Le Journal de Quebec - Weekend

AU COEUR D’UN 15e SIÈCLE DIFFICILE

- MARIE-FRANCE BORNAIS Le Journal de Québec

Inséparabl­es les unes des autres, trois femmes, Isabeau de Bavière, Yolande d’Aragon et Jeanne d’Arc, montrent à quel point le pouvoir des femmes a contribué à l’histoire de la France et de l’Angleterre. La talentueus­e écrivaine française Catherine Hermary-Vieille en fait un portrait remarquabl­e dans son nouveau roman se déroulant pendant la guerre de Cent Ans, Louves de France.

Au cours du 15e siècle – une période historique particuliè­rement violente en Europe –, trois femmes se sont démarquées par leur talent en politique, en diplomatie et même sur les champs de bataille.

Isabeau de Bavière, mère de Charles VII, va offrir le trône de France au roi d’Angleterre, Henri IV. Yolande d’Aragon, belle-mère de Charles VII, va le faire couronner. Et pour cela, elle va se servir d’une jeune meneuse d’hommes, Jeanne d’Arc. Cette jeune femme pieuse n’hésite pas à prendre les armes pour sauver son roi.

Catherine Hermary-Vieille, toujours extraordin­aire pour décrire des périodes cruciales de l’histoire de France, a beaucoup aimé intégrer ces femmes fortes à la trame de son roman. « C’est une période très mal connue. Les gens ont l’impression d’une confusion totale, ce qui est un peu vrai. Grosso modo, il y a les Armagnacs – le parti légitime du roi – contre les Bourguigno­ns, le parti du duc de Bourgogne, et l’invasion anglaise. C’est ça, la guerre de Cent Ans », explique-t-elle.

« Dans cette guerre qui est presque à sa fin – Jeanne d’Arc va mourir 35 ans avant la fin de la guerre de Cent Ans –, j’ai été frappée de voir que, dans cette période cruciale de l’histoire de la France et de l’Angleterre, c’étaient trois femmes qui tenaient les rênes du pouvoir. » JEANNE D’ARC

Jeanne d’Arc l’a particuliè­rement intéressée. « On en avait fait une image de conte de fées, comme d’une fille portée par les anges aux pieds du roi. C’est pas vraiment le cas. C’était simplement une fille très courageuse, très batailleus­e, très décidée et très mystique aussi. Elle avait une foi en béton. Elle croyait avoir une mission et l’a menée, pas tout à fait à bien, puisqu’elle n’en a rempli que la moitié. Elle n’a pas pris Paris ni délivré le duc d’Orléans, ce que les voix lui avaient promis. Mais elle a quand même fait couronner le roi à Reims, et puis Orléans. »

L’écrivaine s’est attardée sur le destin « très contradict­oire » de cett e figure légendaire. « D’un côté, elle mène une armée, elle va mener les soldats à la victoire. Elle va galvaniser ses troupes de mercenaire­s et, tout d’un coup, elle va être faite prisonnièr­e. Elle e n’est plus rien. Elle devient la a pauvre fille d’un laboureur, livrée à l’Inquisitio­n. » SANS PITIÉ

Elle trouve la cruauté de cette époque épouvantab­le. « Qu’on puisse brûler vif un être vivant, c’est absolument abominable. Et c’est pas si lointain que ça! Même la bonne Yolande d’Aragon, qui est une femme juste, diplomate, qui sait comment gouverner, n’hésite pas à se débarrasse­r des conseiller­s de Charles VII qui ne lui plaisent pas. »

L’écrivaine française Catherine Hermary-Vieille a publié de nombreuses biographie­s et des romans, plusieurs fois récompensé­s.

Elle a reçu le prix Fémina en 1981 pour Le Grand Vizir de la nuit.

Elle habite près de Charlottes­ville, en Virginie.

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LOUVES DE FRANCE Catherine Hermary-Vieille Éditions Albin Michel environ 272 pages
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