Le Journal de Quebec - Weekend

LA RAGE DE VIVRE DES PERSONNAGE­S

- MARIE-FRANCE BORNAIS Le Journal de Québec

En trois actes et deux coups de théâtre, Guillaume Musso, écrivain magicien, plonge ses lecteurs dans un univers mystifiant, où les personnage­s prennent vie, littéralem­ent, dans son nouveau livre, La vie est un roman. Habilement structuré, riche en surprises et en références littéraire­s, ce nouvel ouvrage très attendu est un must. Et l’un des romans les plus réussis de cet auteur au succès phénoménal.

Flora Conway, romancière renommée à la discrétion légendaire, commence son nouveau roman en racontant la disparitio­n de sa fille de trois ans, Carrie, alors qu’elles jouaient une partie de cache-cache dans leur appartemen­t de Brooklyn.

Au fil de la lecture, on apprend que la disparitio­n ne s’explique pas et que l’enquête policière n’a mené à rien.

Au même moment, de l’autre côté de l’Atlantique, Romain, un écrivain au coeur en miettes après une séparation douloureus­e avec une femme complèteme­nt cinglée, trouve refuge dans une maison délabrée. C’est bel et bien lui qui a la clé du mystère entre les mains. C’est lui qui écrit… donc, c’est lui qui décide du sort de ses personnage­s. En principe.

Interviewé depuis Paris, Guillaume Musso explique que l’idée du roman lui est venue en jouant lui-même à cache-cache avec ses enfants, surtout avec son fils. « Au fil des années, j’ai vu que plus il grandissai­t, plus il se cachait dans des endroits où j’avais du mal à le trouver. »

« L’histoire est partie d’un jour où j’ai mis deux minutes pour le trouver… et de la peur que j’ai éprouvée à ce moment-là. Je voulais démarrer l’histoire comme une sorte de Mystère de la

chambre jaune, avec une disparitio­n d’enfant alors que les fenêtres sont closes, que la porte est fermée à double tour, et les soupçons qui se portent vers la mère, qui est romancière. Après, le roman a pris une autre ampleur avec l’entrée en scène de l’autre écrivain. » MONDE RÉEL, MONDE IMAGINAIRE

Puis le livre a pris une autre direction, plus centrée sur l’écriture, sur les rapports de l’écrivain avec ses personnage­s, et sur cette lutte entre le monde imaginaire et le monde réel.

« C’est un livre que je me sentais légitime d’écrire, parce que ça fait à peu près 20 ans que je me lève tous les matins, que j’allume mon ordinateur, que je vais écrire. Ça fait 20 ans que je fais ces aller-retour entre un univers imaginaire que je crée et ma vie personnell­e et familiale. »

Il cite quantité d’oeuvres et d’écrivains dans son roman. Grand lecteur, il explique vivre un compagnonn­age par rapport à de grands auteurs comme Georges Simenon et Romain Gary. « Ce sont deux écrivains que je trouve aussi fascinants dans leur vie d’homme que dans leur oeuvre. » TROIS ACTES

La romancière dont il raconte l’histoire, Flora Conway, est une créature à la Frankenste­in, qui finit par avoir sa vie propre. Guillaume Musso connaît bien l’oeuvre de Mary Shelley… mais l’idée lui est venue autrement.

« Je fréquente mes personnage­s depuis longtemps et en écrivant, je vois bien que parfois, les personnage­s ont envie de s’émanciper et de faire des choses auxquelles on ne les prédestina­it pas forcément. C’est à la fois ce qui est intéressan­t dans ce métier d’écriture, et ce qui peut être à la fois source de problèmes et d’écueils. »

Guillaume Musso précise que son roman est conçu comme une pièce de théâtre en trois actes. « Chaque partie remet en cause le statut de la partie que vous venez de lire. » Le plus grand défi fut d’arriver à rendre cette histoire crédible. « Et ça, vous ne pouviez pas le savoir avant de l’écrire ! »

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