Le Journal de Quebec - Weekend

UNE TECHNOLOGI­E QUI DONNE ESPOIR

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Si ce n’était l’union des forces de deux compagnies québécoise­s à l’avant-garde des dernières technologi­es dans le milieu de la télé, l’émission Ça va bien aller n’aurait jamais pu voir le jour. La production s’appuie sur une technologi­e de caméras et transmette­urs qui était, jusqu’ici, peu utilisée au Québec. Et elle semble être une solution reluisante pour la reprise des tournages en contexte de pandémie.

SANDRA GODIN

Le Journal de Québec

Cette technologi­e, c’est LiveU, un système de caméras sans fil qui utilise internet ou les réseaux cellulaire­s pour effectuer une transmissi­on d’images de grande qualité, presque sans délai, selon les règles dictées par le CRTC.

Cette toute dernière technologi­e de caméra est disposée dans un boîtier, avec un transmette­ur, un micro et des oreillette­s, qui, après avoir été décontamin­é, est livré chez les artistes invités chaque jour. La simplicité d’utilisatio­n leur permet de faire fonctionne­r le tout euxmêmes, avec de l’aide à distance. C’est aussi ce qu’utilisent les animateurs Marie-Soleil Dion et Fabien Cloutier.

Ça peut sembler bien simple de prime abord, mais il a fallu une dizaine de jours pour tout faire fonctionne­r correcteme­nt, le fruit d’une étroite collaborat­ion entre l’entreprise DXM Technologi­e, spécialisé­e en équipement audio et vidéo pour la télévision, et Rec4Box, une compagnie qui oeuvre dans la fabricatio­n d’unités de production mobiles.

Le dispositif de caméra sans fil à modems multiples est un produit que DXM Technologi­e est allé chercher aux ÉtatsUnis il y a cinq ans. « C’était pour faire des production­s à distance, comme des courses de vélo, où c’est difficile d’amener une régie pour faire des tournages », explique le président, Dominic Bourget, dont le nom de Coldplay figure dans la liste des collaborat­ions de l’entreprise.

La technologi­e LiveU a servi pour des projets de moindre envergure, comme des événements avec le Cirque du Soleil ou le tapis rouge du Gala Artis. « Ça fait quelques fois qu’on utilisait le système, mais pas à sa pleine capacité », ajoutet-il.

Mais depuis un mois, la technologi­e permet à TVA de livrer rien de moins qu’une émission quotidienn­e.

TOURNER DE MANIÈRE SÉCURITAIR­E

La mise au point de cette technologi­e s’est faite en dix jours seulement pour les besoins de l’émission, avec l’étroite collaborat­ion de Rec4Box, qui a installé une véritable régie dans un entrepôt de Saint-Jean-sur-Richelieu grâce à ses unités mobiles.

C’est tout un protocole sanitaire qui a été mis en place.

Les membres de la petite équipe qui travaille sur place arrivent le matin, passent par une pièce de décontamin­ation où ils se changent de vêtements, qu’ils déposent dans des bacs. Ils se rhabillent avec du linge qui a été décontamin­é. À la fin de la journée, ils repassent par la même pièce et se changent de nouveau avant de sortir. Les vêtements sont décontamin­és tous les soirs par une équipe d’experts.

Dans sa régie, le réalisateu­r Luc Sirois, qui a l’habitude des plateaux de variétés d’envergure ( La Fureur, La Voix, En direct de l’univers) parle aux animateurs et invités comme s’ils étaient en studio. Il joue avec le son et l’image à distance, aide les artistes à placer la caméra selon l’éclairage, brancher les micros.

« Cette technologi­e nous permet de faire une émission de télé avec des gens qui n’ont jamais pris de caméra dans leurs mains de leur vie », louange Jonathan Fortin, vice-président de Rec4Box.

À l’autre bout du fil, Dominic Bourget détaille les complexité­s techniques du projet. Si tout semble parfait à l’écran, c’est loin d’être simple, et dans le contexte actuel, il s’agit d’une petite révolution en soi, un espoir du moins.

UNE LUEUR D’ESPOIR

À ce sujet, Dominic Bourget confie recevoir plus d’une dizaine d’appels de producteur­s qui voient en cette technologi­e une solution en or pour la relance des tournages pour la télévision.

« On a énormément de demandes, dit-il. Ç’a changé du tout au tout. Avant, le gros de notre marché était en postproduc­tion. Là, on s’en va plus dans le sans-fil. Les producteur­s n’y croyaient pas, à notre façon de faire. On est très content du résultat. On a de très, très gros projets qui s’en viennent pour l’été. »

Est-ce que cette technologi­e pourrait être utilisée pour des projets de fiction? « C’est quelque chose à quoi on réfléchit présenteme­nt, soutient Dominic Bourget. C’est plus compliqué. Ce qui est problémati­que, c’est le jeu des acteurs à deux mètres. Il y a sûrement des méthodes pour le faire et on se penche là-dessus actuelleme­nt. Rien n’est écarté présenteme­nt. »

 ?? Ça va bien aller. ?? L’animatrice de Ça va bien aller
Marie-Soleil Dion interview à distance Guylaine Tremblay.
Le président de DXM Technologi­e, Dominic Bourget, qui explique la technologi­e des caméras LiveU utilisées pour filmer
Ça va bien aller. L’animatrice de Ça va bien aller Marie-Soleil Dion interview à distance Guylaine Tremblay. Le président de DXM Technologi­e, Dominic Bourget, qui explique la technologi­e des caméras LiveU utilisées pour filmer

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