Le Journal de Quebec - Weekend
UNE CRISE DE LA QUARANTAINE PLUS TARD
Durant cinq ans, elle a pris soin de son fils, traversé la crise de la quarantaine et ses inévitables remises en question, mais Marie-Pierre Arthur, armée d’un nouvel album qui tranche avec sa production antérieure, est de nouveau prête à affronter l’éclat des projecteurs.
« Je fais la paix avec ce que je fais dans la vie », résume l’artiste de 42 ans, qui lance son quatrième album, Des feux pour voir, ces jours-ci.
La route pour s’y rendre a cependant été ardue. Le texte de Faux, qu’elle qualifie de pièce charnière de cet assemblage de huit chansons, en fournit la pleine mesure.
« Je ne reconnais plus rien. À la croisée des chemins. Pour avancer plus loin, je dois laisser ma peau » , chante la native de la Gaspésie.
« Faux, c’est où j’en étais quand j’ai commencé à penser et à écrire cet album », explique-t-elle, en énumérant tout ce qui la tenaillait à cette époque.
« Comment je fais pour être une bonne mère, pour me repositionner artistiquement ? Après trois albums, comment je fais pour me réinventer ? Pour m’intéresser à moi-même avant d’intéresser les autres. À quoi on sert en tant qu’artiste ? Ce sont toutes des questions qui reviennent en vieillissant », confie la chanteuse.
CHANGER LA RECETTE
L’idée de se réinventer a de toute évidence fait son chemin. Si Marie-Pierre Arthur a cette fois encore fait appel à sa garde rapprochée, formée principalement de son amoureux, François Lafontaine, sa partenaire d’écriture et amie Gaële de même que l’omniprésent Louis-Jean Cormier, elle a senti le besoin de varier la recette.
À la réalisation, Sam Joly s’est donc joint au duo Arthur-Lafontaine. « Pour changer la dynamique de couple », précise-t-elle.
Aux textes, les plumes de Laurence Nerbonne ( Les nuits entières) et d’Émilie Laforest ( Dans tes
rêves) ont été mises à contribution afin de donner de « nouvelles couleurs » à ses chansons. « Laurence me proposait d’être plus directe », révèle Marie-Pierre Arthur.
POUR FISTON
Le produit final, longuement et minutieusement construit note après note en studio — « il y a eu beaucoup de post-prod », ditelle —, se balade entre rock des années 1990, funk et indie rock aventureux.
Dédié à son garçon, le simple Tiens-moi mon
coeur se présente dans une facture plus enjouée que le reste de l’album. « C’est une chanson d’amour, pleine d’espoir. »
À l’opposé, la chanson-titre Des feux pour
voir évoque la déprime de l’ère du grunge. « J’ai chanté le refrain de façon plus gueularde que d’habitude. Un peu comme Alanis Morissette. »
SOMBRE ET LUMINEUX
Que dire, question de rester dans les thèmes sombres, de Les
nuages tombent, un morceau qui emprunte différentes directions musicales, entre cacophonie et douceur, pour se conclure par le retentissant cri du coeur « Je ne
sais plus vivre ». Marie-Pierre Arthur n’a décidément pas eu peur de gratter le bobo.
Pourtant, elle fait sien le commentaire de Gaële, qui estime que c’est son album le plus lumineux.
« C’est vrai qu’il y a souvent de l’espoir, analyse-t-elle. Dans la même toune, je peux aller virer assez loin, mais il y a quand même une petite phrase qui vient dire que ça va bien aller, que je suis là pour toi, que je vais revenir anyway. »
Des feux pour voir est sur le marché à compter du 24 janvier 2020.
En concert : Le 14 mars à l’Impérial Bell, à Québec, le 18 juin au Club Soda, dans le cadre des Francos de Montréal. Pour toutes les autres dates mariepierrearthur.com