Le Journal de Quebec - Weekend
ADOUCIR LE QUOTIDIEN D’UN AUTISTE
Même si le trouble du spectre de l’autisme n’est pas nommé directement dans Clovis a peur des nuages, cette phobie fait partie de cette nouvelle histoire imaginée par Guylaine Guay et illustrée par Orbie. Mère de deux autistes maintenant d’âge adulte, Guy
Après le succès de Clovis est toujours
tout nu, premier album de la série Clovis, Guylaine Guay et Orbie ont travaillé sur un autre trait de Clovis. L’attachant petit blond aux cheveux frisés s’inquiète et pleure quand il voit des nuages de toutes les formes et des couleurs qui assombrissent le ciel.
Tout le monde essaie de l’aider à mieux vivre avec cette émotion, à commencer par sa mère. Créative, elle propose toutes sortes de solutions jusqu’à en trouver une qui aide vraiment.
Guylaine Guay dédramatise le vécu d’un enfant autiste non verbal, dans ce deuxième album de la série, qui en comptera cinq (au moins !). « Orbie a vraiment compris toute la douceur, la tendresse et l’humour, dans les albums. Dans chaque livre, ma muse, c’est mon fils, Clovis, qui va avoir 18 ans bientôt et qui est autiste non verbal. Tous les albums de Clovis seront inspirés de faits réels, de faits vécus », commente-t-elle. Dans le premier album, Clovis est toujours tout nu, elle racontait que Clovis était toujours en train de se déshabiller un peu partout, à cause de sa sensibilité sensorielle.
ANGOISSANTE MÉTÉO
Or, il fut un temps où son fils Clovis avait réellement peur des nuages, et il reste encore aujourd’hui inquiet lorsque le soleil ne brille pas dans le ciel. C’est le sujet du nouveau livre. « Pour lui, la météo, c’est anxiogène. Il y a quelque chose dans la pression atmosphérique, dans les nuages, quand le ciel est lourd, qui le rend très anxieux, pour vrai, encore aujourd’hui. »
« Il se réveille le matin, fait le tour de toutes les fenêtres de la maison. Quand on attend l’autobus scolaire, on marche jusqu’au coin de la rue pour qu’il voie l’horizon, pour voir ce qui s’en vient. Il sent vraiment la météo. »
Aujourd’hui, c’est un peu moins pire, ajoute l’auteure. « À l’école, l’ergothérapeute travaille avec lui avec des pictogrammes. Il y a une salle de calme, où il peut se réfugier quand c’est nuageux, parce qu’il n’y a pas de fenêtres. Reste que la météo, dans la vie de Clovis, ça prend ben de la place. Dans la mienne aussi, par le fait même. »
Guylaine a cherché des solutions, et en a trouvé une très originale pour le livre. Elle aurait aimé avoir l’idée de peindre un soleil dans un parapluie il y a dix ans…«J’aidessinédessoleilssurses stores, des soleils dans sa fenêtre. Reste que le livre parle d’une peur irrationnelle. Il y a toujours des nuages, dans le ciel, donc ça complique le quotidien. »
EN MODE SOLUTION
Elle ajoute que dans tous les albums de Clovis, le personnage de la maman attentionnée cherche des solutions pour qu’il soit mieux. « Dans chaque album, un thème sera abordé, et dans le prochain, ce sera sûrement sur les petits comportements répétitifs qu’ont certains enfants autistes, comme marcher sur la pointe des pieds ou faire du flapping .» Elle compte aussi parler de l’écholalie (répéter les mots) ou des rigidités alimentaires.
Cependant, elle ne nomme jamais l’autisme, dans le livre. « On ne dit pas que Clovis est autiste. C’est un choix artistique. Je voulais vraiment que le livre s’adresse à tout le monde. Ça ouvre quand même les discussions sur la différence. »
√ Guylaine Guay est diplômée de l’École nationale de l’humour.
√ Elle est animatrice, conférencière, chroniqueuse et comédienne.
√ Elle a publié Deux garçons à
la mère, un récit à succès dans lequel elle raconte son quotidien avec ses deux fils autistes, Léo et Clovis.
√ Elle est marraine de la Fondation Véro et Louis, qui vient en aide aux personnes vivant avec un trouble du spectre de l’autisme.
√ Orbie travaille comme illustratrice dans les livres jeunesse, la bande dessinée, le dessin de presse, l’affiche et la publicité, entre autres choses.