Le Journal de Quebec - Weekend

Francis Leclerc se mesure à un grand projet

- MAXIME DEMERS Le Journal de Montréal maxime.demers @quebecorme­dia.com

Après Babine et Ésimésac, deux films réalisés par Luc Picard qui ont eu du succès en salles en 2008 et en 2012, le conteur Fred Pellerin aura la chance de voir son univers fantastiqu­e adapté au cinéma pour une troisième fois. Et cette fois-ci, c’est le cinéaste Francis Leclerc qui aura la mission de faire revivre au grand écran les personnage­s légendaire­s de Saint-Élie-de-Caxton.

Leclerc (Pieds nus dans l’aube, Un été sans point ni coup sûr) a en effet amorcé mardi passé le tournage du film L’arracheuse de temps, une adaptation cinématogr­aphique du spectacle du même titre que Pellerin a présenté sur les planches de 2008 à 2011. Ce long métrage qu’il décrit comme son projet le plus ambitieux à ce jour réunira à l’écran Jade Charbonnea­u, Pier-Luc Funk, Céline Bonnier, Michèle Deslaurier­s et Marc Messier.

« Je ne peux pas révéler les coûts de production du film parce qu’ils risquent de changer encore à cause de la COVID-19, mais je peux quand même dire que c’est le plus gros budget avec lequel j’ai travaillé dans ma vie », a indiqué Francis Leclerc lors d’un entretien téléphoniq­ue accordé au Journal la semaine dernière.

« Évidemment, ce n’est pas comparable aux moyens dont disposent les films hollywoodi­ens du genre, loin de là. Mais je sens quand même que j’ai des outils que je n’avais pas pour mes films précédents. Et j’aime beaucoup ça. »

Francis Leclerc et Fred Pellerin ont commencé à collaborer il y a quelques années quand le cinéaste a invité le conteur à travailler sur les dialogues de son film précédent, Pieds nus dans l’aube, une adaptation du roman de Félix Leclerc (le père de Francis).

« Rapidement, on a trouvé une chimie et une parenté dans notre façon de travailler ensemble, relate Fred Pellerin. Ç’a été super le fun alors j’ai eu l’idée de l’embarquer dans le projet de L’arracheuse de temps. »

Après avoir vu Luc Picard adapter deux de ses contes (Babine et Ésimésac), Pellerin est emballé de voir un autre cinéaste porter son imaginaire à l’écran.

« Le cinéma me fait triper parce que c’est un travail qui implique beaucoup de personnes en même temps, observe le populaire conteur. Moi, mon travail de conteur est très solitaire. Je suis seul sur scène et j’écris seul. Au cinéma, c’est le contraire. Quand tu fais un film, il y a 150 ou 200 personnes qui vont s’en nourrir et pousser l’histoire un peu plus loin. La personne qui fait les costumes va voir beaucoup plus grand que ce que moi, j’imaginais. Même chose avec les décors. Ton idée de départ est donc multipliée par 150. »

PLUS ACTUEL QUE JAMAIS

L’arracheuse de temps relate l’histoire d’une grand-mère usée par la maladie qui tente de convaincre son petit-fils de 11 ans que la mort n’existe pas. Elle lui racontera les aventures de sa jeunesse à SaintÉlie-de-Caxton, en 1927, alors qu’elle avait tenté d’éliminer la mort dans le village.

« J’ai écrit ce conte quand mon père est mort [en 2007], explique Fred Pellerin. Toute la colère que je ressentais à cette époque, je l’ai déposée dans cette histoire où il y a un personnage qui tue la mort. Le récit se déroule il y a un siècle, mais avec tout ce qui se passe aujourd’hui avec la pandémie et cette ombre étrange qui plane sur nous, on dirait qu’il est plus d’actualité que jamais. C’est une histoire qui me plaît beaucoup parce que je trouve qu’elle va dans des zones où je ne suis pas allé souvent avec mes autres contes. » Même s’il décrit L’arracheuse de temps comme « une fable sur la mort », Francis Leclerc assure qu’on retrouvera dans son film l’humour, la poésie et la fantaisie des contes de Pellerin.

« Ce que j’ai aimé du conte de Fred quand je l’ai vu sur scène, c’est que c’est tellement drôle et touchant, confie le cinéaste. Pour moi, l’univers de Fred est très proche de celui de Chaplin. C’est cette émotion-là que je veux amener à l’écran avec ma vision des choses. »

Le tournage de L’arracheuse de temps a lieu cet automne à SaintArman­d, dans les Cantons-de-l’Est. Un second bloc de tournage est prévu au printemps prochain, à Montréal. Le film prendra l’affiche en 2021.

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