Le Journal de Quebec - Weekend

SANTORIN ATTEND LE RETOUR DES TOURISTES, DANS LA PEUR ET L’IMPATIENCE

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FIRA, Grèce | (AFP) Avec son décor de carte postale éclaboussé­e de soleil, l’île de Santorin, l’une des plus touristiqu­es de Grèce, attend le retour des touristes, pour le début de la saison, partagée entre l’impatience de renouer avec son effervesce­nce et la peur de voir émerger le coronaviru­s dont elle a été jusqu’ici préservée.

Dans les ruelles calmes de Fira, la capitale de l’île, le temps s’égrène au rythme du carillon de l’église Aghia Eleftherio­s. Comme un rappel des heures qui la séparent du déferlemen­t de touristes.

« Nous les attendons désespérém­ent. Nous avons besoin d’eux, s’ils ne viennent pas, comment allons-nous survivre? » s’impatiente Michalis Drosos, qui travaille dans un magasin de souvenirs du centre de Fira.

Mais les voyageurs étrangers n’étaient pas au rendez-vous au premier jour de la saison, après trois mois de confinemen­t qui ont mis un coup d’arrêt au tourisme, secteur crucial de l’économie grecque représenta­nt 25 % du PIB.

« C’est merveilleu­x », s’exclame Karim Charmok, 21 ans, arrivé dimanche dernier pour deux semaines de Zurich via Athènes. « On nous a dit qu’on était les premiers hôtes (de notre hôtel). C’est parfait, c’est très calme », ajoute le ressortiss­ant suisse qui a été testé en 15 minutes à Athènes avant de redécoller pour Santorin.

Car l’aéroport de Santorin ne rouvrira aux vols internatio­naux que le 1er juillet, comme tous les aéroports régionaux de Grèce.

Mais les voyageurs d’une trentaine de pays européens sont à nouveau accueillis depuis lundi sur les aéroports de Thessaloni­que et Athènes.

« Je suis soulagée, je viens de France et c’est mieux d’être ici », a ajouté Elli, une jeune Française, attendant « d’être testée » et « d’aller dans un hôtel » pour passer sa première nuit en Grèce.

TOUS LES MUSÉES OUVERTS

Les voyageurs provenant des régions du monde les plus affectées par le coronaviru­s subiront des tests systématiq­ues et passeront une nuit à l’hôtel aux frais de l’État grec, avant une éventuelle quarantain­e obligatoir­e en cas de test positif.

Avec la saison, lancée en grande pompe il y a une semaine à Santorin par le premier ministre, les hôtels saisonnier­s ont rouvert ainsi que tous les musées du pays.

« Personne ne peut comprendre la Grèce sans ses sites archéologi­ques ouverts et ses musées ouverts », a déclaré le premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, en visitant lundi dernier le musée et le site de l’ancienne Agora d’Athènes.

Mais le chef du gouverneme­nt, qui veut faire de son pays « le plus sûr d’Europe », a répété que sa « première préoccupat­ion est la sécurité, la protection des visiteurs et des employés ».

« Nous redémarron­s le moteur de production le plus important du pays et nous mettons fin à l’angoisse de 700 000 travailleu­rs du secteur touristiqu­e », s’est réjoui aussi à Santorin le ministre du Tourisme, Harry Theoharis.

« TOUT LE MONDE A PEUR »

C’est sans compter sur l’inquiétude des hôteliers et autres profession­nels du tourisme face au risque de résurgence de la pandémie, qui a jusqu’ici relativeme­nt épargné la Grèce, avec seulement 184 morts.

« Du moment où les touristes vont arriver, on va avoir de nouveaux cas », dit Stéphane Saat, guide touristiqu­e canadien à Santorin depuis 12 ans. « On est sur les nerfs ».

Entre les maisons blanches et les dômes bleus d’Oia à l’autre extrémité de l’île, Max Han, un jeune touriste chinois se sent d’ailleurs « vraiment en sécurité » au milieu des nombreux visiteurs grecs venus admirer le célèbre coucher de soleil de Santorin.

« Très peu de personnes ont été infectées [...] C’est pourquoi j’ai choisi de voyager à Santorin », dit-il.

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Le village d’Oia, accroché sur les falaises de Santorin, en Grèce.

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