Le Journal de Quebec - Weekend
UNE RÉSIDENCE ARTISTIQUE AUX ACCENTS DE PARANOÏA
Auteure de 11 romans vendus à plus de 11 millions d’exemplaires à travers le monde, l’écrivaine franco-anglaise Tatiana de Rosnay propose ce printemps un roman enlevant, aux accents de paranoïa liée aux technologies, Les fleurs de l’ombre. Ironiquement, ce roman écrit bien avant la crise de la COVID-19 parle aussi de catastrophes… à Paris, dans un futur proche. À lire absolument.
À Paris, dans un futur pas si lointain, Clarissa, une écrivaine bilingue, quitte son mari après avoir découvert soudainement ce qui l’a profondément bouleversée. En quête d’un appartement, et vite, elle soumet sa candidature à une résidence artistique très convoitée, associée à un projet immobilier très spécial appelé CASA.
Immédiatement choisie – ce qui la surprend un peu –, Clarissa emménage dans son nouveau nid, un atelier super chic au 8e étage d’un immeuble moderne, dans un quartier rénové à la suite d’un attentat terroriste.
Elle n’a pas à attendre longtemps pour avoir le sentiment bizarre d’être constamment espionnée: l’assistant virtuel de l’appartement, appelé Mrs Dalloway en hommage à Virginia Woolf, semble s’immiscer dans son intimité. Les traumatismes de Clarissa refont surface et la paranoïa s’installe petit à petit. Avec l’aide de sa petite-fille adolescente, Clarissa commence à enquêter. Et ce qu’elle va découvrir n’est pas rassurant.
FUTUR PROCHE
Tatiana de Rosnay, interviewée en plein confinement, n’avait pas du tout prévu que ce roman percutant, aux accents de catastrophe, allait sortir en pleine pandémie. Elle l’a terminé en octobre.
« Je me suis projetée dans le futur proche – dans 15 ans –, mais jamais une seconde je n’aurais imaginé que ce que je décris correspond à quelque chose qu’on vit là. Je suis à la fois troublée et en même temps très intriguée de ce contexte qui est tellement particulier, en ce moment, et même difficile à décrire. »
L’écrivaine ajoute que dans son livre, il y a un moment où Paris se vide complètement à cause d’une canicule sans précédent. « Je décris une ville qui est complètement vidée… et la voilà, cette ville ! »
LA TOUR EIFFEL
Elle a imaginé des scènes terribles: un attentat terroriste, la tour Eiffel qui tombe… « J’ai imaginé cet attentat et je ne vous cache pas que je prie de toutes mes forces pour qu’il n’arrive jamais. »
Tatiana de Rosnay habite à 300 mètres de la tour Eiffel et la voit de son appartement. « Je ne supporterais pas qu’il arrive quelque chose à la tour Eiffel. Clarissa le décrit, 10 ans plus tard, à sa petite-fille. Mais c’était très troublant d’écrire ça. »
L’ÉCOLOGIE
Dans le monde qu’elle décrit, il n’y a plus d’arbres, plus d’oiseaux, plus d’insectes. Est-elle éco-anxieuse de nature ? « Quand on regarde la vitesse à laquelle les abeilles meurent, les oiseaux aussi… et la diversité qui commence à s’appauvrir à un rythme effréné, on ne peut pas s’empêcher de se poser des questions. »
Elle touche également un sujet d’actualité : l’omniprésence des technologies dans nos vies. Mais elle ne souhaite pas que ses lecteurs ne voient qu’un roman apocalyptique, car il y a autre chose. « Il est dur, c’est vrai, mais il aborde aussi des choses positives: un retour vers la nature, l’importance de la famille et du lien humain. »
« C’est ça aussi que j’avais envie de montrer : dans un monde de plus en plus robotisé et envahi par une intelligence artificielle qui est nécessaire et importante, il y a quand même une résistance, une porte de sortie, une lumière, de l’espoir. Et il me semble que l’espoir le plus important, c’est de se dire : quelle est la place que nous avons, en tant qu’êtres humains, dans ce monde qui fait peur? »
L’écrivaine Tatiana de Rosnay est franco-anglaise.
Elle a écrit 11 romans, vendus à 11 millions d’exemplaires dans le monde.
Plusieurs de ses romans ont été adaptés au cinéma avec des distributions prestigieuses, dont
Boomerang et Moka. Son dernier roman, Les fleurs de
l’ombre, a été écrit simultanément en français et en anglais.