Le Journal de Quebec - Weekend
DES VOYAGES PLEIN LA TÊTE
Après une tournée éreintante en 2018, Matt Holubowski avait les batteries à plat et commençait à perdre le fil de qui il était. Afin de se reconnecter avec lui-même, l’auteur-compositeur de 31 ans s’est laissé inspirer par différents voyages à Paris, Cracovie et Banff. Le voilà de retour avec Weird Ones, un album qui fait l’éloge de la différence.
Matt Holubowski a fait presque 200 concerts dans le cadre de la tournée de son album Solitudes, sorti en 2016. Ce rythme effréné l’a complètement vidé. « Comme c’était ma première tournée, je réussissais de peine et de misère à gérer mon énergie, dit-il. J’étais du genre à dire oui à tout, mais mon corps disait souvent non. »
À l’automne 2018, profitant de deux mois de congé, il a décidé d’aller s’installer à Cracovie, en Pologne. « J’y étais déjà allé en 2015 et pour la première fois de ma vie, j’avais eu le sentiment d’être chez moi. Je ne parle pas la langue, mais mes ancêtres viennent de là. C’était vraiment bizarre. »
Durant ce voyage, il a écrit quelques chansons, mais il a surtout passé ses journées à faire du yoga et à marcher 25 km quotidiennement. « Je connais cette ville par coeur ! Je suis allé faire le tour des cafés, des musées, des châteaux. »
BANFF ET PARIS
En février 2019, grâce à une bourse du Conseil des arts et des lettres du Québec, Matt Holubowski est allé passer deux mois à Banff, en Alberta. Il en a profité pour faire de l’exploration sonore. « J’étais dans une cabane dans les bois, tout seul. J’aurais pu être plus prolifique, mais j’avais encore besoin de repos. »
C’est à son retour qu’il a amorcé le travail sur Weird Ones, un album qui comprend aussi des pièces enregistrées à Paris, au printemps 2018. « Pendant une tournée en France, on est allé cinq jours au légendaire studio La Frette, où ont déjà joué Patrick Watson, Nick Cave et The Arctic Monkeys. »
INDIVIDU OU PRODUIT
Il y a quelques mois, Matt Holubowski a loué à Montréal un nouveau local de répétition, partagé avec Antoine Corriveau. C’est dans cet espace rempli d’instruments qu’on a rencontré le musicien.
Que signifie le titre Weird Ones? « C’est la conclusion, répond-il. Pendant la fin de tournée où j’étais un peu fatigué, je commençais à perdre le fil de qui j’étais. J’avais de la difficulté à faire la distinction entre Matt Holubowski l’individu et le produit. Je sentais que le produit prenait le dessus sur la personne. J’avais plein d’idées par rapport à qui je voulais être. On dirait ces temps-ci que plus tu es fucké, plus tu es cool. On dirait que j’avais envie de participer à ça. Mais ça ne marchait pas, car ça paraissait que ce n’était pas authentique. »
Jusqu’à quel point ses expériences de voyage ont teinté l’album? « Ça l’a été énormément, répond-il. Parce que j’ai choisi ces endroits-là pour des raisons personnelles et non professionnelles. C’est ce dont j’avais besoin pour reconnecter avec l’individu. Et c’est l’individu qui écrit les chansons, pas le produit. »
EN PLEINE FORME
À l’aube d’une nouvelle tournée, Matt Holubowski affirme être en pleine forme. « Je dirais même que j’ai plus d’énergie là que j’en avais au début de la tournée de Solitudes. J’ai vraiment pris l’année pour me ressourcer, pour reconnecter avec ma vie. J’ai fait le tri. Je réussis maintenant à vivre dans un monde autant idéaliste que réaliste. »
A-t-il dit à son équipe qu’il ne voulait pas faire 200 spectacles pour cette tournée ? « Non, parce que je peux le faire. Il faut juste que je fasse attention à mieux gérer mon énergie. Ce n’était pas une question qu’il y avait trop de
shows, c’était que je ne les avais pas bien gérés. Cette fois-ci, I’m ready! » Le nouvel album de Matt Holubowski, Weird Ones, est présentement sur le marché. L’auteur-compositeur sera en spectacle le 4 mars au MTelus de Montréal et le 5 mars au Grand Théâtre de Québec. Pour toutes les dates: mattholubowski.com