Le Journal de Quebec - Weekend
PLUS VINTAGE, MAIS AUSSI FESTIF
Pour réaliser son premier EP, qui l’a révélé au public et lui a permis de faire une longue tournée à guichets fermés, Matt Lang avait financièrement tout misé. Un an et demi plus tard, l’investissement a vraisemblablement porté ses fruits. Un succès bien mérité, gagné à l’arraché, qui lui permet de lancer le 5 juin prochain, un second album encore plus étoffé que le premier, dont il est extrêmement fier.
« Le premier album, c’est tout moi qui a financé, avec mon père, ma mère, se rappelle-t-il au bout du fil. Si ça ne marchait pas, j’étais dans la “marde”! Du moment où j’ai mis de l’argent là-dedans, ç’a été un temps assez violent pour moi. Je mettais tout dans les shows pour qu’ils soient bons, avoir des musiciens et une équipe technique. Il y a des nuits où je ne dormais pas beaucoup, j’étais stressé financièrement. Ç’a été un gambling pour nous. »
S’il a tout misé, il a tout remporté. Les tournées à guichets fermés, l’album au sommet des palmarès anglophones au Canada, des spectacles à l’international et, surtout, la signature d’un contrat avec une maison de disques affiliée à Sony.
RETOUR AU VINTAGE
Un succès qui lui donne, inévitablement, les moyens de ses ambitions. Et ça s’entend sur le deuxième EP qui sera lancé la semaine prochaine, enregistré entièrement à Nashville grâce à quelques allers-retours effectués avant la pandémie.
Musicalement étoffé, avec de riches – et surtout très festifs – arrangements de banjo, violon et même une chorale gospel, More est un album où le country plus vintage reprend ses lettres de noblesse à travers des sonorités pop et rock. On y trouve une chorale gospel ( Only a Wo
man), une chanson qui se prête aux danses en ligne ( Getcha), des airs plus « honky tonk » ( In a Bar), et une autre qu’il décrit comme sa « chanson de stade » ( Woke Up Like This).
« Cet album-là est plus diversifié, et je suis vraiment content de ça, explique-t-il, confiné chez lui dans les Laurentides. Je voulais faire différent, ramener un son plus old school. »
INCONTOURNABLES CLICHÉS
Passons aux paroles des chansons, qu’il a écrites en compagnie, entre autres, de son réalisateur Danick Dupelle et de Tebey. Matt Lang assume pleinement qu’il est pratiquement impossible de contourner les clichés du new country comme la séduction, les bars, le whiskey. Ça reflète simplement le mode de vie du country, dit-il. « Tout ça, l’amour, les road
trips, la famille, l’alcool… Oui, ce sont des chansons pour lever notre verre. Ça fait du bien, prendre une bière avec quelqu’un. Le country est réputé pour ça. C’est la musique du peuple. Et le peuple en a besoin de sa petite bière en ce moment, dit-il en riant. Oui, t’écoutes le country, et il va y avoir les mots pick-up,
truck, whiskey. Mais on est capable de faire différent… mais cet album-là, c’est vrai qu’il en parle pas mal ! »
Matt Lang se définit profondément comme un gars de famille, de gang, près des gens, et surtout très humble. Pas étonnant que ce style qui prône l’authenticité lui colle autant à la peau. D’ailleurs, à plusieurs reprises durant l’entrevue, il donne souvent le crédit aux autres pour la réussite de son projet musical.
« Oui, la scène me manque, mais je pense que ce qui me manque le plus, c’est mon monde. Une des choses d’ailleurs que je suis le plus fier, c’est que mes musiciens québécois sont venus enregistrés avec moi, à Nashville. Sans ma gang du Québec, il n’y a rien qui marche. C’est le coeur du projet. »
LES ÉTATS-UNIS, PAS POUR MAINTENANT
Avant la pandémie, Matt Lang s’est produit à Berlin et devait retourner donner des spectacles en France cet été, en plus d’une imposante tournée des festivals québécois.
Avec deux albums anglophones enregistrés à Nashville et assez solides pour espérer faire sa place parmi les plus grands, Matt Lang affirme qu’il n’a toutefois pas l’intention, pour l’instant, de mettre les efforts sur le marché américain.
« C’est sûr qu’on a des plans pour les États-Unis. Mais depuis le début, je me dis que c’est la dernière place que je vais faire, les États-Unis. Je veux être vraiment “ferré” avant d’y aller, que mon anglais soit parfait. Je pense que quand on veut aller trop vite dans la vie, on se plante, et c’est ça que je ne veux pas. »