Le Journal de Quebec - Weekend

C’EST COMME MARCHER SUR UN FIL DE FER

Yvon Deschamps n’a pu fêter ses 85 ans en grand cet été, pandémie oblige. L’humoriste retraité, qui soulignera finalement son anniversai­re avec un grand spectacle-bénéfice virtuel dans quelques jours, ne prend pas le coronaviru­s à la légère. « Si je pogne

- RAPHAËL GENDRON-MARTIN Le Journal de Montréal raphael.gendron-martin @quebecorme­dia.com

Yvon Deschamps et Judi Richards nous avaient donné rendez-vous au Second Cup de L’Île-des-Soeurs [avant les plus récentes mesures sanitaires]. Cette rencontre avait pour prétexte de parler du spectacle virtuel

Bon 85e Yvon Deschamps !, qu’Yvon animera lui-même et qui se tiendra le 23 octobre (voir autre texte).

En grande forme, Yvon Deschamps nous a accordé une entrevue exclusive de presque deux heures. De nombreux sujets y sont passés, de la pandémie actuelle (« c’est un virus tellement mystérieux »), aux élections américaine­s (« on n’est plus capable d’entendre parler de Trump), en passant par ses débuts en humour avec

L’Osstidcho (« je n’ai jamais voulu être humoriste de ma vie !), sa retraite de la vie publique (« ça m’a pris deux ans pour ne plus m’ennuyer de la scène ») et sa vie personnell­e (« je suis très fier de ma famille »).

Assis à côté de sa tendre épouse, Yvon Deschamps lui lance souvent quelques regards amoureux, n’hésitant pas à pointer Judi lorsqu’on lui demande « quel est le bonheur à 85 ans ? » Les deux amoureux, toujours aussi inséparabl­es, fêteront leurs 50 ans de mariage l’an prochain. D’ici là, ils se rappellero­nt longtemps l’année 2020 mouvementé­e que l’on vit présenteme­nt.

« JE RISQUE MA VIE »

Revenu prématurém­ent de la Floride au printemps, le couple a passé les derniers mois entre ses demeures de L’Île-desSoeurs et Morin-Heights. À 85 ans, Yvon Deschamps a-t-il des craintes concernant le virus ? « Ben oui ! Je risque ma vie, moi, là », répond-il en pointant le café où nous nous trouvions.

Concernant le travail actuel du gouverneme­nt, il dit ne pas avoir de critique particuliè­re à lui faire. « Parce que c’est tellement compliqué, complexe, nouveau, mystérieux comme virus. […] La seule chose que je n’ai pas aimée, c’est quand ils ont appelé les gens à faire de la délation. Ça fait appel à ce qu’on a de pire, de méchant en nous. »

Yvon Deschamps s’est désolé de voir la situation dramatique des CHSLD avec l’arrivée de la COVID. En 2010, il avait été le porte-parole de la nouvelle campagne pour sensibilis­er la population à la maltraitan­ce des aînés. Dix ans plus tard, la situation est loin de s’être améliorée.

« Rien n’a changé, au contraire. Ça s’est empiré tout le temps, dit-il. […] On savait depuis 20 ans que ça n’avait pas de sens, qu’il n’y avait pas de préposés, pas assez d’infirmière­s, pas de services. Ils coupaient tout le temps. Avec la pandémie, plusieurs préposés ont été obligés de travailler dans deux ou trois endroits différents, pour se faire une paie. Ça ne nous a pas aidés. »

Se tenant loin des réseaux sociaux, Yvon Deschamps regarde régulièrem­ent les nouvelles sur les différents réseaux. « Mais j’en prends souvent congé, car ça se répète tellement. […] Je ne veux pas faire peur au monde, mais je considère qu’on n’a rien vu encore. Mais je veux avoir tort ! »

Au moment de notre rencontre, Yvon et Judi envisageai­ent toujours de retourner passer l’hiver en Floride, où ils vont depuis de nombreuses années. « On va attendre encore un peu [avant d’y aller], admet sagement Judi. Les couleurs et les hibiscus, on ne peut pas s’en passer. »

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