Le Journal de Quebec - Weekend
AMOURS DIFFICILES DANS LE « NIAGARA DE L’EST »
Dernier tome de la série à succès La Saline, Shawinigan Falls raconte à la fois l’histoire de Marie-Louise, la fille du Dr Peltier, mais aussi le développement économique de Shawinigan, au début du 20e siècle. Conteuse de talent, s’appuyant sur une documentation historique imposante, Louise Lacoursière va à la fois dans la sphère publique et dans l’intimité de ses personnages dans ce livre qui permettra aux lecteurs de dire au revoir aux personnages de La Saline.
En 1910, Shawinigan s’appelait Shawinigan Falls. Pourquoi Falls ? « Ç’a l’air d’un titre anglais… mais la Ville s’est appelée Shawinigan Falls jusqu’en 1958, parce qu’on appelait les chutes de Shawinigan le “Niagara de l’Est” », explique Louise Lacoursière, en entrevue.
L’écrivaine fait remarquer que Shawinigan était à l’époque une ville industrielle très prospère. « Ç’a commencé raide, avec le pouvoir électrique, qui offrait aux usines l’énergie à peu de frais. »
Le roman commence en 1910 à SaintLéon-le-Grand. Marie-Louise travaille dans le cabinet de son père, le Dr Antoine Peltier. Contre la volonté de son père, elle fréquente Charles Adam, un travailleur à la source de La Saline. L’hôtel a fermé ses portes en 1899, mais on extrait encore des centaines de litres d’eau gazeuse de la source. Antoine ne voit pas d’un bon oeil que Loulou fréquente le fils d’Eusèbe. Loulou ira quand même de l’avant avec ses projets de mariage et d’exil… mais le regrettera amèrement.
Louise Lacoursière rappelle que Marie-Louise est venue au monde dans des circonstances dramatiques – Mathilde est morte en la mettant au monde. Un malaise s’est installé entre le père et la fille. Malaise qui va s’accentuer lorsqu’elle lui fera part de ses choix amoureux. « C’est l’opposition entre eux… mais ce qui est beau dans ce roman, c’est que le père et la fille vont finalement se rapprocher. »
Louise Lacoursière explique que les personnages sont fictifs, et lui permettent d’ajouter de l’intensité dramatique à son histoire, sans contrainte. « Loulou est une fille qui a du caractère, qui a une forte personnalité, mais en même temps, c’est une sauveuse… » Une sauveuse qui va se retrouver avec un conjoint qui ne sait pas gérer sa colère, sa volonté de contrôle.
Loulou se retrouve dans une dynamique de violence conjugale. « On se rend compte que, dans les cas de violence entre un homme et une femme, c’est pas toujours parce que la femme est faible qu’elle subit les contrecoups », dit l’auteure.
L’écrivaine avait ce sujet à coeur puisqu’elle a oeuvré dans le conseil d’administration d’une maison dont la mission est d’accueillir des femmes en difficulté, Le Phare. « C’est une cause qui me tient à coeur. J’ai tellement entendu de témoignages de ces femmes-là pour être révoltée quand j’entends des gros clichés qui ont encore force aujourd’hui. »
En cadrant cette histoire dans une autre période historique, elle voulait montrer que le problème existait aussi dans le temps, et peut-être à plus grande échelle, dit-elle, parce qu’il n’y avait aucun organisme d’aide. « Les femmes ne pouvaient pas en parler. »
RECHERCHE HISTORIQUE
Par ailleurs, elle a aussi eu le privilège d’accéder aux archives de la Société d’histoire et de généalogie de Shawinigan pour valider ses données historiques. Elle a également travaillé avec une société d’histoire régionale, Appartenance Mauricie.
« La ville de Shawinigan est tatouée sur mon coeur parce que c’est ma ville natale. Je suis très attachée à ce lieu et son histoire est unique. L’industrie a vraiment commencé au Québec avec l’exploitation du pouvoir électrique, avec la Shawinigan Water and Power, et avec les petits pouvoirs qu’il y avait en périphérie. C’est vraiment ça qui a permis le développement de l’ère industrielle. »