Le Journal de Quebec - Weekend
« AVEC DE LA POÉSIE, TOUT EST TOUJOURS PLUS DOUX »
Nombreux sont ceux qui ne peuvent s’empêcher de faire un voeu chaque fois que leur montre affiche 11 h 11. Mais Lynda Lemay, elle, a poussé le concept plus loin. Beaucoup plus loin, même. La chanteuse s’est inspirée de cette superstition pour préparer 11 albums de 11 chansons qu’elle compte lancer dans les 1111 prochains jours. Le projet le plus ambitieux de sa carrière. « Et peut-être aussi le plus fou », laisse-t-elle tomber en riant.
Elle est de retour. Finalement. Après une absence de quelques années où elle a été précipitée au chevet de son père, Lynda Lemay est prête à reprendre la cadence. Mais cette pause n’aura pas été vaine, côté créatif. Car c’est en accompagnant son père vers son dernier dernier voyage que la genèse de ce projet lui est venue. Car durant les derniers moments de lucidité de son père, c’est vers la création que s’est tournée la chanteuse pour affronter l’inévitable. « Je ne savais pas trop gérer ça, d’être face à la mort avec lui. Pendant les quelques semaines qui ont précédé son décès, papa et moi, on faisait des rimes ensemble, qui allaient devenir des chansons. C’est venu dédramatiser tout ce qu’on était en train de vivre. Avec de la poésie, tout est toujours plus doux, plus facile », confie Lynda Lemay en entretien au Journal.
« DÉBORDEMENT D’ÉMOTION »
Ça, c’est en quelque sorte typique pour la chanteuse. Car tout au long de sa carrière – qui s’étale déjà sur plus de trois décennies – elle a abordé de front, sans détour, des thématiques sombres et sensibles, armée seulement de sa plume franche et de sa guitare. Les fans se souviendront de quelques-uns de ses écrits, interprétés par elle-même ou encore offerts à d’autres artistes, abordant le deuil, le suicide ou encore l’inceste.
Et ce nouveau projet ne fait pas exception à cette règle. Car en plus d’être teinté du décès de son père, il se frotte à des sujets tels que la violence conjugale, la vieillesse, la COVID-19 et la transidentité.
Les fans pourront se procurer les deux premiers albums, Il était onze fois et Des milliers de plumes, à compter de mercredi… le 11e jour du 11e mois.
« J’aime l’humain, alors je ne me sens loin d’aucune réalité. Peu importe le sujet, tant qu’il est en lien avec l’humain et qu’il me cause un débordement d’émotion, je veux en parler. Et à partir du moment où on en parle, il devient beaucoup moins lourd à porter », insiste-t-elle.
EN DUO
La thématique de la transidentité s’annonce d’ailleurs particulièrement présente au fil des 11 albums attendus au cours des trois prochaines années. Car chacun comportera une version différente de la chanson Mon drame avec sa signature sonore bien distincte. Chacune d’entre elles sera accompagnée d’une voix différente qui viendra se marier avec celle de Lynda Lemay.
Des exemples ? Les premières ébauches comptent sur la présence de Claude Pineaut dans un cas, et de Tom-Éliot Girard. Souhaitant garder quelques surprises dans son sac, la chanteuse accepte simplement de dévoiler que Maxime Landry s’est également prêté au jeu, pour une version à venir.
BIENTÔT EN IMAGES
« Mais ce n’est pas tout », indique Lynda Lemay avant d’éclater de rire.
En effet. En plus de ces 11 albums à venir, la chanteuse a sélectionné 11 titres qu’elle met présentement en images avec l’aide du réalisateur Éric Morin. Joints bout à bout, ces clips formeront un film (ou « mélo-métrage », dans les mots de Lynda Lemay) racontant une seule et même histoire.
« La pandémie est venue compliquer les tournages. Mais ça s’en vient », avance-t-elle, ajoutant souhaiter présenter le résultat final avant les Fêtes.
Une tournée est également dans les cartes, mais elle ne se dessinera que lorsque les mesures sanitaires le permettront.