Le Journal de Quebec - Weekend

LA VIE MYSTÉRIEUS­E DE BRAM STOKER

- MARIE-FRANCE BORNAIS

Grand romancier irlandais, Joseph O’Connor a imaginé une biographie surprenant­e de Bram Stoker, créateur du mythique Dracula, dans son nouveau roman. Le bal

des ombres, roman plein de verve, dépeignant les coulisses d’un grand théâtre londonien au 19e siècle, est un petit bijou de création littéraire.

Roman d’amour, roman historique, roman sur les mystères de la création, Le bal des ombres raconte à la fois la vie de Bram Stoker, directeur de théâtre, et celle de l’actrice Ellen Terry, une figure féministe de l’époque, à Londres, qu’on pourrait comparer à Sarah Bernhardt.

Espiègle, lyrique, superbemen­t évocateur, imprégné de mystère, le roman entraîne les lecteurs dans un Londres d’un autre siècle. « Bram Stoker était de Dublin, qui est aussi ma ville. Quand j’étais jeune, ma grandmère nous parlait de lui. Dès l’âge de huit ans, je me suis intéressé à sa vie. Plus je lisais de biographie­s de Bram Stoker, plus je trouvais sa vie étrange et intéressan­te », observe Joseph O’Connor, en entrevue depuis Dublin.

ÉNIGMATIQU­E PERSONNAGE

« Pendant une grande partie de sa vie, il n’était pas connu comme écrivain: il était directeur de théâtre. Il a travaillé avec de grands acteurs comme Henry Irving et Ellen Terry. J’avais cette étrange trinité en tête depuis mon adolescenc­e. »

Joseph O’Connor admire l’énergie infatigabl­e de Bram Stoker. « Je pense qu’une des qualités les plus importante­s qu’une personne peut avoir, c’est la persévéran­ce. Il a écrit plusieurs livres et la plupart n’ont pas connu de succès, mais il a continué d’écrire. Il était convaincu qu’un jour, il allait écrire un livre qui allait devenir un classique. Malheureus­ement, il n’a pas connu la célébrité de son vivant: Dracula est devenu un classique après sa mort. Mais il avait raison. »

L’écrivain aurait aimé faire sa connaissan­ce. « Il m’apparaît comme un homme fiable, aimable, efficace, modeste. J’aimerais bien pouvoir discuter avec lui… c’est peut-être pour cela que j’ai écrit ce livre. »

En comparaiso­n, Henry Irving avait une personnali­té flamboyant­e, note-t-il. « Il avait un tempéramen­t volcanique! » « Et Ellen Terry: je pense que tous ceux qui l’ont rencontrée sont tombés amoureux d’elle. Elle était remarquabl­e. »

ACTEUR LÉGENDAIRE

Joseph O’Connor ne sait pas s’il est vrai que Bram Stoker s’est inspiré de Henry Irving pour créer le personnage du comte Dracula. « Il n’y a pas de preuve littéraire, mais c’est une idée intéressan­te, je crois. On a dit que Irving était tellement bon acteur qu’il arrivait à changer de forme et d’âge, sur scène. »

Le romancier à succès, très calme et posé en entrevue, dit être fasciné par les histoires gothiques. « J’aime les histoires surnaturel­les, les histoires de fantômes. Bien entendu, la littératur­e de l’époque victorienn­e en est remplie. On n’a qu’à penser au Portrait de Dorian

Gray, d’Oscar Wilde. »

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LE BAL DES OMBRES Joseph O’Connor Éditions Rivages, 550 pages.

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