Le Journal de Quebec - Weekend
LA MUSIQUE avant tout
Lancer un album en pleine pandémie ? Le défi est risqué et l’exercice complexe, concède Guylaine Tanguay. N’empêche, il n’était pas question pour elle de reporter la sortie de sa nouvelle offre. « J’ai toujours fait ma musique pour faire du bien aux gens. Et ces temps-ci, on a encore plus besoin de choses qui nous font du bien », confie la chanteuse.
Non, les dernières semaines n’ont pas été faciles à traverser pour les Québécois. Ça, Guylaine Tanguay l’a bien évidemment remarqué, ayant elle-même passé deux semaines en quarantaine au début du printemps.
« C’est difficile pour tout le monde. On ne peut pas aller au restaurant, on ne peut pas faire ou voir de spectacles… Moi, j’ai une belle vie, je vais bien. Mais je pense à ceux qui n’ont pas, disons, la vie dont ils rêvent, qui ont des difficultés financières, des ennuis de santé ou des problèmes familiaux… Ça doit être très, très lourd », confie la chanteuse de 47 ans en vidéoconférence avec Le Journal.
Et même si la province amorce ces temps-ci le processus de déconfinement tant attendu, la chanteuse ne nourrit pas de faux espoirs; elle ne croit pas pouvoir reprendre la route de sitôt pour présenter son nouvel album, Country, à toute la province.
« L’industrie du spectacle a été parmi les premières à arrêter et j’ai l’impression qu’on va être dans les derniers à reprendre. Mais j’essaie de ne pas trop penser à ça », avancet-elle.
DES VIDÉOS VIRALES
Mais, malgré l’absence de concerts, Guylaine Tanguay n’a jamais eu l’intention d’accrocher son micro durant la pandémie. Suffisait de trouver un moyen de maintenir le contact avec ses fans...
C’est ainsi que, depuis mars, elle se tourne vers Facebook pour présenter des capsules musicales où elle interprète les demandes spéciales de ses abonnés. De Shallow à S’il suffisait d’aimer, en passant par Quand on est en amour et autres Embarque ma belle, Guylaine Tanguay se réapproprie tour à tour les succès de ses pairs, accompagnée de sa fille Mary-Pier Bazinet. Le succès a été immédiat et continu, les vidéos cumulant aujourd’hui près de trois millions de vues. « Je ne m’attendais pas du tout à ça ! Au début, je voulais faire ça pour moi, pour me faire du bien et me changer les idées pendant le confinement. Mais j’ai vu que ça faisait aussi du bien aux gens. On m’en parle chaque fois que je sors pour faire une marche ou aller à l’épicerie ou la pharmacie », explique-t-elle.
PLUS HUMAIN QUE BUSINESS
Cet engouement se traduira-t-il par d’aussi impressionnantes ventes pour Country, lancé officiellement jeudi ? Guylaine Tanguay ne se fait pas d’illusions.
« Il faut être réaliste : l’album va probablement se vendre un peu moins en raison des circonstances actuelles. C’est beaucoup plus compliqué de mettre des albums sur le marché pour que les gens puissent aller se les procurer. Et comme les gens ne travaillent pas en ce moment, ils ont moins d’argent », explique-t-elle.
« Mais ça, c’est le côté business. Moi, ce qui m’intéresse, c’est le côté humain, le fait de toucher les gens avec mes chansons. Et je sais que sur cet album-là, il y a des histoires qui peuvent aider certaines personnes, soit en laissant sortir des larmes qu’elles retiennent depuis longtemps, soit en les faisant sourire ou danser », ajoute-t-elle.
MÉNOPAUSE ET SANTÉ MENTALE
Ces « histoires », elles sont plus personnelles et plus révélatrices que celles auxquelles Guylaine Tanguay nous a habitués en trois décennies de carrière.
Prenant elle-même la plume, elle signe cette fois-ci des textes inspirés de ses premiers symptômes de la ménopause ( J’ai chaud) et du décès de sa belle-mère ( L’incontournable).
Mais le texte le plus personnel est sans contredit celui d’I’m Your
Mother (écrit par sa fille cadette, Mary-Pier) qui traite du trouble de bipolarité de son aînée, Marilyn. C’est la première fois que Guylaine Tanguay aborde, aussi bien sur disque qu’en entrevue, cet aspect de sa vie privée.
Pourquoi le faire aujourd’hui? Parce qu’il est temps. Tout simplement.
« Si on m’avait demandé d’en parler il y a deux ans, j’aurais refusé. Je n’étais pas là, j’aurais eu l’impression de vouloir me plaindre ; je sais très bien que je ne suis pas la seule à avoir des problèmes », déclare-t-elle.
« Mais maintenant, je sais que les gens comprennent que si j’en parle, c’est simplement pour être honnête avec eux. C’est ma manière de leur dire qu’ils ne sont pas seuls. Ma vie n’est pas parfaite ; elle a ses difficultés et je n’ai pas honte d’en parler », conclut Guylaine Tanguay.
L’album Country est présentement en magasin, en ligne, et en bonus avec le magazine Échos Vedettes Country.
GUYLAINE TANGUAY COUNTRY