Le Journal de Quebec - Weekend
LARRY TREMBLAY HORS DES SENTIERS BATTUS
Pour sa seconde incursion dans l’univers de la bande dessinée jeunesse, le prolifique écrivain, metteur en scène, acteur et spécialiste kathakali Larry Tremblay a collaboré avec l’illustrateur belge Pierre Lecrenier. Ensemble, ils sont parvenus à transposer en images l’histoire métaphorique de sa pièce de théâtre à succès Le garçon au visage disparu.
Il a longtemps formé des acteurs, a luimême été acteur, dramaturge, danseur et écrivain, entre autres choses. Après avoir publié le roman graphique
Même pas vrai en 2016, Larry Tremblay revient à la bande dessinée jeunesse avec l’adaptation de sa pièce de théâtre
Le garçon au visage disparu publiée cette fois aux Éditions de la Bagnole.
« La pièce a eu beaucoup de succès ici et en Europe, explique celui qui se décrit désormais comme un écrivain à temps plein. Elle utilisait le monde du fantastique à travers les zombies et comme c’est un monde qui est très bien accueilli en bande dessinée, je trouvais tout à fait naturel que cette pièce passe dans l’univers plus ouvert et moins contraignant vers le réalisme de la BD. »
L’écrivain de 66 ans, qui a publié environ 35 livres en plus de nombreuses traductions, explique avoir eu l’intuition que sa pièce — un texte original dédié aux adolescents écrit il y a environ 6 ans pour le théâtre Le Clou — allait un jour être transformée en bande dessinée. Une vision qui s’est concrétisée après avoir fait la rencontre de l’illustrateur Pierre Lecrenier au festival de BD à Montréal et avoir contacté celui-ci quelques mois plus tard pour l’inviter à faire partie du projet.
« Comme ce sont des personnages, c’est un peu comme faire une distribution, explique l’auteur montréalais. On a d’abord travaillé sur les personnages, leur visage, leur corps, leurs habitudes. Pierre étant Belge et l’action du roman graphique se passant à Montréal, on avait un regard d’un Belge sur Montréal ce qui rendait le tout vraiment intéressant. Ce fut pour lui un beau travail à partir de photos, de recherches, de souvenirs et de discussions qu’on a eues. »
INTENSE ADOLESCENCE
Difficile de résumer l’histoire de ce garçon au visage disparu. « Je dirais que c’est une histoire qui exprime la difficulté d’être adolescent dans un monde aussi complexe que le nôtre », tente Larry Tremblay.
Le monde et les problèmes des adolescents, la difficulté de s’identifier, la culpabilité et le rapport au père sont autant de thèmes abordés dans cette histoire métaphorique faisant souvent référence aux morts-vivants.
« Je trouvais intéressante l’image du zombie parce qu’un zombie, c’est un mort-vivant et j’ai toujours pensé que les adolescents sont à la fois tellement intenses, tellement vivants, mais en même temps très proches de la mort. Avec cette espèce de contradiction à l’intérieur d’eux-mêmes, je trouvais que l’image du zombie pouvait leur parler beaucoup. »
Dans cette BD qu’il qualifie de « non classique », car exempte de petites cases coloriées, l’auteur aborde des sujets à la fois difficiles et contemporains tels le terrorisme et la question de la violence chez les jeunes. Il joue aussi, de façon volontaire, sur une certaine ambivalence permettant au lecteur d’imaginer et de décider de ce qu’il pense réel ou non.
C’est d’ailleurs ce qu’il croit à l’origine du succès de la pièce de théâtre dont l’histoire — ouverte sur le monde — laisse un espace de réflexions et de prises de décisions aux adolescents.