchand. Il est quelque part entre ce que je suis, moi, et la personne qu’était Paul. C’était important pour moi d’aller chercher ce qu’il y avait d’intéressan­t en lui et ce qui pouvait se raconter à travers certains gestes. Mais c’était important aussi d’intégrer mes propres sentiments et ma sensibilit­é à la performanc­e. »

ENTRE LE QUÉBEC ET LA FRANCE

Né en France, Niels Schneider a passé une grande partie de sa jeunesse au Québec. C’est d’ailleurs ici qu’il a amorcé sa carrière d’acteur dans des films québécois comme Tout est parfait et J’ai

tué ma mère. Révélé en France grâce aux premiers films de Xavier Dolan, il vit désormais à Paris, où il est de plus en plus sollicité, surtout depuis qu’il a remporté le César du meilleur espoir masculin en 2017. L’acteur franco-québécois était d’ailleurs en vedette dans quatre films qui ont récemment été présentés au Festival Cinemania.

« Ce sont des films qui ont été tournés dans la dernière année et demie, souligne-t-il. Ce qui est génial avec le cinéma, c’est qu’on peut sauter d’un univers à un autre. C’est la raison pour laquelle je pense que je ne me lasserai jamais de ce métier-là. Je serais incapable, par exemple, de jouer seulement dans des films durs comme Sympathie

pour le diable. Heureuseme­nt, on me propose aussi de jouer dans des comédies, comme c’est le cas pour le prochain film d’Emmanuel Mouret, que je tourne en ce moment en France. C’est une comédie sur le sentiment amoureux super plaisant à faire, parce que c’est léger. Ça fait du bien à faire, surtout après avoir participé à un tournage aussi intense que celui de Sympathie pour le diable. »

Sympathie pour le diable prend l’affiche vendredi.

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PHOTO CHANTAL POIRIER L’acteur Niels Schneider a le vent dans les voiles en France, où il enchaîne les films depuis quelques années.
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Niels Schneider dans une scène du film Sympathie pour le diable.
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MAXIME DEMERS Le Journal de Montréal maxime.demers @quebecorme­dia.com

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