Le Journal de Quebec - Weekend
INTRIGANT JUSQU’AU BOUT !
Deux morts en deux jours : un meurtre puis le suicide de deux grands amis. Des hommes sans ennemis, qui étaient le symbole même de la réussite. Or sous ces drames se cachent quelques mensonges…
On se fait prendre dès le début: une envie immédiate de tourner la page pour savoir sans plus attendre comment évoluera l’intrigue. Et ça durera jusqu’à la toute fin, sans que la conclusion déçoive.
Pour un roman policier, c’est le signe indubitable d’une réussite!
Inacceptable est le quatrième roman de Stéphanie Gauthier. Elle avait déjà montré la vivacité de son écriture dans ses précédents ouvrages, notamment le court récit Le Moule, paru en 2018.
Cette fois, elle fait la preuve de son talent à tisser serré une intrigue. Même quand on cherche la faille en revenant des pages en arrière, pas un fil ne dépasse.
D’entrée de jeu, le cadre est mis en place. Nous sommes au salon funéraire, où est exposé Philippe Langevin, journaliste vedette. Cet homme apprécié, heureux en ménage, papa de jumelles, s’est pourtant donné la mort. Il a été retrouvé pendu dans son bureau.
Son décès, qui a surpris tout son entourage, est survenu moins de 48 heures après le mystérieux assassinat du psychiatre Joseph Secco, son meilleur ami. Y a-t-il un lien entre ces deux morts ? A priori non, soutiennent les proches.
Mais du côté policier, Pierre Blackburn découvre rapidement que les deux hommes ont donné des versions contradictoires d’une soirée qu’ils devaient passer ensemble deux jours avant le meurtre de Secco.
Laure, la veuve de Philippe, qui est au coeur du récit, en sera fort ébranlée. Son mari, symbole même de la droiture, lui aurait-il menti ? À moins que ce soit plutôt Joseph, qu’elle connaît pourtant très bien. Mais alors, pourquoi?
Laure va donc fouiller les documents de son mari et questionner ses collègues. Elle fera des découvertes surprenantes, qui ne feront qu’accroître le mystère.
Les informations recueillies par l’enquêteur Blackburn relancent par ailleurs les pistes dans d’autres directions, tout comme ce qu’apprend Amandine, assistante de Philippe. Et nous, on se laisse mener par le bout du nez, sans voir venir les révélations qui vont tout expliquer, notamment le titre du roman.
EFFICACE ET PLAUSIBLE
Inacceptable n’est pas un roman d’atmosphère à l’écriture travaillée ou qui cherche à tracer un portrait de société. Sa force, c’est tout simplement de déployer un scénario efficace et plausible.
Ainsi, le suicide de Philippe Langevin n’est pas sans rappeler celui, réel, du journaliste Gaétan Girouard il y a plus de vingt ans. De même, on sent parfaitement Montréal dans le canevas du récit. Et l’incessant chassé-croisé des personnages, parfois surprenant, finit toujours par être justifié.
Surtout, l’explication finale donnée au drame est aussi troublante que juste; elle suscitera même tout un questionnement chez les lecteurs.
Enfin, la dernière scène appelle quasiment une suite tant un autre drame, à saveur plus psychologique cette fois, est à se mettre en place. On en redemande!