Le Journal de Quebec - Weekend
S’ADAPTER PANDÉMIE À LA
« Tourner en mode COVID, c’est accepter qu’il va y avoir beaucoup d’embûches et qu’on va devoir trouver des solutions pour les contourner. »
C’est ainsi que l’actrice et réalisatrice Marianne Farley décrit les premières semaines de tournage de son premier long métrage, Au nord d’Albany, dans lequel elle dirige notamment Céline Bonnier, Zeneb Blanchet, Rick Roberts et Kelly Depeault.
N’eût été la pandémie, Marianne Farley aurait pu tourner quelques scènes de ce film bilingue dans les Adirondacks (là où se déroule une grande partie de l’action) et aurait probablement inclus une vedette américaine parmi son groupe d’acteurs. Mais la fermeture des frontières l’a forcée à revoir ses plans.
« Il a fallu recréer les États-Unis au Québec », expliquait plus tôt cette semaine la réalisatrice dans un entretien téléphonique accordé au Journal.
« On a un assez petit budget, donc ça demande beaucoup de créativité de la part de tous nos chefs de département (direction artistique, décors, etc.). On tourne dans les Laurentides, dans les Cantons-de-l’Est et à différents endroits autour de Montréal. On a la chance d’avoir une architecture assez semblable [à celle des villes de l’État de New York]. Ç’a été de la job de trouver les maisons de nos personnages, mais il y a quand même du choix. On a été capables de trouver ce qu’on cherchait. »
Comme tous les autres tournages qui ont lieu en ce moment, Marianne Farley et son équipe doivent respecter un protocole sanitaire strict. Port du masque, distanciation physique et prise de température font désormais partie du quotidien sur les plateaux.
« À ce niveau-là, ça se passe mieux que je pensais, admet la cinéaste. Je crois que tout le monde est extrêmement conscient de l’importance de suivre le protocole sanitaire pour le bien de l’industrie au complet. On ne veut pas qu’il y ait de cas parce que ça serait dommageable pour tout le monde. Les gens sont donc très responsables sur le plateau. »
DE MONTRÉAL À ALBANY
Marianne Farley, qui a été nommée aux Oscars en 2019 pour son court métrage Marguerite, s’est inspirée d’une mésaventure qu’elle a vécue il y a quelques années pour écrire Au
nord d’Albany. Alors qu’elle revenait d’une visite chez son frère aux États-Unis avec ses deux enfants, sa voiture est tombée en panne à l’entrée des Adirondacks.
« Ç’a été une aventure merdique, relate-t-elle en riant. J’ai été coincée aux États-Unis une semaine de plus parce que ma voiture était dans un garage. En revenant à Montréal, j’ai dit à mon conjoint de l’époque, Claude Brie, qui est aussi coscénariste, qu’il fallait s’inspirer de cette histoire pour écrire un film. Ç’a été le point de départ pour l’écriture du scénario. »
Au nord d’Albany met donc en scène une mère monoparentale (jouée par Céline Bonnier) qui décide de fuir Montréal avec ses deux enfants, dont sa jeune adolescente (Zeneb Blanchet) qui vient de s’en prendre physiquement à une fille qui la harcelait. La petite famille devra s’arrêter dans un petit village des Adirondacks après que sa voiture soit tombée en panne.
« C’est un projet qui me tient à coeur depuis longtemps parce que ça parle de la famille et de la fuite. Je considère qu’on a tous nos manières de fuir. Fuir l’intimité, la confrontation, la vie en général. C’est un projet qui s’inscrit dans la même lignée que mes films précédents. »
Céline Bonnier partage son temps entre deux plateaux de tournage cet automne : celui d’Au nord d’Albany, mais aussi celui du film L’Arracheuse
de temps, de Francis Leclerc. Elle dit avoir eu un coup de coeur pour le projet de Marianne Farley quand la cinéaste l’a approchée pour le rôle principal l’été dernier.
« J’ai beaucoup aimé son scénario et sa façon d’approcher l’écriture, avec une belle économie des mots, souligne l’actrice. C’est quelque chose que j’avais déjà remarqué dans son court métrage Marguerite. Il y a de la place pour les silences. »