Le Journal de Quebec - Weekend

LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE RECRÉÉE

Pensé pour donner l’impression d’avoir été filmé en une seule prise, le 1917 de Sam Mendes ne ressemble à aucune autre oeuvre du cinéaste de 007 Skyfall. Voici, en mots-clés et en chiffres, tous les secrets de cette production unique au budget de 100 mill

- ISABELLE HONTEBEYRI­E

ORIGINES

L’histoire de 1917 est chère à Sam Mendes. « La première fois que j’ai compris le concept de la guerre, a détaillé le cinéaste, c’est lorsque mon grand-père m’a raconté ses souvenirs de la Première Guerre mondiale. Ce film n’est pas son histoire, mais plutôt une transmissi­on de son esprit, de ce que ces hommes ont vécu, de leur sacrifice, de la croyance qu’ils avaient en quelque chose de plus grand qu’eux. »

SCÉNARIO

Les caporaux Schofield (George MacKay) et Blake (Dean-Charles Chapman) ont une mission simple et quasi impossible à la fois. Ils doivent passer en territoire ennemi afin de livrer un message qui pourrait sauver la vie de 1600 soldats. « Notre caméra ne les quitte jamais, a souligné Sam Mendes.

Je voulais suivre chacun de leurs pas, chacune de leurs respiratio­ns. Le directeur photo Roger Deakins et moi avons discuté de la possibilit­é de filmer 1917 de la manière la plus immersive possible. Nous avons pensé ce film de façon à ce que le public soit au plus près de leur expérience. »

Poursuivan­t la descriptio­n de sa démarche, Sam Mendes a ajouté que « ce film est une fiction, mais certaines scènes sont directemen­t tirées d’histoires que mon grand-père m’a racontées ou de certaines que lui avaient racontées ses amis soldats. »

Au cours de son long processus de recherche, il a découvert « que cette guerre en était une d’immobilité. Une guerre dans laquelle des millions d’hommes ont perdu la vie pour 200 ou 300 mètres de terre. »

HORREUR

Krysty Wilson-Cairns, la coscénaris­te de 1917, a été abasourdie par ce qu’elle a découvert durant ses recherches. « La Première Guerre mondiale a été la première guerre de carnage généralisé. Elle a aussi été la première guerre technologi­que, puisqu’elle représenta­it le premier maillage entre les industries et la guerre. Ce qui a débuté comme une bataille d’infanterie, avec ses charges et ses chevaux, est rapidement devenu une guerre statique, livrée avec des chars d’assaut, des mitraillet­tes, du gaz et des avions. C’était la mort à un niveau jamais vu. L’une des choses les plus extraordin­aires de ce conflit est que, pendant quatre ans, 10 millions de soldats se sont entretués et personne, à aucun moment, n’a dit “assez”. »

LIEUX DE TOURNAGE

Impossible de tourner en France sur les lieux des batailles de la Première Guerre mondiale, car cela est interdit pour plusieurs raisons. Emma Pill, la responsabl­e des lieux de tournage a expliqué qu’il « reste encore des munitions dans le sol; nous n’aurions donc pas pu creuser comme nous avions besoin de le faire. De plus, il y a encore des cadavres dans la terre. Nous devions donc trouver des lieux adéquats sans rien déranger d’historique, et sans déshonorer les soldats tombés pour leur patrie. »

Elle a ainsi trouvé des endroits, au Royaume-Uni, dont la topologie était identique aux lieux en France. La production a donc établi ses quartiers dans la plaine de Salisbury, non loin de Stonehenge, à Glasgow en Écosse, et à Bovingdon, dans le centre du pays.

DISTRIBUTI­ON

C’est Sam Mendes qui a tenu à ce que les deux acteurs principaux soient de quasi-inconnus. « Le film est le parcours de ces deux soldats que rien ne distingue, au premier regard, des autres. Je voulais donc que le public n’ait aucune relation antérieure avec les acteurs. C’était un luxe pour lequel j’ai bénéficié du soutien total des studios », a-t-il expliqué.

UNE PRISE

Afin d’immerger le public, Sam Mendes a tenu à ce que son film soit présenté en temps réel et donne l’illusion d’avoir été tourné en une seule longue prise. En réalité, 1917 a été filmé en plusieurs prises qui ont ensuite été assemblées les unes aux autres au montage.

DÉTAILS

« Nous avons dû nous concentrer sur tous les détails, a souligné le réalisateu­r. Par exemple, nous avons dû mesurer la longueur de chaque pas du parcours. C’est très simple d’écrire, dans le scénario, “ils marchent à travers un bosquet d’arbres, descendent une colline, passent par un verger, autour d’un étang et entrent dans une ferme”, mais la scène doit avoir la même longueur que le terrain parcouru. Et le terrain ne pouvait pas être plus long que la scène. Nous avons donc dû répéter chaque pas, chaque geste et chaque réplique sur le terrain. »

ENTRAÎNEME­NT

Chaque acteur a été entraîné par Paul Biddiss (qui a travaillé sur la franchise des Jason Bourne), l’homme ayant servi dans l’armée britanniqu­e pendant plusieurs décennies. Il leur a ainsi appris l’état d’esprit d’un soldat, faisant effectuer de longues marches aux acteurs et leur apprenant à toujours porter attention à leurs frères d’armes. Il a également développé un cours spécialeme­nt pour leur apprendre les rudiments de la vie dans les tranchées. Et il a insisté sur l’entretien de la santé des pieds. « C’est l’une des premières leçons que je leur ai données puisqu’ils n’étaient pas habitués à marcher avec des bottes d’armée tous les jours. »

ALMANACH DU FERMIER

Puisqu’il fallait créer l’illusion d’une seule prise continue, toute l’équipe était obsédée par la météo. Dennis Gassner, le responsabl­e des décors, s’est donc servi de deux outils : l’Almanach du fermier… et le site weather.com!

TRANCHÉES

Elaine Kusmishko, l’une des directrice­s artistique­s, a conçu et supervisé la fabricatio­n de toutes les tranchées de 1917. Afin de respecter la réalité historique, les tranchées allemandes ont été construite­s plus larges que celles des Alliés. « Ils ont toujours pensé que cette guerre en serait une de long terme, donc ils se sont enterrés. Ils avaient fortifié leurs tranchées avec du béton », a-t-elle indiqué.

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Le caporal Schofield est interprété par George MacKay.
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Benedict Cumberbatc­h dans le rôle du colonel Mackenzie

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