Le Journal de Quebec - Weekend

L’ESPOIR APRÈS LE DEUIL

- MARIE-FRANCE BORNAIS

Auteure renommée de polars, la Britanniqu­e Clare Mackintosh s’est momentaném­ent tournée vers un autre genre littéraire pour son nouveau roman, Le choix de revivre. Elle y raconte, de façon romancée, une histoire très dure inspirée d’une période difficile de sa vie : le moment où elle et son mari ont été confrontés à un choix difficile devant la maladie de leur fils. Cette décision a marqué leur vie.

Dans le roman, Clare Mackintosh raconte cette expérience au travers de Max et Pip, qui forment un couple solide. Très soudé, amoureux, solidaire. Cependant, lorsqu’ils doivent faire face à la décision la plus lourde et la plus importante de leur vie, ils ne parviennen­t pas à s’entendre.

Les conséquenc­es de ce choix impossible menacent de dévaster leur couple. Pour Max et Pip, rien ne sera jamais plus comme avant.

Ce roman est inspiré d’un fait vécu, triste et traumatisa­nt. En 2006, Clare Mackintosh et son mari ont été contraints de prendre une décision difficile : garder en vie leur fils gravement malade ou débrancher son respirateu­r artificiel et le laisser mourir.

Dans son roman, Clare Mackintosh explore avec lucidité et émotion les possibilit­és liées à cette décision. Elle en décrit les conséquenc­es, mais parle aussi d’espoir puisqu’elle retient qu’on a le choix de revivre après une épreuve.

Encouragée par son éditrice, Clare Mackintosh a choisi cette thématique pour son quatrième roman, même si elle s’était fait connaître par ses thrillers psychologi­ques.

En cours d’écriture, elle a réalisé qu’elle n’aurait pas pu l’écrire quelques années auparavant. « Le titre, en anglais, c’est After The End (Après la fin, NDLR). Ce n’est pas à propos de la tragédie, c’est à propos de notre façon d’y faire face et de ce qui se passe après », dit-elle.

Elle a dû parcourir un long chemin avant d’être prête à écrire. « Il fallait que je fasse ma propre démarche, il fallait que je sache que, oui, on peut arriver à être heureux de nouveau, et que c’est possible d’avoir le choix de revivre, d’avoir cette seconde chance. »

Comment a-t-elle trouvé la force d’affronter les événements du passé et leur bagage d’émotions intenses ? « Écrire mes mémoires aurait été difficile. Mais Le choix de revivre n’est pas mon histoire à moi. J’ai puisé dans plusieurs éléments de ma propre expérience, et je peux vous dire que c’était dérangeant, difficile à écrire, mais c’est une oeuvre de fiction. En écrivant l’histoire du point de vue de Max et Pip, je pouvais avoir une certaine distance. Mais j’ai encore du mal à relire certaines scènes. »

C’était cathartiqu­e, pense-t-elle. « J’étais policière avant de devenir écrivaine. On apprend à compartime­nter notre vie, à se fermer à nos émotions, parce qu’on fait face à des choses horribles. Il faut se refermer, autrement, on devient fou. Cette façon de faire a fait en sorte que j’arrivais à compartime­nter ma vie. J’étais capable de me fermer à mes propres émotions. »

Cette habitude lui a nui dans le processus de deuil. « Quand on doit faire face àundeuil,ilfautq u’on laisse sortir nos émotions. En écrivant Le choix de revivre, il fallait que je puise dans ces émotions et que je les laisse sortir, que je les observe, pour être capable d’écrire de manière authentiqu­e ce que cela signifie d’avoir un fils gravement malade. C’était pénible, mais ça m’a aidée à guérir. »

√ Clare Mackintosh vit en Angleterre. √ Elle est l’auteure de Te laisser partir (prix Polar au Festival Internatio­nal de Cognac), paru en 2015 et vendu à plus de deux millions d’exemplaire­s.

√ Ses romans sont traduits en 35 langues.

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LECHOIXDER­EVIVRE Clare Mackintosh, Éd. La belle étoile, 460 pages.

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