Le Journal de Quebec - Weekend
SE SOUVENIR DES MOMENTS AGRÉABLES
Inspirée par les émotions qu’elle a vécues au décès de sa mère, Christine Arbour a mis des mots sur le deuil, de façon à ce que les enfants le comprennent mieux, dans un album doux et tendre, illustré par Johanna Lezziero : La boîte aux belles choses. L’ouvrage, publié chez Bouton d’or d’Acadie, montre à quel point les liens familiaux, la mémoire et la tendresse comptent, et peuvent offrir une lueur d’espoir aux petits qui ont perdu un être cher.
Alors que la flore et la faune se réveillent autour d’une petite fille, au printemps, une grand-maman s’éteint. Ce départ fait mal et la petite ne veut plus jouer. Le temps passe, les saisons aussi, et elle construit une boîte aux belles choses, qu’elle remplit de beaux moments et de souvenirs agréables, en souvenir de sa grand-mère.
Christine Arbour a pigé dans ses propres souvenirs pour écrire cette histoire très douce et lumineuse, superbement illustrée par Johanna Lezziano. « J’ai voulu parler de l’importance de célébrer le temps qui passe, les hauts et les bas de la vie. Pour les petits et les grands, le deuil se pointe toujours le bout du nez dans nos vies, que ce soit avec force, avec douceur, avec surprise, en prenant des détours, des fois. »
Pour un enfant, le deuil peut se présenter sous la forme de la perte d’un être cher, d’un animal de compagnie. « Les deuils sont nombreux et c’est complexe, discuter du deuil avec un enfant. Je crois qu’un enfant qui perd un être cher, c’est parfois difficile de lui expliquer concrètement ce que c’est, la mort. Le guider dans le parcours pour apprivoiser la perte, c’est pas facile non plus. »
IMAGES APAISANTES
Christine Arbour croit qu’il faut se mettre à leur place, imaginer ce qu’ils vivent, utiliser des mots simples. « Je crois qu’il faut utiliser des images lumineuses et apaisantes, mais concrètes, comme celles de Johanna, pour qu’ils ne deviennent pas angoissés avec les non-dits entourant le concept de la mort. »
Elle ajoute que le pouvoir de vivre avec le souvenir de l’être humain est commun à tous. « Ça, rien ni personne ne peut nous l’enlever. À mon sens, il faut miser sur les beaux souvenirs pour nous aider à avancer avec plus de légèreté dans la vie. »
L’écriture de La boîte aux belles choses s’est présentée à elle entre deux mots inachevés, au chevet de sa mère, dont elle a eu la chance, dit-elle, de tenir la main jusqu’à la fin. « J’ai voulu poser mon regard sur les petits-enfants qu’elle laisserait derrière elle, ceux qui l’ont brièvement connue et ceux qui la connaîtront à travers tous les souvenirs qu’on partage en famille. »
CONTEXTE ACTUEL
Il y a quelques jours, elle a appris qu’un de ses amis avait perdu sa mère, et que ses enfants n’avaient pas eu la chance de voir leur grand-maman, confinée en contexte de COVID-19, comme plusieurs. Un contexte qui bouscule notre quotidien, et notre résilience dans la solitude, ajoute-t-elle.
« Il m’est venu beaucoup d’émotions en pensant à toutes les grands-mamans, boules d’amour et de courage, et les grands-papas forts comme l’orage qui traversent actuellement des moments difficiles. Nommer des choses, ça fait du bien. »
Johanna Lezziera a glissé des arcs-en-ciel ici et là dans les illustrations… pure coïncidence, car le livre était déjà terminé et imprimé lorsque la pandémie a commencé. « Le livre était prêt, mais il était coincé entre l’imprimerie et le distributeur. Avec le mouvement #Çavabienaller, ça relance justement le message d’espoir, précise Christine Arbour. Les livres sont souvent utilisés en appui pour parler du deuil auprès des enfants. »