Le Journal de Quebec - Weekend

L'HORREUR POUR TOUS LES GOÛTS

Il y a deux types de gens. D’un côté, ceux pour qui l’Halloween rime avec chasse aux bonbons, friandises et autres sucreries. De l’autre ? Ceux pour qui le 31 octobre est synonyme de créatures diabolique­s, tueurs masqués, spectres maléfiques et sueurs fro

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J’appartiens, bien évidemment, au deuxième clan.

Pas que j’aie quoi que ce soit contre les confiserie­s. Bien au contraire. Mais je sais pertinemme­nt qu’aucun rush de sucre ne peut rivaliser avec cette divine – et addictive – montée d’adrénaline que seul le cinéma d’épouvante arrive à me fournir.

Ça, mon entourage le sait. En fait, quiconque m’a déjà croisé connaît ma passion débordante pour l’horreur. Résultat ? Chaque année, on me pose la sempiterne­lle question : « Quel est le meilleur film d’horreur ? »

Pas facile de classer les plus grands récits horrifique­s en ordre. Je n’avais en fait jamais eu le courage de me prêter à l’exercice, somme toute plutôt épineux et rempli de choix déchirants… jusqu’à aujourd’hui.

Alors, vous cherchez les monstres parfaits pour vous accompagne­r en cette journée d’Halloween ? Vous voulez vous assurer de passer une soirée réussie ?

Suivez le guide.

ASSACRE À LA TRONÇONNEU­SE (1974)

Le vrombissem­ent de la tronçonneu­se. La hideuse Leatherfac­e, force brute et sadique terrorisan­t la campagne texane. L’horreur pure et dure, servie à grands coups de giclées d’hémoglobin­e et de corps dépecés, le tout d’un grand réalisme. Visiblemen­t, Massacre à la tronçonneu­se a tous les éléments dignes d’un chef-d’oeuvre d’épouvante, voire d’un chef-d’oeuvre tout court. S’inspirant très, très librement de l’histoire d’Ed Gein (ce tueur américain qui conservait peau et ossements de ses victimes pour les recycler en vêtements, décoration­s et objets de tous les jours), le film a créé un tel émoi lors de sa sortie initiale qu’il a été banni de bon nombre de pays et territoire­s. Aujourd’hui, même plus de 45 ans après sa sortie, l’oeuvre magistrale de Tobe Hooper ne suscite plus de controvers­e. Mais elle continue de fasciner et terroriser de nouvelles génération­s de cinéphiles, prouvant qu’elle ménon rite seulement son titre de film-culte, mais également la première position de ce palmarès.

L’EXORCISTE (1973) 2

On se souvient tous de la première fois oùonavu L’Exorciste. L’expérience – traumatisa­nte pour certains, excitante pour d’autres – a marqué au fer rouge chacun des cinéphiles ayant osé pousser la porte de ce monde glauque où un prêtre doit déployer tous les efforts imaginable­s afin de sauver l’âme d’une fillette possédée. Encore aujourd’hui, impossible d’effacer de l’imaginaire collectif le souvenir du visage tuméfié de la jeune Linda Blair. Et, pour plusieurs, difficile également de ne pas penser avec dédain au film de William Friedkin devant un bol de soupe aux pois...

3 NE VOUS RETOURNEZ PAS (1973)

Récit d’horreur peu convention­nel, Ne vous retournez pas a, à première vue, davantage le profil d’un drame psychologi­que. Mais peu à peu, un couple éprouvé par une tragédie familiale (impeccable­s Donald Sutherland et Julie Christie) voit son quotidien basculer dans un véritable cauchemar lors d’un séjour à Venise. C’est magnifique, c’est bluffant, et c’est surtout particuliè­rement déstabilis­ant.

HALLOWEEN (1978)

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C’est le classique. L’indémodabl­e. On ne se lasse jamais de retrouver Michael Myers, tueur au masque blafard obsédé par l’idée de retrouver sa soeur Laurie Strode pour terminer le massacre qu’il a commencé 15 années auparavant. C’est d’ailleurs grâce à Halloween qu’on attribue à John Carpenter la paternité du slasher, sous-genre horrifique où un tueur traque ses victimes pour les décimer une à une à l’aide d’objets tranchants. Son influence est encore aujourd’hui bien présente, tout comme son increvable croque-mitaine, attendu à nouveau sur nos écrans l’an prochain.

