Le Journal de Quebec - Weekend

«J’ÉTAIS RENDU LÀ»

- PATRICKDEL­ISLECREVIE­R Patrick, Yvon et vous est déjà offert en magasin. Pour suivre les activités de l’artiste : facebook.com/ pageoffici­elle.patricknor­man.

Au bout du fil, Patrick Norman entame notre conversati­on en me chantant une chanson de Chantal Pary. À 75 ans, l’artiste, qui célèbre ses 50 ans de carrière, a cédé à la tentation et a écrit ses mémoires avec sa complice d’écriture, Carmel Dumas. Il nous explique pourquoi cet exercice a parfois été émotif.

Patrick, qu’est-ce qui vous a convaincu d’écrire vos mémoires ?

C’est avant tout pour souligner mes 50 ans de carrière ; je pense que j’étais rendu là. Il y avait longtemps que les gens, tant mes amis artistes que le public, me disaient que je devrais écrire un livre sur ma vie. L’idée a fait son bout de chemin, même si je me suis longtemps demandé si j’avais vécu une vie assez intéressan­te pour en faire un livre. Finalement, j’ai réalisé que je devais le faire.

Comment avez-vous trouvé l’expérience de revisiter votre vie ?

Certaines périodes ont été difficiles et pénibles à revivre, simplement parce qu’elles racontent des moments passés avec des gens qui ne sont plus là aujourd’hui. Ç’a été un exercice très émotif. Certaines choses que je regrette sont aussi remontées à la surface, et j’ai trouvé ça un peu pénible. Mais l’exercice a aussi été bénéfique pour moi, car ça m’a permis de me rendre compte de certaines choses. J’ai réalisé qu’Yvon [son vrai nom est Yvon Éthier, NDLR] vivait la vie de quelqu’un d’autre, celle de Patrick Norman, depuis plusieurs décennies.

Et dans cette biographie, c’est Yvon ou Patrick qui se dévoile ?

Je pense que ça alterne entre les deux. Yvon prend beaucoup plus sa place aujourd’hui, et dans le livre aussi. Yvon ne l’a pas eu facile : à l’école, il n’était pas accepté, il se faisait crier des noms et il se faisait traiter de « moumoune ». Il faisait face à l’adversité. Je mangeais une volée quotidienn­ement à l’école. On m’intimidait aussi parce que j’avais les yeux croches. Tout ça part de là. Et plus tard, et ce, durant longtemps, ce furent les gens du métier qui ne voulaient pas de moi. Ça a fait en sorte que ça ne me tentait pas de me ramasser sous les feux de la rampe. Je voulais juste faire de la musique et m’amuser.

Quand et pourquoi est né Patrick Norman ?

Je pense que c’est au moment où j’ai réalisé que je méritais ma place. Mon entourage a aussi fait en sorte que je me suis mis à y croire. Un soir, Fernand Gignac est venu m’entendre chanter et il m’a encouragé à continuer. Peu à peu, j’ai vu qu’il y avait peut-être une place pour moi dans ce milieu.

Vous êtes-vous gardé un jardin secret en écrivant vos mémoires ?

Oui, il y a des endroits où j’ai préféré ne pas aller. Tout simplement parce que ça ne me tentait pas d’y aller.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada