Le Journal de Quebec - Weekend

LA MÉTAMORPHO­SE DE DIANE

- MARIE-FRANCE BORNAIS Le Journal de Québec

Née à L’Isle-aux-Grues, la talentueus­e et très imaginativ­e Mireille Gagné a puisé dans ses souvenirs d’enfance pour écrire son nouveau roman, Le lièvre d’Amérique. Elle y raconte le parcours de Diane, une femme qui se fait implanter un gène de lièvre pour travailler plus et dormir moins. Toutefois, la « métamorpho­se » ne se passe pas comme prévu !

L’écrivaine explique qu’une crise de zona, l’an dernier, l’a obligée à ralentir le rythme. Elle s’est mise à lire sur les

workaholic­s – les gens qui sont des bourreaux de travail. Ce fut le point de départ du roman.

« J’ai trouvé ça intéressan­t : il y a différents niveaux. Il y a les workaholic­s enthousias­tes au travail, desquels je fais partie. J’ai beaucoup de plaisir à exécuter des tâches. Mais quand le plaisir s’en va et qu’on en a pris un peu trop, et qu’on n’a plus de plaisir à faire ce qu’on a à faire, on essaie de remplir un genre de trou qui ne s’emplit plus, parce que le plaisir n’y est plus. J’ai essayé de comprendre. Et c’est là que j’ai créé Diane. »

En faisant des recherches sur sa médication, elle est tombée sur des articles sur les animaux qui dorment le moins sur terre – dont le lièvre. « Je me suis dit, ça serait donc bien drôle si on pouvait modifier génétiquem­ent un humain et lui intégrer un gène de lièvre ! Et si Diane recevait un gène pour dormir moins et travailler plus ? »

Ça tourne mal pour Diane. L’opération a des effets insoupçonn­és… et affolants. Diane devient rousse en une nuit. Son odorat, sa vision, sa respiratio­n ont changé. Les mâles commencent à la suivre d’un peu trop près. Que faire ?

EUGÈNE

En parallèle, Diane se remémore une rencontre marquante de sa jeunesse, à L’Isle-aux-Grues, avec un jeune homme fasciné par les animaux en voie d’extinction, Eugène.

Certains éléments du roman, comme la disparitio­n d’Eugène et l’étable en feu, sont tirés de l’histoire de L’Isle-auxGrues. « Je me suis inspirée de certains trucs réels, mais je suis partie très tôt de l’île. Je n’ai pas eu d’histoires d’amour sur l’île. Eugène, c’est le nom de mon oncle, en fait, qui m’a parlé des vents, des marées. »

Son père, toute sa vie, a été guide de chasse sur l’Isle-aux-Oies. « Il était dépendant des marées. La nature a le contrôle, toi, tu ne fais que la subir. Il y a quelque chose de beau et de fort dans ce symbole et j’ai essayé de l’utiliser un peu dans le roman. »

EXPRESSION­S SAVOUREUSE­S

Mireille Gagné a également intégré le vocabulair­e et les expression­s savoureuse­s de L’Isle-aux-Grues dans son livre, glissant des expression­s comme « à la petite écore », « la dépouille de vent » et « la lune a les cornes en l’air ». Et toute son enfance, elle aussi a « couru le relais » : ramassé des trésors sur la grève.

◼Mireille Gagné est née à L’Isleaux-Grues et vit à Québec.

◼Elle a publié des livres de poésie et des nouvelles.

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LE LIÈVRE D’AMÉRIQUE Mireille Gagné. Éditions La Peuplade, 160 pages.

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