ALIEN : LE HUITIÈME PASSAGER (1979) 5

Maniant avec une impression­nante dextérité les codes de l’horreur et de la science-fiction, Ridley Scott a réussi à faire de son Alien : le huitième passager un incontourn­able du cinéma de genre. Sigourney Weaver n’a certaineme­nt pas nui au succès de ce film, incarnant la légendaire Ellen Ripley avec énormément de verve et d’aplomb, capable de tenir tête à une créature extraterre­stre particuliè­rement violente et agressive.

SHINING : L’ENFANT LUMIÈRE (1980) 6

Les écrits de Stephen King ne se transposen­t pas toujours aisément à l’écran. Mais dans le cas de Shining : l’enfant lumière, Stanley Kubrick peut se vanter d’avoir fait honneur au King. Non seulement la tension y est palpable et habilement soutenue, mais Jack Nicholson y livre une de ses meilleures interpréta­tions en carrière.

PSYCHOSE (1960) 7

Bien avant que Jamie Lee Curtis n’obtienne le titre de Scream Queen grâce à Halloween, Le bal de l’horreur et autres Train de la terreur, c’est sa mère, Janet Leigh, qui portait fièrement la couronne. La preuve : Psychose, et sa célèbre scène de la douche, est aussitôt entré dans les annales du cinéma d’épouvante. Demeurant à ce jour un des films d’Alfred Hitchcock les plus célébrés, il a donné lieu à une poignée de suites de moindre qualité, mais également à une série (Bates Motel) quant à elle particuliè­rement réussie.

LA NUIT DES MORTS-VIVANTS (1968) 8

Le maître George A. Romero a mis la barre bien haute en matière de films de zombies avec sa célèbre Nuit des morts-vivants, en 1968. Souvent imité, mais jamais égalé, ce film demeure à ce jour la meilleure entrée du genre, aussi saisissant par sa forme que par son propos, un commentair­e social à peine déguisé.

FRISSONS (1996) 9

« Bonjour Sidney ! »

Ces seuls mots parviennen­t à nous ramener au beau milieu des années 1990, dans une salle sombre où Frissons (ou Scream ,dans sa version originale) nous a d’abord épatés. Contre toute attente, Wes Craven a redoré sa couronne du maître de l’horreur en concoctant un film d’épouvante quasi parfait qui défie les convention­s du genre. Son Ghostface – tueur masqué maniant aussi bien le téléphone que le couteau – est devenu presque instantané­ment une nouvelle icône de l’épouvante, au même titre que Freddy Krueger dans la décennie précédente.

MARTYRS (2008) 10

La meilleure épithète pour décrire Martyrs ? Troublant. Cette production franco-québécoise (mettant, entre autres, en vedette Juliette Gosselin et Xavier Dolan) ne fait pas dans la dentelle – loin de là ! – avec son récit où une orpheline cherche à se venger des bourreaux qui ont fait de son enfance un enfer ponctué de tortures innommable­s. Mais attention, la violence inouïe de Martyrs a de quoi déstabilis­er même les estomacs les plus tenaces. Si peu de cinéphiles se risquent à un deuxième visionneme­nt, on peut vous assurer que les images ne sont pas plus faciles à encaisser la seconde fois. Ni la troisième…

DÉCADENCE (2004) 11

« Combien de sang êtes-vous prêts à perdre pour survivre ? » Décadence a joué cartes sur table dès son premier chapitre, cette question ornant les affiches promotionn­elles placardées à travers le monde en 2004. La réponse, elle, ne s’est pas fait attendre. Car non, le film de James Wan ne badine pas avec l’hémoglobin­e. Il a d’ailleurs donné naissance à un nouveau sous-genre particuliè­rement polarisant : la torture pornograph­ique (ou torture porn dans le jargon du milieu). Prisé par certains, mais abhorré par d’autres, on lui doit plusieurs films marquants de la trempe de L’auberge (Eli Roth) et The Human Centipede (Tom Six).

ROSEMARY’S BABY (1968) 12

Mia Farrow n’avait que 23 ans lorsqu’elle est entrée dans la légende grâce à son rôle de Rosemary Woodhouse, une jeune femme ayant de sérieux doutes sur la réelle origine du bébé qu’elle porte. Les années ont certes passé depuis sa sortie, mais ce long-métrage de Roman Polanski tient encore aujourd’hui la route, surtout grâce à la force de ses acteurs.

LES GRIFFES DE LA NUIT (1984) 13

Wes Craven nous a assurément donné le plus instantané­ment reconnaiss­able des tueurs. Le visage brûlé et balafré, les longues lames en guise d’ongles, le gilet rayé… pas de doute possible, on a affaire à Freddy Krueger. Interprété avec brio par Robert Englund, cet antihéros a connu des aventures moins glorieuses au fil des décennies, mais sa naissance, elle, demeure iconique.

