Le Journal de Quebec - Weekend
TERRIFIANT
Dix années après sa création, la saga Amnesia rapplique aujourd’hui avec un troisième épisode plus anxiogène, troublant et effrayant. Non seulement ce Rebirth s’impose comme le chapitre le plus efficace de la série, mais également comme l’un des meilleurs jeux d’horreur de la dernière décennie.
Un terrible accident d’avion. Une survivante à la mémoire défaillante. Un équipage volatilisé, disparu sans laisser la moindre trace. Quelques minutes suffisent à Amnesia : Rebirth pour bien établir les bases de son intrigue. Mais ce n’est qu’en cours de route qu’il dévoile ses vraies couleurs, entraînant le joueur dans un monde cauchemardesque et minimaliste, peuplé de créatures cabalistiques tapies dans la pénombre.
On prend donc ici le contrôle de Tasi Trianon, seule (?) survivante de cet
écrasement survenu en plein désert. Munie d’une simple – et mystérieuse – amulette, notre héroïne part à la recherche de ses pairs ou, à tout le moins, d’un moyen de rentrer à la maison. Et cette quête, dont on ne dévoilera que les grandes lignes afin de ne rien divulgâcher, prendra graduellement une tournure glauque, inquiétante et, ultimement, terrifiante.
Oui, terrifiante. Pas simplement apeurante. Réellement terrifiante.
IMMERSION OPPRESSANTE
Car l’équipe de Frictional Games parvient non seulement à créer des climats extrêmement anxiogènes, mais également à instaurer un sentiment d’effroi très puissant au fil de ses tableaux. L’environnement sonore, impeccable, contribue grandement à l’immersion quasi totale, oppressante à souhait.
En fait, rarement un jeu aura réussi à nous faire vivre d’aussi fortes émotions au bout de notre manette. Pour l’expérience ultime, on recommande d’explorer cet Amnesia : Rebirth dans l’obscurité totale, écouteurs aux oreilles. Un défi que seuls les joueurs les plus aguerris réussiront à relever.
Petit bémol, toutefois : l’héroïne très – voire trop – bavarde. En ponctuant le jeu de constantes remarques à voix haute, cette Tasi Trianon vient évidemment agacer le joueur, mais surtout rompre le sentiment d’immersion en nous rappelant que c’est bel et bien à travers les yeux d’une tierce personne que l’on découvre ce parcours horrifique.
On aurait donc souhaité une protagoniste plus taciturne mais, également, des mécaniques de contrôle plus efficaces. Celles auxquelles on a droit ici, plutôt bancales, viennent alourdir inutilement certaines manoeuvres courantes qui, à leur tour, compliquent la résolution de puzzles et remue-méninges somme toute plutôt simples.
N’empêche, Amnesia : Rebirth est une entrée franchement supérieure dans un genre – l’horreur – que peu de studios peuvent se vanter de maîtriser aussi bien. Bien réussi, Frictional Games. Très bien réussi, même !