Le Journal de Quebec - Weekend
L’ART N’EST PAS JUSTE UN LUXE
Elle peut bien prétendre que les trois Félix qu’elle a remportés, l’an dernier, la comblent et que chaque nouvelle mise en nomination constitue pour elle une surprise, mais la pianiste Alexandra Stréliski sera tout de même une des artistes à surveiller à la 40e édition du Gala de l’ADISQ, demain soir.
Un an plus tard, son étoile brille toujours aussi fort. Après avoir été sacrée révélation de l’année et avoir mis la main sur les Félix de l’album instrumental, pour Inscape, et d’auteure-compositrice de l’année, en 2019, la musicienne néoclassique est cette fois en lice pour deux autres prix importants (en plus de ses deux nominations au Premier Gala, qui avait lieu mercredi). Le premier a de quoi surprendre. Alexandra Stréliski livrera bataille à Marie-Pierre Arthur, Isabelle Boulay, Marie-Mai et Ariane Moffatt pour le Félix de l’interprète de l’année.
Une artiste instrumentale dans une catégorie normalement réservée aux chanteurs et chanteuses ? C’est une première.
Un musicien n’est pourtant pas moins un interprète, fait valoir Alexandra Stréliski.
« En musique, l’interprétation veut simplement dire jouer d’un instrument. Nous avons tendance à associer ça à des chanteurs, mais un violoniste est un interprète, un acteur est un interprète. Il n’y a pas de raison de ne retrouver que des chanteuses dans cette catégorie. La façon dont je rends la musique que je compose, ça fait partie de l’interprétation », argumente-t-elle.
N’empêche, elle a été étonnée que son nom surgisse dans cette catégorie. « D’habitude, je vois des Marie-Mai, des Coeur de pirate… »
ÉMOTIONS MAGIQUES
Cela nous mène à son autre nomination, dans la catégorie du spectacle de l’année d’un(e) auteur (e), compositeur (trice) et interprète.
Celle-là lui fait chaud au coeur parce qu’avant de partir en tournée dans la foulée du succès de l’album
Inscape, Alexandra Stréliski n’avait jamais fait de spectacles.
« C’est symbolique, parce que je m’ennuie de ma gang de tournée. Cette nomination me rappelle l’aventure qu’on a vécue. D’un autre côté, c’est mon parcours personnel, le fait d’avoir affronté mes peurs, d’avoir joué relativement vite dans de grandes salles. J’ai vécu des émotions magiques », dit la musicienne, consciente qu’elle s’est beaucoup améliorée comme artiste de scène depuis le début de sa tournée.
« C’est le jour et la nuit. Au début, j’étais gênée. Les spectacles allaient bien, ça n’a jamais été une catastrophe, mais à la fin, c’était rendu une deuxième nature de monter sur scène trois fois par semaine. C’était devenu quelque chose de fun. Je ne pensais jamais me rendre là », confie-t-elle.
UNE DEUXIÈME VAGUE PLUS DIFFICILE
Outre les nominations, le Gala de l’ADISQ sera surtout une occasion pour Alexandra Stréliski de sortir de son confinement et de voir des amis. Elle l’admet, la deuxième vague est plus difficile que la première.
« Lors du premier confinement, j’avais besoin d’arrêter, donc ça m’a fait du bien au début. Je suis dans un couple binational, alors j’ai eu des problèmes avec les frontières, sauf que ça allait. »
« Là, poursuit-elle, je ne trouve pas ça plaisant de voir que la culture prend un autre coup. C’est là qu’on rentre en mode solutions et en mode résilience. […] Le gouvernement doit décider que l’art n’est pas juste un luxe. Manger, dormir, avoir un toit, c’est la base, mais la santé mentale est cruciale. Et l’art aide la santé mentale. Il faut mettre ça de l’avant, parce que ce n’est pas le fun de se sentir non essentiel. »
Que fait-elle, alors, en confinement ? « Des rénos dans ma cuisine », répond-elle en riant. Elle compose aussi de nouvelles chansons. « Composer actuellement est plus difficile que durant la première vague, parce qu’il y a une espèce d’incertitude que je n’ai pas réussi à canaliser dans la création. J’imagine que ça viendra. »
Animé par Louis-José Houde, le Gala de l’ADISQ sera télédiffusé à Ici Radio-Canada Télé, demain soir, à compter de 20 h.