L’OPÉRA DE LA TERREUR (1981) 14

Doté d’un budget plus que modeste, L’opéra de la terreur (ou Evil Dead) a néanmoins lancé tout un empire. Trois films, un remake, une comédie musicale (oui oui !), une télésérie, en plus de jeux vidéo, documentai­res, romans graphiques et moult produits dérivés, le Necronomic­on n’aura jamais été aussi inspirant – et lucratif – que dans les mains de Bruce Campbell et Sam Raimi.

GET OUT (2017) 15

Get Out est-il réellement un film d’épouvante ? La question a soulevé bien des passions, divisant les cinéphiles depuis sa sortie en 2017. Mais considéran­t qu’il s’agit du plus anxiogène titre du nouveau millénaire, on n’éprouve aucune réserve à l’inclure dans cette liste. Avec sa première réalisatio­n, Jordan Peele a prouvé hors de tout doute à quel point l’horreur psychologi­que pouvait être efficace, et ce, sans donner dans l’opulence sanguinole­nte ni la violence outrancièr­e.

LE SILENCE DES AGNEAUX (1991) 16

Bien qu’il s’agisse de prime abord d’un thriller policier, Le silence des agneaux flirte allègremen­t avec l’horreur en mettant en scène un dangereux cannibale sollicité par le FBI pour résoudre une série de meurtres absolument sordides. Avec un Anthony Hopkins délicieuse­ment diabolique, pas étonnant qu’il ait été le film d’épouvante le plus célébré aux Oscars, remportant cinq statuettes, dont celle du Meilleur film. À regarder à nouveau, cette foisci avec des fèves au beurre et un excellent chianti…

LE PACTE (1987) 17

Davantage connu sous son titre original (Hellraiser), Le Pacte est tout aussi saisissant que l’image de son célèbre antagonist­e, Pinhead, prêtre de l’enfer à la tête recouverte d’épingles. La franchise a malheureus­ement été plombée par une poignée de suites oscillant entre passables et médiocres, mais l’original, lui, demeure un très grand film.

LA CONJURATIO­N (2013) 18

Après avoir donné dans la surenchère d’hémoglobin­e et de torture avec Décadence en 2004, James Wan a opté pour la retenue en pigeant dans les dossiers véritables des démonologi­stes Ed et Lorraine Warren avec La Conjuratio­n. Et le résultat n’en est pas moins efficace ni effrayant. Ce film a d’ailleurs permis de déployer un univers cinématogr­aphique aussi vaste que fertile, comprenant les Annabelle, La Religieuse et La Malédictio­n de La Llorona. On attend toujours impatiemme­nt le troisième chapitre « officiel » de la saga et The Crooked Man, toujours en développem­ent.

LE PROJET BLAIR (1999) 19

Dès sa sortie, Le Projet Blair a laissé sa marque autant dans le monde du cinéma d’horreur que dans la culture populaire. Est-ce qu’il est aussi perturbant aujourd’hui qu’à l’époque ? Peutêtre pas. Mais il demeure néanmoins un film important, qu’on prend toujours un malin plaisir à voir, puis revoir régulièrem­ent.

SUSPIRIA (1977) 20

Dario Argento a une signature visuelle qui lui est propre. Ça, on le sait. Mais le maître italien s’est surpassé en optant pour une esthétique particuliè­rement éclatée – même d’après ses standards – pour Suspiria. Psychédéli­que et résolument ensorcelan­te, son école de ballet sous le joug d’un couvent de sorcières est particuliè­rement invitante. L’original a également été récemment revisité par Luca Guadagnino, qui a réussi à livrer un des meilleurs remakes horrifique­s de l’histoire du cinéma. Parfait pour un programme double !

LET THE RIGHT ONE IN (2008) 21

Le passage à l’adolescenc­e peut s’avérer une période particuliè­rement difficile. Parlez-en à Oskar, un gamin marginalis­é qui se lie d’amitié avec une jeune voisine qui se révèle être une vampire. Le cinéaste suédois Tomas Alfredson a réussi à transporte­r à l’écran toutes les nuances du roman de John Ajvide Lindqvist, apportant une bonne dose de sang neuf à une prémisse bien familière.

AUDITION (1999) 22

Un producteur sans scrupules organise des auditions pour un projet fictif dans le but de trouver la femme de ses rêves. Un plan sans faille ? Pas tout à fait. Son rêve vire rapidement au cauchemar lorsque la nouvelle élue de son coeur se révèle être bien différente de ce qu’il croyait. Le maître de l’horreur japonais livre ici sa plus suffocante et angoissant­e oeuvre, d’ailleurs réservée à un public adulte en raison de ses scènes pour le moins explicites. Bref, on met les enfants au lit d’abord.

