Le Journal de Quebec - Weekend

LES LIVRES POUR SORTIR DE LA MOROSITÉ ORDINAIRE

En tournée à travers la province pour présenter le spectacle L’Origine de mes espèces, l’auteur-compositeu­r-interprète Michel Rivard a aussi tourné quantité de pages dans sa vie. Découvrez ses livres préférés.

- KARINE VILDER Collaborat­ion spéciale

Qu’est-ce que vous trouvez le plus merveilleu­x, avec les livres?

Depuis le plus tendre de mon enfance, les livres ont été mes amis, mes confidents, mes portes d’entrée dans le monde, mes portes de sortie de la morosité ordinaire. J’aime à la fois les livres comme objets, comme présences physiques, et à la fois comme promesses de choses à apprendre, à rêver, à comprendre. J’aime leur odeur, leur poids, leur présence silencieus­e et rassurante dans les bibliothèq­ues qui m’entourent et dans mon sac à dos.

Vous est-il déjà arrivé d’être tellement captivé par un roman que vous avez préféré mettre en veilleuse boulot et obligation­s pour pouvoir poursuivre votre lecture?

Je fonctionne plutôt avec un système de « récompense » : je fais mon travail, je vaque à mes occupation­s, familiales ou autres, du mieux que je peux... et je me fais cadeau de quelques heures de lecture bien méritées. Ça m’est arrivé récemment avec Blonde de Joyce Carol Oates, une biographie « fictive » de Marilyn Monroe que j’ai dévorée...

Les livres vous ont-ils régulièrem­ent inspiré des paroles de chansons?

Tout ce que je lis se loge quelque part dans mon subconscie­nt et finit forcément par influencer mon écriture de chansons. Mais il m’est arrivé de transposer d’une manière directe: Motel Mon Repos, une de mes toutes premières chansons, relate un épisode très précis du roman Salut Galarneau!, de Jacques Godbout.

Le retour de Don Quichotte fait bien sûr référence au personnage légendaire de Cervantes... mais je ne l’ai pas encore lu! Je me le réserve pour mes « vieux jours » (l’année prochaine, peut-être...).

Vous pouvez nous parler des romans que vous avez particuliè­rement aimés au cours des dernières années?

Le meurtre du commandeur, d’Haruki Murakami. Comme souvent chez Murakami, la ligne est mince entre le réel et le fantastiqu­e. Cet écrivain atypique m’entraîne chaque fois dans une aventure étrange au parfum tenace.

Mémoire du feu, d’Eduardo Galeano. Une histoire de l’Amérique du Sud, des légendes de la création jusqu’aux années 1980, racontée dans une langue aussi précise que poétique en centaines de fragments. Une lecture enrichissa­nte et enivrante.

Miss Islande, d’Auður Ava Ólafsdótti­r. Depuis le coup de foudre que fut Rosa

Candida, je dévore tout ce que cette grande auteure islandaise nous offre: cette fois, le combat d’une jeune femme pour accomplir son destin d’écrivaine dans le Reykjavik des années 1960. Féministe et fier de l’être, ce roman ne peut nous laisser indifféren­ts.

Les villes de papier, de Dominique Fortier. Avec toute la douceur et la délicatess­e qu’on lui connaît, Dominique Fortier fait se croiser son parcours personnel et celui de la grande poétesse recluse Emily Dickinson. Une grande réussite, un petit chef-d’oeuvre discret.

Toute la lumière que nous ne pouvons

voir, d’Anthony Doerr. Un extraordin­aire roman historique: les destins croisés de deux enfants, une jeune Française aveugle et un jeune Allemand passionné de radiophoni­e, sur fond de Seconde Guerre mondiale. Une touche de réalisme magique.

Et quel a été votre plus récent coup de coeur?

Le coffret Fleuve qui renferme Le fleuve, Le ciel, L’enfer et La terre, les quatre courts romans autobiogra­phiques de Sylvie Drapeau. La grande comédienne cachait une grande auteure...

Qu’est-ce que vous comptez absolument lire sous peu?

Toutes les nouvelles de Joyce Carol

Oates, que je viens de découvrir il y a quelques mois et dont l’écriture me renverse. Elle sait tellement décrire l’âme nord-américaine.

Dans votre bibliothèq­ue, quel est le livre auquel vous tenez le plus?

L’opéra de la lune, un conte poétique de Jacques Prévert. Ce petit livre m’a été donné en cadeau vers l’âge de trois ans. On me l’a lu et relu, je l’ai lu et relu des centaines de fois. Ma mère l’avait gardé et me l’a remis quelques mois avant sa mort. Un précieux objet et un texte intemporel.

Et quel est le dernier que vous y avez glissé?

L’apparition du chevreuil, d’Élise Turcotte. Un drame familial dramatique­ment déconstrui­t par la plume habile de cette auteure que je découvre enfin. Nous tenons à remercier de sa précieuse collaborat­ion toute l’équipe de la librairie Le Port de tête, où la photo de Michel Rivard a été prise.

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