Le Journal de Quebec - Weekend

LES TEXTOS FONT L’HISTOIRE

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Recueillan­t, classant, boostant plus de 300 mots d’amour déposés par des amoureux anonymes sur son compte In st a gram ,@ amours_ solitaires, l’écrivaine française Morgane Ortin les a utilisés pour écrire un roman inusité composé par une suite de textos, Une petite éternité.

MARIE-FRANCE BORNAIS

Le Journal de Québec

Au début de 2017, Morgane Ortin était directrice éditoriale pour DesLettres, une maison d’édition numérique spécialisé­e dans la publicatio­n de la correspond­ance des grands écrivains.

Un peu à la blague, elle a eu l’idée d’ouvrir un compte Instagram, @amours_ solitaires, sur lequel elle a publié des messages d’amour délicieux, déposés de manière anonyme par différente­s personnes.

Presque trois ans plus tard, elle compte maintenant plus de 500 000 abonnés et s’occupe de ce projet à temps plein.

Morgane s’est servie de ces messages pour rédiger Une petite éternité, son deuxième roman, écrit à partir des textos déposés sur son compte.

Elle raconte la passion d’un homme et d’une femme qui se sont rencontrés, qui se sont aimés, puis perdus de vue parce qu’elle est partie à l’étranger. À son retour, ils se retrouvent. Et c’est cette belle histoire que Morgane raconte par textos. UN DÉFI

Son roman reflète ce que les relations amoureuses sont devenues, avec l’arrivée des changement­s technologi­ques.

Recueillir ces messages et les métamorpho­ser en roman a été beaucoup de boulot, mais lui a donné une grande foi en l’humanité, dit-elle en entrevue.

« Je pense qu’on vit dans des temps un peu compliqués. De voir que les gens, dans leur intimité, sont capables de s’envoyer de si belles choses, et de voir qu’ils sont bouleversé­s par les mêmes émotions qui me bouleverse­nt, avec une intensité parfois qu’on ne soupçonner­ait pas, je trouve que ça me réconcilie avec l’humanité. Ça donne de l’espoir. »

Elle a trouvé remarquabl­e le degré de poésie qui existe aujourd’hui, dans des échanges entre deux inconnus.

« On a eu tendance à dire, ces dernières années, que les jeunes ne savaient plus écrire, que la technologi­e nous aliénait, qu’on faisait plein de fautes, qu’on ne communiqua­it plus que par l’image… En fait, c’est faux. On ne s’est jamais autant écrit qu’aujourd’hui. »

L’amour est encore et toujours universel et intemporel. « C’est peut-être une des seules choses indémodabl­es. Ça traverse les siècles et ça ne change pas tant que ça. » UNE SORTE D’ARCHIVISTE

Son succès est tel qu’elle a le sentiment de devenir une sorte d’archiviste des histoires d’amour.

« C’est exponentie­l ! C’est génial, parce qu’il y a de plus en plus de gens qui ont envie de contribuer au projet, d’envoyer leurs messages. Ils consoliden­t, comme ça, les archives francophon­es de l’amour et je trouve ça très beau. Je pense que pour eux, c’est aussi une manière de savoir qu’une partie de leur histoire d’amour a bien existé, qu’elle est stockée quelque part. » Morgane Ortin compte plus de 500 000 abonnés sur son compte In st a gram ,@ amours_ solitaires. Elle sera au Salon du livre de Montréal.

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AMOURS SOLITAIRES : UNE PETITE ÉTERNITÉ Morgane Ortin Éditions Albin Michel environ 296 pages
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