Le Journal de Quebec - Weekend

PRÊT-À-PORTER PRÊT À TUER

- BRUNO LAPOINTE Le Journal de Montréal bruno.lapointe @quebecorme­dia.com Slaxx est présenteme­nt à l’affiche.

Des pantalons meurtriers? Il n’en fallait pas plus pour capter l’attention des cinéphiles et médias autant québécois qu’étrangers, le synopsis de

Slaxx se répandant comme une traînée de poudre sur le web au cours de la dernière année. Ce n’est pas sans un soupçon de fierté dans la voix que la cinéaste montréalai­se Elza Kephart discute avec Le Journal de cette fable horrifique cousue de fil rouge... sang.

« Ça peut paraître arrogant – et ce n’est pas mon intention –, mais je savais qu’il y aurait un buzz autour de Slaxx. Oui, le synopsis est complèteme­nt fou (rires), mais c’est bien plus qu’un simple film d’horreur. C’est un film qui a quelque chose à dire », raconte la réalisatri­ce.

Car oui, sous cette prémisse somme toute plutôt loufoque se cache un commentair­e social à peine dissimulé. Car les pantalons meurtriers de Slaxx servent bien plus qu’à décimer les employés d’une boutique branchée. Ils illustrent un problème beaucoup plus vaste – et important – selon la réalisatri­ce : le fast fashion, ou « mode éphémère », cette propension qu’ont les grandes compagnies à encourager la surconsomm­ation.

« Les grandes compagnies réussissen­t à convaincre les gens qu’il leur faut absolument différents produits, et ces produits sont souvent toxiques. Dans le fond, dans Slaxx, ce ne sont pas les jeans qui sont les véritables monstres, mais bien les entreprise­s qui les fabriquent en détruisant tout sans se soucier des gens », précise-t-elle.

PLAIDOYER POUR LE CHANGEMENT

Et maintenant, la question qui tue : un film d’horreur peut-il réellement inspirer les cinéphiles à changer leurs habitudes de consommati­on ? « Bien sûr ! » lâche Elza Kephart. Puis, après une brève pause, elle se ravise et nuance sa pensée.

« En fait, on ne sait jamais comment nos films vont toucher les gens. Mais j’espère que Slaxx les fera réfléchir. On n’y pense peut-être pas tout le temps parce que les vêtements peuvent nous sembler anodins, mais l’industrie de la mode est vraiment horrible », expliquet-elle.

Même son de cloche du côté de Romane Denis, qui prête ses traits à l’héroïne de Slaxx, Libby.

« C’est un film qui nous remet en pleine face le côté néfaste de l’industrie. Après ça, les gens peuvent décider de fermer les yeux ; c’est leur choix. Mais ils ne pourront plus dire qu’ils ne savent pas que ça existe », renchérit la comédienne.

FEMMES FORTES

Cette critique de certains dirigeants sans scrupule de l’industrie du textile aura donc donné envie à Romane Denis de s’initier au monde de l’épouvante en endossant un tout premier rôle dans le genre. Mais un autre facteur a également titillé son intérêt : l’aspect féminin – et féministe – du projet.

« Ça faisait du bien d’être sur un plateau avec une réalisatri­ce, des productric­es, des auteures… Travailler avec autant de femmes, c’est très excitant », avance Romane Denis.

« Le but de Libby, ce n’est pas de trouver un garçon. Et ça, c’est quelque chose que j’ai toujours beaucoup plus de plaisir à jouer. En fait, aucun des personnage­s féminins de Slaxx n’est une petite fille perdue : ça paraît que ça a été écrit par deux femmes. C’est aussi pour ça qu’on a besoin de plus de femmes qui écrivent des scénarios parce que ça donne des personnage­s féminins plus réalistes », complète-t-elle.

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PHOTO PIERRE-PAUL POULIN Elza Kephart, réalisatri­ce, et Romane Denis, comédienne pour le film d’horreur québécois Slaxx.
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