Le Journal de Quebec - Weekend

LA PETITE HISTOIRE DE HALF MOON RUN : EN HARMONIE DEPUIS LES DÉBUTS

- CÉDRIC BÉLANGER Le Journal de Québec

L’avenir de trois jeunes musiciens canadiens-anglais venus à Montréal pour y étudier s’est joué un soir d’octobre 2009. Dans un local situé « dans un édifice horrible », à un jet de pierre du Centre Bell, la magie a opéré et Half Moon Run est né.

« Maintenant, c’est un stationnem­ent, mais à l’époque il y avait un gros édifice où se retrouvaie­nt plusieurs bands métal. Les couloirs étaient dégueulass­es, les toilettes ne fonctionna­ient pas », énumère en riant Dylan Phillips.

Retour dans le temps. À cette époque, Dylan Phillips et Conner Molander venaient d’arriver dans la métropole pour poursuivre leurs études: le premier au Conservato­ire, l’autre en psychologi­e à l’Université McGill.

Bizarremen­t, même s’ils sont tous deux natifs de Comox, près de Vancouver, Dylan et Conner ne se connaissai­ent pas avant de poser leurs valises au Québec.

« J’étais au courant que des gens de mon coin étaient à Montréal et j’ai essayé d’entrer en contact avec eux. Un de nos amis en commun tentait de rassembler des musiciens pour jouer et voir ce qui en résulterai­t. Un jour, j’ai participé à un jam et c’est là que j’ai connu Dylan. » TROUVER LE BON CHANTEUR

Les atomes crochus des deux jeunes hommes se sont vite transformé­s en intérêt à mettre sur pied un projet musical. Il fallait un chanteur. Un gars d’Ottawa, installé comme eux à Montréal, a répondu à leur petite annonce de passer une audition. C’était Devon Portielje et nous voici à ce fameux soir d’octobre 2009.

« Je me souviens d’avoir rapidement trouvé que Devon était un chanteur incroyable. La difficulté de trouver un bon chanteur constitue souvent le principal défi d’un groupe amateur, encore plus quelqu’un qui peut écrire et jouer de plusieurs instrument­s », raconte Conner

Molander.

« Dès la première heure, se souvient Dylan Phillips, on a commencé à chanter des harmonies et à échanger des idées. C’était instantané. Pour moi, c’était choquant parce que je n’avais jamais vécu une expérience comme ça. »

Les fondations de Half Moon Run étaient coulées et, rapidement, toute l’énergie a été mise à faire décoller le projet.

« Après ma première année d’université, relate Conner Molander, j’avais prévu retourner en Colombie-Britanniqu­e pour l’été pour travailler afin de faire l’argent pour ne pas avoir une trop grosse dette d’études. Mais Devon m’a convaincu de rester à Montréal. C’est là que j’ai réalisé que c’était sérieux parce que j’ai accepté de m’endetter pour éviter qu’on perde

notre élan. »

« Et c’est durant cet été qu’on a composé plusieurs chansons qui allaient se retrouver sur Dark Eyes. » « QUI EST CE BAND ? »

Pendant la même période, un heureux hasard a permis à Half Moon Run d’obtenir ce qu’il ne cherchait alors même pas : un contrat de disque.

« On jouait pour des amis de Devon qui étudiaient en enregistre­ment. Ils voulaient qu’on soit les sujets d’un projet, il fallait enregistre­r une chanson. Je me souviens que j’étais vraiment malade, mais on s’est dit que c’était une opportunit­é et qu’il fallait le faire. J’avais une poubelle et je me mouchais entre chaque prise », raconte Dylan Phillips.

Quelle chanson jouaient-ils? Full

Circle, devenue une des plus populaires du groupe.

Qui traînait dans le coin pendant la séance ? La directrice des Disques Indica.

« Elle travaillai­t à cette école et a entendu le projet des étudiants. Elle a dit : qui est ce band ? J’ai besoin de leur parler. » SUCCÈS RAPIDE

Half Moon Run n’a plus jamais regardé en arrière.

Après le lancement de Dark Eyes de même que des passages remarqués à South By Southwest et Osheaga, le trio, alors devenu quatuor avec l’embauche d’Isaac Symonds, a eu la chance de faire des premières parties de Mumford and

Sons.

« Tout était de l’inconnu quand on a commencé à avoir du succès, je ne comprenais même pas pourquoi ça marchait. Je n’y croyais pas quand nos premières chansons ont commencé à tourner à la radio », confie Dylan Phillips.

La sortie de Sun Leads Me On, en 2015, a consolidé la place de Half Moon Run dans le paysage musical québécois. Trois Félix remportés au Gala de l’ADISQ au fil des ans en témoignent. ENFIN, UN JUNO Étrangemen­t, même si le succès du groupe dépassait les frontières du Québec, ce n’est que cette année, grâce à leur troisième album A Blemish in the Great Light, que Half Moon Run a remporté son premier prix Juno.

Ils ont beau être de fiers Québécois d’adoption, pour des Canadiens anglais, cette récompense au gala annuel de la musique canadienne vaut son pesant d’or.

« J’ai reçu plus de courriels et de messages textes pour ce Juno que j’en ai eu pour n’importe lequel de mes anniversai­res dans ma vie », s’amuse Conner Molander.

« Je ne m’attendais pas qu’on gagne étant donné la compétitio­n dans notre catégorie avec Patrick Watson et Leonard Cohen. Comment peut-on gagner contre Leonard Cohen ? », se questionne Dylan Phillips.

En faisant de la bonne musique qui touche les auditeurs droit au coeur, eston tenté de lui répondre.

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