Le Journal de Quebec - Weekend
VOYAGE INSTRUMENTAL
Daniel Bélanger avait terminé depuis l’automne 2019 son nouvel album instrumental, Travelling. S’étant promis une pause, il ne voyait alors pas l’urgence de le présenter. Puis, presque un an plus tard, et avec une pandémie qui se poursuit, le musicien s’est dit qu’il n’avait plus de raison de le retenir plus longtemps.
Au moment de notre entretien avec Daniel Bélanger, le premier ministre François Legault venait d’annoncer, la veille, la fermeture des salles de spectacles pour 28 jours en octobre. Il allait donc de soi de demander d’emblée à l’auteur-compositeur s’il avait mal à sa culture. « J’ai aussi mal à ma culture qu’avant les annonces d’hier, répond-il. C’est d’une tristesse… Mais ce n’est pas à cause des mesures, c’est à cause de la COVID. Que celui qui a de meilleures idées se lève et parle. »
Après la fin de la tournée de Paloma, Daniel Bélanger s’était dit qu’il prendrait une longue pause de la scène pour se concentrer encore plus sur la musique. L’arrivée de la pandémie et le confinement du printemps n’ont donc pas eu d’impact direct sur ses activités professionnelles.
« Moi, ça va, dit-il. Ça fait longtemps que je fais ce métier-là et j’ai des réserves [économies]. Mais ça m’embête beaucoup pour ceux qui comptaient sur la scène pour gagner leur vie et se développer. Ça me donne des frissons. »
Daniel Bélanger n’avait prévu aucune tournée à court terme pour son nouvel album, Travelling. « Avec un projet comme ça, je peux revenir n’importe quand. Je peux faire le show de Travelling dans trois ans. Ça me plaît. Il est un peu hors du temps, cet album-là. »
THÈMES DE FILM
D’aussi loin qu’il se souvienne, Daniel Bélanger a toujours aimé la musique instrumentale. « J’ai des souvenirs obscurs de musique instrumentale, comme un Italien dont j’ai le vinyle qui s’appelait Reverberi. »
Depuis l’album Rêver mieux, en 2001, il a mis au moins une pièce instrumentale sur chacun de ses albums. La motivation d’en faire un album complet lui est venue pour la première fois lorsqu’il a travaillé pour la trame sonore du film de Luc Picard, L’Audition, en 2005.
« Je croyais que j’allais avoir d’autres invitations à faire de la musique après ça. Et ce n’est jamais arrivé, dit-il. À un moment donné, je me suis dit que plutôt qu’attendre l’invitation, je pouvais m’inviter moi-même à faire un album instrumental. »
Quand le projet Travelling lui est venu en tête, Daniel Bélanger s’est dit qu’il pourrait faire 12 ou 13 thèmes de film. « C’est ce qui explique la disparité des genres [sur l’album]. Ça ne me gêne pas du tout. Au cinéma, on passe d’un genre à l’autre. »
Comme pour Paloma, Daniel Bélanger joue la très grande majorité des instruments de Travelling. « Ça va plus vite pour moi. Je n’ai pas besoin d’expliquer ce que je veux. Je n’avais pas besoin d’un drummer, j’avais besoin d’un drum (rires) ! »
« L’EGO EST FLATTÉ »
En plus de ce nouvel album, Daniel Bélanger a aussi récemment collaboré avec le producteur CRi pour la chanson
Signal, qui a été dévoilée cette semaine. « Il avait fait la version de Fous
n’importe où avec Charlotte Cardin et il m’avait dit qu’il aimerait beaucoup qu’on collabore. Il m’a envoyé une pièce instrumentale. J’ai fait les paroles et la mélodie. »
Au sujet de la reprise de Charlotte Cardin, qui compte plus de trois millions d’écoutes sur Spotify, Daniel Bélanger s’estime « vraiment chanceux » d’être repris par cette artiste. « Charlotte chante comme une reine. » En 2005, sur l’album Le coeur dans
la tête, Ariane Moffatt avait elle aussi repris une pièce de Bélanger : Imparfait. « Ironiquement, elle l’avait faite si parfaitement que les gens qui ne connaissaient pas mon travail étaient persuadés que c’était sa chanson à elle ! dit Bélanger. C’est là qu’on voit combien elle est talentueuse. Elle en a fait la sienne. »
Comment se sent-on, comme auteurcompositeur, quand un artiste reprend une de nos chansons ? « L’ego est flatté, répond-il. On est heureux que ça touche encore des gens 20 ans plus tard, que ça touche d’autres générations. »
Le nouvel album de Daniel Bélanger, Travelling, est sur le marché.