Le Journal de Quebec - Weekend

DANSER ET RÉFLÉCHIR

Dans un enrobage électro dansant qui évoquera chez nous la musique de Stromae, ses chansons parlent de harcèlemen­t sexuel, d’environnem­ent et d’homophobie. Bienvenue dans l’univers de Suzane, sensation musicale de la dernière année en France, dont l’oeuvr

- Le Journal de Québec cedric.belanger@quebecorme­dia.com CÉDRIC BÉLANGER

La première rencontre avec le public québécois aurait dû avoir lieu il y a déjà plusieurs mois. À l’affiche des Francofoli­es, Suzane, née Océane Colom, a malheureus­ement dû réviser ses plans à cause de la COVID-19.

La découverte des pièces de Toï Toï, le premier album de la lauréate de la Victoire révélation scène 2020, a donc été reportée à l’automne.

Au bout du fil, Suzane se souvient de son seul voyage au Québec, comme touriste. Dans un chalet du mont Mégantic, elle avait eu l’inspiratio­n d’une des chansons de son album.

« J’étais dans un refuge, en pleine nature, il neigeait encore un petit peu. Il n’y avait pas de miroir, rien. C’est ce qui m’a montré l’importance de l’image qu’on renvoie de nous. C’est à ce moment que Pas beaux est sorti de ma tête. »

PASSER DES MESSAGES

Née à Avignon, Suzane n’a pas percé à la fin de l’adolescenc­e ou dans sa jeune vingtaine, comme c’est devenu la norme dans le monde de la musique pop.

Pendant plusieurs années, elle a enchaîné les petits boulots avant de devenir serveuse dans un restaurant, puis dans un bar de Paris. Observatri­ce, elle y a puisé les histoires devenues l’épine dorsale de ses chansons.

Meilleur exemple : SLT, percutante dénonciati­on de la culture du harcèlemen­t où elle joue le rôle de l’agresseur dans les couplets avant de scander « bats-toi fillette » dans le refrain.

« J’ai l’impression que la musique sert surtout à faire passer des messages. Bon, elle ne peut pas changer le monde, évidemment, mais elle peut permettre de se libérer de certains diktats », avance Suzane, dont la particular­ité des chansons est de susciter la réflexion tout en provoquant une furieuse envie de se déhancher.

Un paradoxe qu’elle revendique avec fierté.

« Je rencontre souvent des gens qui m’ont découverte par hasard au concert. Ils trouvent ça très dansant au départ et puis, d’un coup, ils se disent : elle est quand même en train de raconter un truc qui m’accroche. »

DE LA DANSE À LA CHANSON

Quiconque a vu ses vidéoclips relayés sur YouTube a d’ailleurs pu constater que la danse est partie intégrante du projet musical de Suzane. « Ç’a été mon premier instrument », relate-t-elle.

La danse l’a cependant sérieuseme­nt amochée.

« J’ai étudié la danse classique et contempora­ine. Je me suis abîmée avec la routine et cette pesée qu’on nous infligeait tous les mercredis. J’ai créé des complexes et j’ai perdu ma confiance en moi, que j’ai retrouvée avec ce projet. Ça me semblait essentiel d’allier la danse aux mots et à cette musique électroniq­ue que j’aime parce qu’elle est physique. »

PLUS LIBRE EN SUZANE

Son nom de scène est un hommage à son arrière-grand-mère, qu’elle décrit comme une femme de caractère. Des différence­s entre Suzane et Océane ? À peine, mais oui.

« Suzane, c’est une manière d’être plus libre, de moins me juger dans l’écriture. Je me suis émancipée de cette Océane à qui on a dit qu’elle ne pouvait pas faire ci, qu’elle ne pouvait pas faire ça. Après, l’intérieur reste une seule et même personne. »

Toï Toï est sur le marché depuis hier.

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