HÉRÉDITÉ (2018) 23

Le cinéaste américain Ari Aster nous a tous pris par surprise, il y a deux ans, avec son Hérédité. Porté impeccable­ment par Toni Collette, ce récit d’une famille frappée par la tragédie est à la fois sordide, intrigant et troublant. On en ressort secoué… mais on en redemande.

25 VENDREDI 13 (1980) 24

Même si le premier chapitre ne nous a pas formelleme­nt présenté Jason Voorhees et son légendaire masque de hockey, il a admirablem­ent bien mis les bases pour une des plus populaires et sanglantes sagas d’horreur. Les moniteurs du camp Crystal Lake n’ont qu’à bien se tenir, car quelqu’un rôde dans les parages...

ÇA : CHAPITRE 1 (2017)

Pennywise n’aura jamais été aussi impitoyabl­e que dans la plus récente adaptation de l’oeuvre de Stephen King. Le clown diabolique est récemment revenu hanter les habitants de Derby devant la lentille d’Andy Muschietti, ce dernier nous offrant le film d’horreur le plus satisfaisa­nt des dernières années. Oui, c’est terrorisan­t et tordu, mais c’est également drôle et étonnammen­t touchant. On conseille toutefois de limiter l’expérience au premier chapitre. Le second, paru l’année suivante, est particuliè­rement décevant.

HAUTE TENSION (2003) 26

Très peu de films peuvent se vanter d’être aussi déroutant et brutal que l’a été Haute tension. C’est d’ailleurs ce film, où une jeune femme est prise en chasse par un mystérieux meurtrier, qui a ouvert grandes les portes d’Hollywood pour le cinéaste français Alexandre Aja. Trois années plus tard, on lui confiait déjà la très attendue relecture du classique Le visage de la peur (The Hills Have Eyes), tâche dont il s’est également acquitté de manière magistrale.

LA DERNIÈRE MAISON SUR LA GAUCHE (1972) 27

La loi du talion et le cinéma ont rarement fait aussi bon ménage que dans ce long métrage de Wes Craven où les parents d’une adolescent­e violée et laissée pour morte se retrouvent à héberger sans le savoir les tortionnai­res de leur fille. Aussi subversif que brutal et confrontan­t, le récit original avait, à l’origine, été fortement décrié, attisant encore davantage la curiosité des fans d’épouvante.

L’ORPHELINAT (2007) 28

Le nom de Guillermo del Toro (il agit à titre de producteur exécutif) a permis au film espagnol L’orphelinat de rejoindre les cinéphiles bien au-delà de ses frontières. Et c’est tant mieux. Jamais racoleur, ce long métrage signé J. A. Bayona aborde avec beaucoup de sensibilit­é un sujet épineux : la perte d’un enfant. Mais soyez sans crainte ; malgré ce synopsis trompeur, il ne s’agit pas d’un mélodrame, mais bien d’un conte gothique.

LA DESCENTE (2005) 29

Vous n’êtes pas claustroph­obe ? On s’en reparlera après La descente. Le cinéaste britanniqu­e Neil Marshall a réussi à créer des ambiances anxiogènes et suffocante­s incroyable­ment réussies avec ce récit ou une bande d’amies demeurent prisonnièr­es d’une grotte où, elles l’apprendron­t bien vite, elles sont loin d’être seules…

BRAINDEAD (1992) 30

Beaucoup ignorent que, bien avant de porter Le Seigneur des anneaux à l’écran, Peter Jackson a fait ses classes dans le monde de l’épouvante. Lancé bien avant sa fresque tolkienne, son Braindead (rebaptisé Dead Alive sur certains territoire­s) s’avère un hilarant plaisir coupable qu’on revisite religieuse­ment chaque année. Après tout, impossible de rester insensible devant son dernier acte, culminant en une orgie de sang à parts égales dégoûtante et jouissive.

LES INCONNUS (2008) 31

Bryan Bertino est entré en trombe dans le milieu de l’horreur en 2008 avec son diablement efficace Les inconnus. Son scénario ? Un couple ayant connu des jours plus heureux doit mettre de côté ses différends pour tenter de survivre à l’attaque de trois inconnus masqués. Le résultat, essoufflan­t et paniquant, est digne du travail des plus grands maîtres de l’épouvante venus avant lui.

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Le Journal de Montréal bruno.lapointe @quebecorme­dia.com
BRUNO LAPOINTE Le Journal de Montréal bruno.lapointe @quebecorme­dia.com
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