Le Journal de Quebec - Weekend
DOCUMENTAIRE INCONTOURNABLE
On s’étonne de ne pas connaître certaines personnes. Lea Tsemel est de celles-là. Réalisé par Rachel Leah Jones et Philippe Bellaiche, le documentaire la concernant suit une avocate exceptionnelle, bien connue en Israël, qui s’est fait une spécialité de défendre ce que d’aucuns qualifient d’indéfendable.
Car, depuis la guerre des Six Jours, Lea Tsemel est « radicale ». Cette juive israélienne rêve d’un pays de paix, de deux populations vivant en harmonie.
« Je suis une occupante israélienne », constate, réaliste, Lea Tsemel, qui se qualifie elle-même, non sans un humour grinçant, d’« avocate perdante ».
Perdante mais optimiste. Au début de ce documentaire, on la voit expliquer que la peine de 28 ans donnée à son client aurait pu être bien pire.
Pas qu’optimiste, elle est aussi idéaliste, de cet idéalisme qui la pousse à réformer un système qu’elle trouve aberrant.
C’est ainsi qu’elle est parvenue à faire interdire officiellement la torture lors des interrogatoires menés par les services secrets israéliens, ou qu’elle considère comme une victoire le fait de parvenir à une réduction d’un an pour une peine de cinq ans.
SUSPENSE
Intercalant à ce portrait humain et énergique des archives tant photographiques que vidéo, Lea Tsemel, avocate suit le parcours de cette femme engagée.
Conférant à leur documentaire un aspect journalistique, Rachel Leah Jones et Philippe Bellaiche filment aussi les moments principaux de procès de deux clients de l’avocate, le plus poignant étant celui d’Ahmad, un adolescent palestinien de 13 ans accusé de terrorisme bien qu’il n’ait participé à aucune attaque.
Plutôt que de flouter les visages des mineurs — la loi israélienne oblige à l’anonymat des prévenus qui ont moins de 18 ans —, les réalisateurs ont choisi une technique plus efficace, celle de faire convertir leurs images en une animation semblable à du dessin. Ils conservent ainsi tous les sentiments qui animent les visages des protagonistes et rendent leur oeuvre d’autant plus forte. Lea Tsemel, avocate Un film de Rachel Leah Jones et Philippe Bellaiche