Le Journal de Quebec - Weekend
CINQ DÉCENNIES d’art et d’amitié
Très présentes dans l’univers culturel et artistique québécois depuis cinq décennies, Louise Portal, Christiane Pasquier et Marie-Lou Dion livrent de magnifiques récits de scène et de vie dans Un été, trois Grâces. Avec une très belle plume, elles livrent un témoignage sur leurs réussites, leurs épreuves, leurs coups de foudre, leurs ruptures, mais parlent aussi du lien d’amitié très riche qui les unit.
Le Journal de Québec
Pendant l’été 1975, Louise Portal, Christiane Pasquier et Marie-Lou Dion ont joué ensemble dans
Madeleine de Verchères au Théâtre La Marjolaine, en plus de vivre dans un même chalet. Ce fut un été torride, autant sur les planches que dans l’intimité de leur petit refuge, où elles recevaient leurs princes de la nuit.
De très forts liens se sont tissés entre elles au cours de cet été-là. Dans ce recueil d’une grande tendresse, elles remontent le fil du temps, racontent ce que la Vie leur a réservé, en amour, au travail. Elles célèbrent ensemble des décennies d’amitié et de création artistique.
Louise Portal, en entrevue depuis son chalet au Saguenay, parle avec bonheur de ce projet d’une grande sensibilité, marqué par l’amitié, par l’autocompassion et par l’accueil aussi.
« Il faut faire la paix. Je comprends que je suis la femme que je suis aujourd’hui à cause de tout ce que j’ai vécu. Donc, tout a été nécessaire et je l’accueille, même les choses difficiles au niveau amoureux ou familial, ou au niveau des amitiés. Tout ça a été des outils de croissance, au fond. »
Dans ce sens, elle accueille la jeune femme de 18 ans qu’elle était, qui a été refusée à l’École de théâtre… puis qui s’est retrouvée dans une pièce de théâtre… et qui a gagné un prix.
« La vie, ça rebondit tout le temps. Mais il faut avoir envie de jouer à la corde à danser ! », commente-t-elle avec un petit rire. « Il faut avoir envie de danser avec la vie, de chanter avec la vie. Si on veut tout contrôler, et que ce soit parfait… c’est pas possible. »
Le fait d’être une femme sensible, une femme de passion, une femme entière, une femme de coeur, ne vient pas sans risque et sans désillusion. Des bouts du livre le confirment. « La vulnérabilité chez quelqu’un, c’est un plus, c’est pas un moins », dit Louise.
BILAN DE VIE
Les trois amies ont entamé ce projet en 2016, mais leur amitié date de 1975, fait remarquer Louise Portal. « Aujourd’hui, on se rend de plus en plus compte qu’il faut avoir des projets communs, des projets collectifs. Plus le projet avançait, plus je me disais que c’était extraordinaire : il y a tellement de femmes de notre génération qui arrivent à faire un bilan de vie. On est sur une vague, avec ce livre. Plein d’autres femmes vont se reconnaître dans le livre. »
PAS DE JUGEMENT
On ne sent pas de nostalgie aveugle dans le livre ni l’embellissement du passé. Les émotions sont justes, les femmes n’ont pas jugé la naïveté de leur jeunesse.
« Je pense qu’il faut répondre à chaque décennie avec enthousiasme et avec ferveur. C’est là qu’on découvre nos plus et nos moins. C’est là qu’on apprend à vivre et à se connaître. Tant que tu ne sais pas où tu es, tu stagnes, tu piétines. Quand tu te comprends, tu continues d’avancer. »
«Marie-Lou, Christiane et moi, on a fait ça toute notre vie : on n’a pas eu peur de répondre à nos élans et à notre ferveur. On répondait à des élans. »