Le Journal de Quebec - Weekend
LA MORT PEUT ENCORE ATTENDRE
En 1982, dans le spectacle C’est tout seul qu’on est l’plus nombreux ,Yvon Deschamps chantait ces paroles : « Au jour dont j’ai si peur/À l’arrêt de mon coeur ». À 85 ans aujourd’hui, a-t-il peur de mourir ? « Non, je n’ai plus peur, répond-il. J’ai été très angoissé par l’idée de la mort toute ma vie. Jusqu’à au moins 75 ans. À un moment donné, t’acceptes. […] C’est l’inévitable, on ne peut plus rien faire. Ce que t’avais à faire, t’es mieux de l’avoir fait ! »
« On sait qu’on va mourir incessamment. La question, c’est plus comment ça va m’arriver ? Dans ma famille, mon frère est mort il y a trois ans. Il avait 84 ans. Il regardait la télé et il s’est levé, pour aller aux toilettes ou à la cuisine, on ne sait pas. Il a juste fait trois pas et il est tombé mort. Ma mère est morte d’un infarctus la nuit. Mon cousin est mort en faisant la sieste l’après-midi. C’est-tu merveilleux ? Il avait dit à sa femme : tu me réveilleras vers 16 h 30… »
Pour Yvon Deschamps, le bonheur, ces jours-ci, ça se résume à sa famille – il a trois filles et cinq petits-enfants – et les amis proches… « Et la santé, ajoute-t-il. Le fait de ne pas être malade. Sans ça, y’en a pas de bonheur. »
Quand on lui demande, parmi ses plus grandes fiertés, s’il les place dans cet ordre : famille, fondation et carrière,
Yvon Deschamps répond positivement. « Je suis très fier de ma famille. »
« T’as été un père extraordinaire », lui dit alors Judi. « Je suis aussi fier d’avoir été un
quêteux depuis 45 ans, d’avoir aidé. J’ai été à Oxfam, au Chaînon, au CHUM et au Centre-Sud depuis 35 ans. D’avoir pu aider ici et là, il y a des petites choses qui restent. Le Quat’Sous, pour moi, c’est une fierté. Quand je passe sur l’avenue des Pins [où se situe le théâtre]… On a quand même fait quelque chose. Et ma carrière, c’est juste un plus. Ç’a marché, ç’a marché. »
« T’avais des choses à dire ! » lance Judi avec le sourire.