Le Journal de Quebec - Weekend
3 MÉTIERS DE L’OMBRE AFFECTÉS
PAR LA PANDÉMIE
La Voix continue, contre vents, marées et COVID-19. Dimanche, directives de la santé publique obligent, c’est sans public dans le studio MELS que se tiendra le deuxième quart de finale de la saison.
Qu’à cela ne tienne : les artisans de l’ombre, qui mènent à bout de bras le gros navire de La Voix derrière les caméras, triment dur depuis déjà plusieurs jours afin que la qualité du spectacle ne soit pas amoindrie par l’absence de foule. Voici comment la pandémie et les règles sanitaires ont modifié le travail de trois d’entre eux.
LUC SIROIS, RÉALISATEUR VARIÉTÉ
Le réalisateur variété Luc Sirois, aussi orchestrateur d’En direct de
l’univers, qui se déploie également sans public depuis son retour en ondes, en a vu d’autres. Dans les prochaines semaines, explique-t-il, La
Voix mettra plus son accent sur les réactions des candidats, leurs joies, leurs larmes et leurs émois.
« Moi, je vais me concentrer sur l’émotion des candidats. C’est ce qui compte. C’est sûr qu’on est habitués à écouter La Voix avec des cris, de l’ambiance, mais je pense que les gens comprennent la situation présentement, et on n’est pas la première émission produite devant moins de public », explique celui qui a aussi réalisé Ça va bien aller ,au printemps dernier.
Luc Sirois insiste : les téléspectateurs constateront peu de différence avec les Directs habituels de La
Voix. Par exemple, il n’y aura plus de visages souriants derrière les gros plans des coachs, mais on compensera possiblement avec le décor et les éclairages. On évitera le plus possible d’ajouter des effets sonores préfabriqués, afin que l’atmosphère demeure naturelle. Cette année, on privilégie en outre des mises en scène minimalistes, nécessitant peu de matériel. Car accessoires, instruments et autres fioritures doivent être désinfectés avant usage, ce qui complique la tâche.
« Il faut que les techniciens décontaminent tout. Chaque élément qui entre sur la scène a été décontaminé au préalable. Donc, on travaille beaucoup plus avec les éclairages. Et on est chanceux, on a des musiciens sur place. Le band va presque jouer constamment pour remplir les trous », glisse Luc Sirois.
ÉMILIE FOURNIER, PRODUCTRICE CONTENUS WEB ET NOUVEAUX MÉDIAS
Le climat social en prend ces joursci pour son rhume, avec les opinions qui diffèrent sur les décisions du gouvernement, mais Émilie Fournier, productrice des contenus web de La
Voix et Star Académie, l’assure : elle ne décèle aucune animosité ni agressivité dans les échanges de téléspectateurs sur les comptes Facebook, Twitter et Instagram de l’émission.
« Je trouve même intéressant de constater à quel point, cette année, les gens sont encore plus gentils et courtois, comparativement aux autres éditions, souligne-t-elle. On a moins de modération à faire que d’habitude. Je pense que les gens sont heureux d’avoir un spectacle en direct à la télé, d’avoir une forme de glam, avec les tenues élégantes ou excentriques de Coeur de Pirate et Pierre Lapointe, par exemple. On ressent cette énergie. »
La partenaire de Stefano Faita et Hugo Saint-Jacques à Station
Potluck a bien sûr dû adapter les tournages des capsules web qu’elle concocte avec son équipe de quatre créateurs pour respecter les mesures de sécurité.
«Ma gang fait preuve de créativité comme ça ne se peut pas », encenset-elle.
Émilie Fournier se réjouit d’avoir su réinventer ses contenus chaque année, elle qui a encadré les « vies virtuelles » d’environ 48 candidats de cinq moutures de La Voix et de deux Voix Junior. Son métier, observe-t-elle, a terriblement évolué depuis cinq ans.
« La quantité de publications qu’on faisait, les algorithmes qui sont entrés là-dedans… Sur Instagram, il n’y avait pas de stories, quand j’ai commencé. Sur Twitter et Facebook, on ne pouvait pas faire de directs. Les réseaux sociaux sont en temps réel, et notre travail l’est aussi. »
GATIEN OUELLET, DIRECTEUR PHOTO ET CONCEPTEUR DES ÉCLAIRAGES
Le boulot du concepteur des éclairages et scénographe Gatien Ouellet prendra une importance particulière sur le plateau de La Voix d’ici la finale du 18 octobre.
« Il va falloir se réinventer un petit peu, mais ça fait partie du voyage. On s’en sort bien malgré tout », signale celui qui a fait deux tours du monde avec Céline Dion et bossé sur toutes les éditions de Star Académie et La Voix.
Au moment de son entretien avec l’Agence QMI, Gatien Ouellet et ses collaborateurs se demandaient encore de quelle façon ils allaient vitaliser le studio en l’absence de spectateurs, dimanche. Allaient-ils utiliser des éclairages spéciaux, de la vidéo, davantage d’éléments de décor ? Tout restait encore à attacher.
« Pour chaque artiste qui passe, on essaie de faire les choses différemment. Maintenant, il a fallu tout repenser. Nos accessoires sont sur roulettes, avec des modules de deux mètres de large. Tout change chaque jour, on est en train de s’adapter », a-t-il expliqué, promettant néanmoins un résultat à la hauteur des ambitieux standards de La Voix. « C’est sûr qu’on va avoir un bon
show !»