Le Journal de Quebec - Weekend
UNE RENCONTRE QUI FAIT DU BIEN
Ancienne athlète de haut niveau en tennis, Marie-Christine Chartier parle de l’anxiété de performance et de ses dérives dans son troisième roman, Le sommeil des loutres. Roman étudiant profondément la psychologie des personnages, il raconte la rencontre entre un enfant acteur plongé dans la déchéance et une jeune femme qui rêve de faire carrière en médecine, tout en soignant une peine d’amour.
Jake a 21 ans. Enfant acteur, il a grandi trop vite, sous le feu des projecteurs. Il y a quelques mois, sa vie a dérapé complètement. Pour se reconstruire, il a décidé de repartir à zéro, de revenir chez ses parents et de travailler comme plongeur dans une pizzéria.
Émilie, 18 ans, rêve de faire carrière en médecine. Ambitieuse, elle étudie, travaille aussi à la pizzéria, et tente tant bien que mal de se remettre d’une rupture avec son chum. Au fil des soirées de discussions, Jake et Émilie apprendront à s’épauler et se reconstruire, doucement.
Marie-Christine aborde des thèmes plus dramatiques que dans les deux romans précédents. « Je pense que chaque fois, je creuse. Dans mon premier roman, j’étais plus dans une certaine légèreté. Je touchais à des points sensibles, mais je jouais dans le pur plaisir. Dans le deuxième roman, j’ai joué un peu sur la tristesse », commente-t-elle, en entrevue. Elle n’a pas eu peur d’aller encore plus loin dans Le sommeil des loutres.
S’EN SORTIR
L’écrivaine portait en elle depuis longtemps le personnage de Jake, qu’elle voulait profondément humain, sans tomber dans le cliché de l’enfant acteur. « Il a eu un parcours particulier qui l’a amené à faire des choix qu’il peut regretter. Il a des sous, une certaine notoriété, mais à la base, c’est un gars pour qui ça a un peu mal viré, et qui ne sait pas comment s’en remettre. »
Jake, en fait, n’arrive pas à gérer l’anxiété de performance. Marie-Christine, ancienne sportive de haut niveau, connaît aussi cette « bibitte » qu’est l’anxiété. « C’est un anxieux qui ne se reconnaissait pas comme tel avant d’avoir vécu ses péripéties. C’est sûr que moi aussi, j’ai de l’anxiété dans la vie. Ce n’est pas un tabou pour moi, je le sais. En cela, Jake tient de moi. »
LE RESSENTI
Cependant, le personnage qui lui ressemble le plus, ajoute-t-elle, c’est Émilie. « Je la vois… et c’est moi quand j’avais 18 ans, dans son intransigeance, dans son désir de perfection. Je me retrouve beaucoup plus dans ce personnage et plus j’avance dans le roman, plus j’y mets de moi, sans que ce soit mes histoires, ou des trucs que j’ai faits. C’est plus dans les émotions, dans le ressenti. »
La romancière avait envie que deux opposés se rencontrent. « Je voulais que l’un puisse comprendre les failles de l’autre, et voir comment ils pouvaient s’aider. »