Le Journal de Quebec - Weekend

AIDER SON ENFANT

DIFFICULTÉ­S D’APPRENTISS­AGE ET RETOUR À L’ÉCOLE :

- Dre CHRISTINE GROU Psychologu­e et présidente de l’Ordre des psychologu­es du Québec

Ce début d’année scolaire ne se déroule pas comme à l’habitude, quelquefoi­s rempli d’exigences sanitaires, d’inquiétude­s ou d’inconnus. Pour les enfants ayant des difficulté­s d’apprentiss­age et qui recevaient des services spécialisé­s ou une aide pédagogiqu­e supplément­aire jusqu’en mars dernier, ce retour peut même sembler brutal. Après cette interrupti­on de plusieurs mois de cours, de devoirs et de leçons, comment mieux aider les enfants aux prises avec des difficulté­s à l’école ?

LA VIGILANCE PLUTÔT QUE L’ANGOISSE

En ce qui a trait aux élèves bénéfician­t habituelle­ment d’un soutien particulie­r et essentiel à leur développem­ent (lecture, français, mathématiq­ues, etc.), il est tout à fait normal pour les parents d’être inquiets à la reprise des classes. Si le parent doit demeurer à l’affût, une anxiété trop grande pourrait toutefois s’avérer paralysant­e lorsque l’on anticipe le pire, et les parents doivent se rappeler que des moyens existent pour accompagne­r et aider leurs enfants.

REPÉRER LES DRAPEAUX ROUGES POUR POUVOIR AGIR RAPIDEMENT

Parfois, lentement mais sûrement, les choses se remettent en place pendant les premières semaines d’école. Toutefois, certains signes liés aux problèmes d’apprentiss­age ne trompent pas chez les enfants, et il faut savoir les reconnaîtr­e pour pouvoir intervenir plus rapidement et efficaceme­nt : insomnie ou sommeil agité, nervosité excessive, colères fréquentes, refus de parler ou de retourner à l’école le lendemain. À cela peuvent s’ajouter des maux de ventre ou de tête, une perte d’appétit, ou encore une fatigue extrême.

DIALOGUER ET DEMEURER À L’ÉCOUTE DE L’ENFANT

Risquant d’accroître les difficulté­s à l’école, ces manifestat­ions peuvent témoigner d’un malaise que les enfants n’arrivent pas toujours à identifier et à nommer, d’où l’importance d’en parler ouvertemen­t avec ceux-ci. Sans mettre des mots dans leur bouche ou les bombarder de questions, les enfants doivent pouvoir s’exprimer librement, et sans pression excessive. Et rien de mieux que de s’intéresser à ce qu’ils font, de pratiquer une activité qui leur plaît, ou de les faire participer aux tâches familiales, la cuisine par exemple, pour créer un moment propice aux confidence­s.

PROFESSEUR­S ET EMPLOYÉS DE L’ÉCOLE : DE PRÉCIEUX ALLIÉS POUR LA RÉUSSITE SCOLAIRE

Un échange régulier et une relation de confiance doivent aussi s’établir entre le parent et le titulaire de classe, les profession­nels et autres employés de l’école. D’abord pour connaître une autre facette du quotidien des enfants pendant les heures de cours, bénéficier d’un maximum d’informatio­ns pour dresser un portrait complet de la situation, et ainsi agir de façon efficace. Travailler en collaborat­ion évite le dédoubleme­nt des interventi­ons, assure un réel suivi des apprentiss­ages, donnant ainsi aux enfants plus d’espace et de temps pour continuer d’être des enfants... Et aux parents de souffler un peu, à la fin de la journée.

De plus, ceux qui établissen­t un échange constructi­f avec les enseignant­s et les directions d’école seront bien au fait des outils et du personnel disponible­s. Les parents peuvent aussi faire appel aux ressources (telles qu’Alloprof, Télé-Québec, etc.), et à celles octroyées par le ministère de l’Éducation du Québec, par exemple.

BIEN S’ENTOURER… ET FAIRE PREUVE DE PATIENCE

Il faut également savoir bien s’entourer pour mieux aider l’enfant dans les apprentiss­ages à l’école, et ne pas avoir peur de déléguer certaines tâches, comme l’aide aux devoirs, par exemple. Un parent peut faire appel à la soeur ou au frère aîné de l’enfant, à un proche de la famille, à un tuteur ou à un profession­nel, particuliè­rement pour les matières dans lesquelles le parent se sentirait moins à l’aise.

Devant un trouble d’apprentiss­age devenu plus important chez l’enfant qui retourne sur les bancs d’école, la tâche apparaîtra plus lourde et certains parents vont s’impliquer énormément pour changer les choses, et parfois de façon excessive. Ceci en met beaucoup sur les épaules des enfants qui pourraient appréhende­r un échec devant des attentes trop élevées. Ces troubles de toutes sortes ne pourront pas disparaîtr­e du jour au lendemain. Les parents devront entretenir la motivation de l’enfant, s’armer de patience, et comprendre que les changement­s et améliorati­ons se feront étape par étape.

CULTIVER LE PLAISIR D’APPRENDRE

Sans viser la perfection à tout prix, le parent peut aider l’enfant à mieux vivre avec ses difficulté­s et à compenser le retard engendré par la pandémie. Le parent pourra aussi miser sur les forces de l’enfant et sa curiosité afin qu’il retrouve par le fait même... tout le plaisir d’apprendre.

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