Le Journal de Quebec - Weekend
LA PANDÉMIE, UN « WAKE-UP CALL »
Cofondatrice d’Équiterre et co-porte-parole du Pacte pour la transition, l’écosociologue Laure Waridel explique qu’il est possible de poser des gestes concrets pour faire une vraie transition vers une économie écologique et sociale dans son livre La transition, c’est maintenant. À son avis, la pandémie a été un « wake-up call » – une sonnette d’alarme pour nous inviter à agir.
Laure Waridel explique comment investir autrement, se nourrir autrement, habiter le territoire de manière intelligente, tendre vers le zéro déchet, et se mobiliser par tous les moyens possibles dans son livre, publié quelques mois avant la pandémie.
« Quand je l’ai écrit, je n’ai jamais pensé qu’une crise de cette ampleur allait arriver quelques mois plus tard, commente-t-elle en entrevue. Même si elle n’est pas liée aux changements climatiques, les causes profondes sont quand même liées à une perturbation des écosystèmes et au fait qu’il y a de moins en moins de degrés de séparation entre les humains et des maladies, qui, normalement, devraient se contenter de rester sur les pangolins et les chauves-souris. »
Ces maladies arrivent maintenant chez les humains et se propagent, explique-t-elle. « On est une espèce répandue à travers le monde, donc on est un terrain extraordinaire pour les nouvelles zoonoses et c’est propice aux nouvelles pandémies. »
Elle observe qu’on assiste aux conséquences d’un rapport peut-être trop dominant avec les écosystèmes et la nature. « On pense qu’on est au-dessus de tout ça, mais finalement, on réalise notre vulnérabilité. Dans ce livre, j’en appelle à ce qu’on prenne nos précautions, qu’on réduise notre empreinte écologique pour protéger la biodiversité et aussi et avant tout pour nous protéger, nous. On fait partie de la nature. » Laure Waridel est claire: « On a un
wake-up call avec la COVID. » Elle précise : « Ce que nous disent les scientifiques, c’est : attention, parce que ça aurait pu être bien pire, en termes de virulence et de mortalité. Mais allons-y avec des changements dans nos pratiques et dans notre relation avec l’environnement. »
EN MODE SOLUTION
L’écosociologue note qu’il y a des actions prioritaires à considérer, sur une base quotidienne, au Québec. « Le premier grand changement qui doit s’opérer, chez tout le monde, quels que soient l’occupation, l’âge, la culture, c’est de réaliser qu’on a tous beaucoup plus de pouvoir qu’on serait portés à croire. On fait partie des problèmes autant qu’on fait partie des solutions. Et plus on fait partie des problèmes, plus on a des comportements qui polluent, plus on a le potentiel de faire partie des solutions en transformant nos comportements. »
« Il n’y a pas de changement collectif qui arrive sans qu’il y ait d’abord des individus qui réalisent qu’ils peuvent changer les choses. Je pense que le premier ennemi à abattre, c’est le cynisme à l’égard des problèmes. »
Dans ce livre, elle souhaitait partager le fruit de ses connaissances et de ses réflexions. « Il y a tellement un potentiel pour rendre la société meilleure, dans le sens de mieux-être, plus heureuse, plus saine, qu’on doit d’abord faire cette prise de conscience. »
Très concrètement, pour réduire notre empreinte écologique, elle suggère de réduire notre consommation matérielle et de faire attention aux ressources qu’on consomme en répondant à une envie plutôt qu’à un besoin.
Il y a lieu de se questionner sur l’habitude de consommer, jeter, consommer, jeter. « On vit dans une société de consommation où l’identité passe souvent par ce qu’on achète. Quand on se questionne fondamentalement sur ce qui nous rend heureux – certains ont eu cette prise de conscience pendant la pandémie –, on réalise que nos plus grandes richesses, c’est les gens autour de nous, les gens qu’on aime. »