Le Journal de Quebec - Weekend
JANETTE BERTRAND NE CESSE JAMAIS D’ÉCRIRE
Janette Bertrand profite du confinement pour s’adonner à sa grande passion : l’écriture. D’abord en accompagnant les personnes qui, comme elle il y a quelques années, souhaitent écrire leur biographie. Puis, en travaillant sur ce qui s’avérera peut-être son dernier roman.
La dame de 95 ans fraîchement sonnés – elle les célébrait le 25 mars dernier – l’a abondamment répété il y a un mois, lorsqu’on l’a invitée à se prononcer sur les mesures de confinement décrétées par le gouvernement de François Legault : même seule à la maison, en tête-à-tête avec son conjoint Donald, elle ne s’ennuie jamais.
« Non, parce que, moi, j’écris, réitère-t-elle, en entrevue avec l’Agence QMI. J’écris des livres et des romans. Je disais tout à l’heure à mon amoureux que, même à la campagne, je ne sors pas dehors. Je reste sur la galerie, sur la véranda vitrée. J’écris deux heures le matin et deux heures l’après-midi. Je ne sors donc pas tellement ! »
Le fruit de ses actuels moments de solitude sera sur les tablettes des libraires en octobre, publié aux Éditions Libre Expression. « Ce sera peut-être mon dernier roman », prévient candidement Janette.
« C’est un roman qui est très, très avant-gardiste, laisse planer l’écrivaine. J’ai frappé dur ; ça parlera des hommes après [le mouvement, NDRL] #MeToo… »
Car la vague #MeToo, estime-t-elle, a engendré « un questionnement » chez les hommes. L’ouvrage porte pour l’instant le percutant titre de travail Un viol ordinaire. « ÉCRIRE SA VIE »
Bien sûr, en ce temps de pandémie, la famille de Janette Bertrand lui manque. Elle n’a toujours pas pu serrer dans ses bras sa sixième arrière-petite-fille, Charlie, la fillette de son petit-fils Félix, née en mars.
« Je l’ai vue en FaceTime, mais ce n’est pas la même chose que de toucher, précise la fière arrière-grand-maman. Moi, je suis une “toucheuse”, une embrasseuse… » En attendant de pouvoir câliner les siens, Janette Bertrand donne d’une autre façon. En collaboration avec le programme AvantÂge de l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal du CIUSSS du Centre-Sud-del’Île-de-Montréal, elle offre un atelier – totalement gratuit, insiste-t-elle – sur l’écriture autobiographique.
Dans des capsules vidéo, dont trois ont été mises en ligne jusqu’ici – il y en aura huit au total, toutes déposées d’ici la fin mai – l’âme de L’Amour avec un
grand A prodigue conseils et astuces pour rédiger l’histoire de sa vie. Ainsi guidées par celle qui a jadis « déniaisé le Québec », des personnes de tous les âges peuvent ainsi coucher leurs mémoires sur papier, « en deux pages ou en vingt pages », comme s’amuse à l’illustrer Janette, pour éviter que qui que ce soit ne sente une quelconque pression.
« Moi, je dis aux gens d’écrire pour eux, explique Janette Bertrand. Après, s’ils trouvent ça assez bon, ils pourront le laisser à leurs enfants, laisser une trace. Écrire ses mémoires, ça peut prendre deux ans. Je ne veux pas qu’ils me disent qu’ils ne sont pas capables ; on est tous capables ! » UN VOYAGE
« Chacun a sa propre plume ; c’est un voyage, une visite à travers sa vie, et peut-être qu’on va trouver des choses, complète-t-elle. Je ne veux pas qu’on parle des événements, mais de ce qu’on a ressenti pendant ces moments-là… »
Depuis le lancement du projet « Écrire sa vie ! », l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal a comptabilisé 80 000 visionnements des vignettes vidéo de Janette Bertrand.