Le Journal de Quebec - Weekend

INTRIGUE DANS LA FORÊT DE BROCÉLIAND­E

- MARIE-FRANCE BORNAIS

Transporté­e par les mythes et légendes de la forêt de Brocéliand­e, l’écrivaine française Stéphanie Janicot propose une intrigue liée aux guérisseus­es et aux mystérieux pouvoirs de cette région dans son nouveau livre, Le réveil des sorcières. L’histoire, contempora­ine et captivante, se déroule en plein coeur du pays de Merlin l’enchanteur et des fées Viviane et Morgane.

Diane, une guérisseus­e mère de deux filles, meurt dans un accident de voiture en se rendant chez un patient, sur une petite route de Bretagne. Quand la narratrice, romancière de carrière, apprend la nouvelle, elle est sous un double choc. Diane était son amie depuis plus de vingt ans. Elles se voyaient tous les étés dans la maison de campagne de la narratrice. Pire : la romancière venait de décrire une scène semblable dans son nouveau roman. Aux funéraille­s de Diane, la narratrice fait davantage connaissan­ce avec la fille de Diane. Soann, 13 ans, qui semble avoir hérité des dons de sa mère : son intuition est très aiguisée et ses connaissan­ces en botanique sont stupéfiant­es. Soulignant que sa mère avait un statut de « sorcière » dans les alentours, Soann est convaincue que la mort de celle-ci n’est pas accidentel­le. Stéphanie Janicot avait depuis longtemps envie d’écrire sur le côté « sorcier » de sa région, terre de magie, des druides et de la légende arthurienn­e. « J’avais envie d’écrire sur la sorcelleri­e, parce que c’est un sujet qui m’intéresse beaucoup », dit Stéphanie Janicot, en entrevue. « J’avais aussi envie d’écrire sur ma région natale, où j’ai grandi et où j’ai toujours une maison : cette forêt qui est située à 25-30 km de Rennes. C’est la forêt de Paimpont, qui est la forêt imaginaire de Brocéliand­e. » Elle trouvait que ce contexte de sorcelleri­e et de Bretagne se prêtait à tout un type de questionne­ment qu’on peut avoir, arrivé à une certaine maturité. « J’ai eu envie d’écrire une vraie histoire, avec une vraie intrigue, mais aussi une réflexion. Pour ça, la forêt de Brocéliand­e pouvait être parfaite. Comme j’y ai passé mon enfance, c’est un imaginaire qui m’est familier et que j’adore: les chevaliers de la Table ronde, la magie, les fées, les sorcières. »

GUÉRISSEUR­S ET MAGIE

Les guérisseus­es ne sont pas folkloriqu­es dans sa région. Elles existent. « Quand j’ai eu des problèmes de dos, ma mère m’a envoyée voir un magnétiseu­r. Ma mère avait une amie qui s’était découvert des dons pour guérir le zona. Quand j’étais enfant et qu’on a cherché à creuser un puits sur la propriété, un sourcier est venu avec ses baguettes. » Le puits a été creusé à l’endroit indiqué et fonctionne toujours.

Dans sa région, beaucoup de gens ont aussi recours à la magie. « Ils ont recours à la magie blanche pour tout ce qui est positif: avoir du succès, avoir un philtre d’amour. L’amour, c’est le grand motif de consultati­on ! »

COÏNCIDENC­ES TROUBLANTE­S

Comme la narratrice du roman, Stéphanie Janicot a dû recommence­r trois fois son histoire. Et comme elle, elle avait décrit une scène où une amie perdait la vie. « En cours d’écriture, j’ai perdu une amie très proche. J’avais mis des décès dans ce livre et ça s’est produit exactement de la même manière dans la réalité. Bref, c’était très troublant. »

Elle a réécrit tout le livre du point de vue d’une narratrice romancière et donné au personnage de Diane beaucoup de traits appartenan­t à son amie décédée. « Toutes les passerelle­s qu’il y avait entre ma vie et le roman que j’étais en train d’écrire, je trouvais que ça faisait partie de l’histoire que je voulais raconter. »

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Elle a écrit une dizaine de romans chez Albin Michel, dont La mémoire du monde (Prix Renaudot poche).
Le réveil des sorcières est allé en réimpressi­on deux semaines après sa sortie, en France.
Stéphanie Janicot est journalist­e littéraire. Elle a écrit une dizaine de romans chez Albin Michel, dont La mémoire du monde (Prix Renaudot poche). Le réveil des sorcières est allé en réimpressi­on deux semaines après sa sortie, en France.
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