Le Journal de Quebec - Weekend
L’ÉCOLE EN SANTÉ, C’EST AUSSI L’ÉCOLE EN SANTÉ MENTAL
Lieu d’apprentissages et de découvertes, l’école est d’abord et avant tout un important milieu de vie. Tout de suite après la maison familiale, c’est là où les enfants et les adolescents passent le plus clair de leur temps, nouent des amitiés précieuses tout en composant avec différentes personnalités.
Une bonne santé est certainement un facteur essentiel qui permet aux enfants de profiter pleinement des apprentissages de l’école. L’aspect physique de la santé est donc important, mais aussi l’aspect psychologique, car c’est la clé pour apprendre et socialiser. Créer et multiplier les conflits, contester sans cesse l’autorité, s’isoler de ses camarades, tout cela peut avoir de graves répercussions sur le cheminement scolaire.
Comme adulte et comme parent, nous savons à quel point la fatigue, les préoccupations, les craintes et l’anxiété nuisent à notre concentration, notre mémoire, et notre efficacité. Il en va de même pour les jeunes. Pour un élève, s’inquiéter des tensions entre ses parents ou avec son enseignant, ou avoir peur de couler un examen sont des exemples parmi tant d’autres d’inquiétudes qui nuisent à un apprentissage harmonieux et aux relations interpersonnelles constructives.
UNE CULTURE PAS SEULEMENT PHYSIQUE
Au cours des deux dernières décennies, on a fait des pas de géant pour inculquer de saines habitudes de vie dans les écoles : valorisation de l’importance de l’activité physique, de la qualité du sommeil et de l’alimentation (exit la malbouffe des cafétérias !).
Mais la tâche n’est pas terminée. Après la santé physique, à quand les enseignements sur la santé psychologique ? Il ne viendrait jamais à l’idée d’un directeur d’école de rester indifférent devant des classes aux murs remplis de moisissure. S’il faut éloigner les élèves de cet environnement malsain, préservons-les tout autant d’un climat scolaire toxique sur le plan de la santé mentale, tout aussi dommageable.
Et par quoi commence-t-on ? Par être sensible à un élève qui a l’air déprimé, ou trop anxieux ou timide pour poser une question. Par remarquer un enfant qui s’isole, qui mange seul à la cafétéria. Et aussi par le dépistage et la prise en charge de certains problèmes, parfois persistants, comme toutes les formes d’intimidation, des phénomènes pénibles pour les jeunes qui les subissent, et qui peuvent mener tout droit au décrochage scolaire.
Car il n’y a rien de plus douloureux, de plus stérile que des enfants qui arrivent à l’école la peur au ventre, ridiculisés pour leur apparence ou leurs performances académiques, préférant subir en silence et s’isoler, plutôt que de participer à tout ce que l’école peut leur offrir de beau et de bon. D’où l’importance d’opposer à cette toxicité une culture de bienveillance et d’empathie, cette capacité à se mettre à la place de l’autre, et qui peut s’apprendre dès le plus jeune âge.
Cette sensibilité à percevoir la tristesse, les craintes ou même la détresse de chaque enfant devrait depuis longtemps être bien ancrée dans les écoles. Elle est d’autant plus vitale après tous ces mois de confinement et d’anxiété, la COVID-19 ayant mis nos nerfs à rude épreuve.
DE L’ÉDUCATION PSYCHOLOGIQUE AUX INTERVENTIONS
Les enseignants, les professionnels et toute l’équipe-école devraient être formés et outillés pour être à l’affût de la détresse psychologique, la percevoir, mais sans la juger. Ils devraient aussi savoir quoi faire pour aider les jeunes aux prises avec cette détresse, qu’elle soit ponctuelle ou chronique.
Car laisser un enfant s’isoler, perdre sa confiance et sa joie de vivre à l’école peut avoir des conséquences bien malheureuses, et ce, tant sur ses apprentissages, sa socialisation et son épanouissement général.
En sachant quoi dire et quoi faire, vers qui le diriger (en ayant une porte toujours ouverte), on contribue à un climat de bienveillance et d’empathie plus que jamais nécessaire au sein des classes, des cours de récréation, tout comme dans les locaux des enseignants, et jusqu’au bureau de la direction.