Le Journal de Quebec - Weekend
ENCORE PLUS GRUNGE
Mélodie Spear a pris un an de plus que prévu pour sortir son premier EP. « J’ai grandi », a justifié la jeune artiste de Québec. Mais pas au point de renier sa fougue grunge.
« Des fois, je montre une toune, les idées que j’ai dans ma tête, et ma bassiste me lance : “Hey, c’est tellement Sonic Youth !” Ben oui… » s’amuse la jeune femme de 22 ans, qui revendique plus que jamais son identité musicale inspirée des années 1990.
« Même plus qu’avant. Auparavant, je calquais le grunge au lieu de créer mon propre grunge et mon “abrasivité” intérieure », explique la rockeuse gagnante du concours Ma Première Place des Arts, en 2019.
Elle se dit aussi plus impliquée dans le processus créatif. « J’ai beaucoup cheminé du point de vue des arrangements. Avant, je laissais Shampooing (le réalisateur Benoit Villeneuve) mettre la main à la pâte. J’arrivais chez lui, il y avait un Félix sur son bureau, je me disais : je ne me mêle pas de ça. »
« Aujourd’hui, enchaîne-t-elle, je me fais plus confiance. Ça donne une chanson comme Dans les limbes, qu’on a enregistrée live avec tous les musiciens, ou Les enfants de la tempête, où c’est moi qui fais tous les instruments. »
LE REGARD DE L’ENFANT
Sa collection de cinq chansons forme le mini-album Fabulations. Deux d’entre elles dont déjà connues de ceux qui la suivent de près : Ana et Coeur Malade, ici légèrement peaufinées, mais reconnaissables.
Entre ses élans de poésie et son utilisation de la langue d’ici, Mélodie Spear touche à des thèmes rarement exploités, comme le divorce, vu à travers le regard de l’enfant, dans la ballade Les enfants de la tempête.
« Pour notre génération et celle de nos parents, le divorce est devenu une norme. Cette chanson est une catharsis pour tous ceux qui l’ont vécu », dit-elle. Qu’en pensent ses propres parents ? « Ils peuvent se sentir interpellés, mais j’adore mon père et j’adore ma mère. Ce n’est pas contre eux, c’est pour illustrer une réalité. »
Le EP Fabulations est maintenant disponible.