Le Journal de Quebec - Weekend

LE CONTACT AVEC LES GENS ME MANQUE BEAUCOUP

- DANIEL DAIGNAULT

Marc Hervieux a la chance d’avoir trois grandes filles, et il ne se plaint pas que les circonstan­ces actuelles le forcent à passer autant de temps avec elles et sa conjointe, Caroline. Or, comme bien d’autres, il se questionne quant à la suite des choses. En attendant, l’artiste, qui ne s’attend pas à chanter beaucoup d’ici la fin de l’année, a fait place au chef en lui !

Marc, tu cuisines beaucoup depuis le début de la pandémie. Est-ce une nouvelle passion ?

Non, j’ai toujours cuisiné. Mais actuelleme­nt, je cuisine tous les jours parce que je suis à la maison et que ma blonde travaille. En janvier, j’avais révélé sur les réseaux sociaux que je ne prenais pas de résolution cette année, mais que j’aimerais apprendre à faire presque tout mon pain. J’en avais déjà fait avant, mais je ne m’attendais jamais à avoir l’occasion d’en faire autant et à améliorer ma technique. J’ai réussi à trouver différente­s sortes de farines québécoise­s, et je suis passé au levain. Ça me permet de faire des mélanges, comme des pains à trois ou quatre farines. Je m’amuse vraiment.

Votre famille s’est-elle bien adaptée à ce mode de vie plus sédentaire ?

Ça se passe très bien pour nous. On est choyés, parce que l’harmonie est complète à la maison. Nous avons la chance d’habiter à la campagne, alors nous pouvons sortir souvent, prendre de l’air frais et marcher dans les rues avoisinant­es, car nos voisins sont très éloignés. Ça fait du bien. En ville, c’est plus compliqué parce qu’on ne sait pas trop si on doit changer de trottoir ou non. Et nos trois filles s’entendent parfaiteme­nt. On rit, on a du fun, on fait de la bouffe et on soupe toujours ensemble. Mais ça ne nous empêche pas de penser à ceux pour qui cette situation est un véritable enfer.

Comment s’annonce la suite des choses dans ta vie profession­nelle ?

Quand je regarde mon calendrier, je me demande si c’est comme ça que ma carrière de chanteur va se terminer et si je devrai faire autre chose. Les nombreux spectacles que je devais présenter ont été reportés ou annulés. Pour l’instant, ils sont annulés à presque 100 % jusqu’en février 2021.

Ça doit t’ébranler…

Les mois à venir étaient très occupés pour moi, mais pour l’instant, il ne reste que le spectacle Décembre à mon horaire. Je ne sais toujours pas si les représenta­tions auront lieu. Je devais aussi participer à un opéra en janvier, mais il a déjà été reporté à l’année suivante. Je ne sais même pas si je vais être capable de le chanter en 2022 ( rires) ! C’est vraiment une situation particuliè­re. Comme tout est annulé jusqu’à la mi-septembre, je me demande aussi si les gens vont avoir envie de retourner dans les salles. On est dans le néant actuelleme­nt, alors je me considère comme très chanceux de pouvoir faire de la radio [il anime La Dolce Vita à Ici Musique Classique, NDLR].

La scène et le contact avec le public te manquent-ils ?

C’est sûr ! J’aime tellement ça ; j’aime les gens et j’aime jaser avec eux. La situation est un peu bizarre… J’ai présenté trois concerts sur le web qui ont marché très fort. J’ai aussi filmé des capsules, seul ou avec mes filles. J’ai même participé au clip de la pièce Vaisseau d’or pour le TNM, parce que nous n’avions pas tout à fait terminé les représenta­tions de Nelligan. Je m’occupe, mais le contact avec les gens me manque beaucoup. Après mes shows, je dis toujours aux spectateur­s de venir me rencontrer derrière la scène avant de sortir de la salle. Ils viennent me voir, on se serre la main, on jase, on prend des photos… Mais on ne pourra même plus être près les uns des autres ! Une photo à 2 m de distance, c’est étrange !

Tes priorités et tes valeurs ont-elles changé avec cette pandémie ?

Non, parce qu’on formait déjà un clan tissé serré. Nos valeurs familiales ont toujours été la simplicité, le respect et le plaisir. C’est surtout le contact avec mes proches qui me manque. Notre maison est habituelle­ment toujours pleine. On fait souvent des partys à la maison ; parfois, on reçoit jusqu’à 60 personnes ! On est bien les cinq ensemble et on s’aime beaucoup, mais quand on repense à tous les soupers et partys qu’on a faits, c’est vraiment capotant. On se demande ce qui va arriver et quand on pourra en faire à nouveau.

Ta conjointe doitelle travailler à l’extérieur de la maison ?

Oui. Caroline travaille dans un centre de réhabilita­tion ; elle est orthophoni­ste et traite surtout des personnes âgées qui souffrent d’aphasie après avoir subi un

AVC. C’est sûr qu’elle n’est pas dans la même situation qu’une infirmière, un médecin ou un préposé aux bénéficiai­res, mais elle et son patient doivent porter un masque et une visière... Ce n’est pas simple, mais elle doit quand même faire ce qu’elle a à faire. Quand elle revient à la maison, elle change de vêtements dans le garage et elle va directemen­t dans la douche. On prend plusieurs précaution­s, parce qu’elle veut être certaine de ne pas être

un vecteur de contagion.

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PHOTO D’ARCHIVES, BEN PELOSSE

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