Le Journal de Quebec - Weekend

SE SAUVER AVEC LES DEARS

Sur leur nouvel album Lovers Rock, la formation montréalai­se The Dears a créé un endroit où l’on peut s’évader et quitter les humeurs du monde actuel. Un endroit qu’on peut aussi avoir envie de quitter. Un lieu qui n’existe peut-être même plus.

- YVES LECLERC Le Journal de Québec yves.leclerc @quebecorme­dia.com

Lovers Rock devient, avec la crise actuelle qui frappe la planète, un lieu métaphoriq­ue particuliè­rement attirant.

Cette collection de chansons est une sorte de réponse à l’album No Cities

Left, lancé en 2003. Un disque qui témoignait d’une époque incertaine avec les attentats terroriste­s du 11 septembre, la guerre et une crise économique imminente.

Dix-sept ans plus tard, les choses n’ont pas véritablem­ent changé. Le monde est toujours aussi fragile.

« On ne peut pas quitter la planète. Et c’est ce qui m’a amené à imaginer cet endroit qui s’appelle Lovers Rock et qui nous permettrai­t de vivre autrement », a lancé Murray Lightburn, lors d’un entretien téléphoniq­ue réalisé le 5 mai dernier.

La journée du chanteur, multi-instrument­iste et pierre angulaire des Dears, avait mal débuté. Il avait fait l’erreur d’aller faire un tour sur les réseaux sociaux en prenant son café.

« Je suis tombé sur la nouvelle de la naissance de l’enfant d’Elon Musk et de Grimes. J’ai vu toutes les réactions négatives émises et des gens qui ridiculise­nt un bébé. Je n’aime pas cette façon de communique­r. Je suis peut-être naïf, mais j’aimerais que les gens s’aiment un peu plus. De là l’idée de pouvoir s’échapper vers un endroit métaphoriq­ue comme Lovers Rock », a-t-il laissé tomber.

LE DÉFI

Les Dears souhaitaie­nt, avec ce huitième album studio, proposer une porte de sortie pour s’évader de la situation actuelle. Un monde idyllique qui n’existe peut-être plus.

« On avait quelques idées et quelques inspiratio­ns, mais la chose a grandi pour prendre sa propre forme. C’est un peu comme être un parent. Tu as un enfant, tu imagines son futur et ça devient complèteme­nt autre chose. Tu as beau vouloir changer l’état des choses, mais ça ne fonctionne­ra pas », a lancé en riant le père de deux enfants.

Le quintette est aujourd’hui constitué de Lightburn, sa conjointe Natalia

Yanchak, Jeff Luciani, Steve Raegele et Rémi-Jean LeBlanc a 25 ans. La formation tente d’explorer de nouvelles façons de créer.

« Lorsque l’on s’assoit pour faire un disque, il y a, dans le milieu de la pièce, un coffre d’outils qui est à notre dispositio­n. Le défi est de voir durant combien de temps on pourra l’ignorer. On l’utilise uniquement, lorsqu’on se met à faire du surplace. C’est notre façon de travailler », a-t-il expliqué.

AUTHENTICI­TÉ ET VÉRITÉ

Observateu­r, Murray Lightburn témoigne, en chansons, du monde dans lequel on vit.

« On essaie juste de faire quelque chose de vrai et d’authentiqu­e et de le rendre disponible pour que les gens puissent le découvrir. Nous sommes un stupide groupe rock philosophi­que qui essaie d’être intelligen­t », précise-til dans un éclat de rire.

L’auteur, compositeu­r et interprète écrit pour les gens. Il ne le fait pas avec l’objectif de devenir immensémen­t populaire, pour jouer dans les grands arénas et pour dominer les palmarès.

« On n’a jamais fait ça avec l’intention de devenir des rock stars. Ça n’a jamais été un objectif à atteindre. On essaie juste de faire quelque chose de vrai et d’authentiqu­e et de le rendre disponible pour que les gens puissent le découvrir. Ce que je vis n’est pas différent de ce que les gens vivent, mais j’ai l’opportunit­é et une voix pour exprimer ces choses et on le fait à notre façon. On a été aussi loin qu’on a pu avec cet album et je suis très content du résultat », a-t-il indiqué.

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