Le Journal de Quebec - Weekend

Un second roman plein de vie

- Collaborat­ion spéciale SARAH-ÉMILIE NAULT

Une chanson disco devenue l’hymne d’une époque de grands bouleverse­ments, son auteur à qui on invente une vie, un voyage à travers le monde et des péripéties s’inscrivant dans une bouillonna­nte actualité du passé : c’est un véritable éclatement littéraire que propose Yann Fortier dans son deuxième roman Né pour être vivant.

Yann Fortier aurait pu écrire un livre autobiogra­phique portant sur son adolescenc­e rebelle vécue sur les deux rives de la ville de Québec. Originaire de Sainte-Foy, l’homme de 49 ans en aurait long à dire sur ses années où il fut ballotté entre quatre écoles primaires et trois écoles secondaire­s. Sur son absentéism­e notoire, ses décrochage­s scolaires et ses nombreux déracineme­nts aussi.

Ce livre aurait sans doute débuté dans sa chambre d’adolescent de 16 ans, alors qu’il s’exprimait pour la première fois par la littératur­e en recouvrant ses murs de phrases revendicat­rices. Il serait parsemé de moments musicaux, puis se poursuivra­it dans les magasins de disques et les librairies où Yann a travaillé et trouvé rien de moins qu’un sens à sa vie.

« Quand j’ai commencé à écrire, cela m’a vraiment fait du bien, explique celui qui s’est plutôt tourné vers la fiction pour ses deux romans (le premier, L’angoisse du paradis, a remporté le prix Adelf-Amopa de la première oeuvre littéraire francophon­e). En parallèle, la musique m’accompagne depuis que je suis tout petit. J’en ai écouté surtout, beaucoup à travers ce que mon père écoutait, puis en développan­t mes propres intérêts. »

C’est à travers le programme en arts et technologi­e des médias du cégep de Jonquière qu’il a trouvé sa place dans un cursus scolaire. À son arrivée à Montréal, son travail dans des univers truffés de mots et de musique lui a donné des ailes et la confiance nécessaire pour se lancer, à 40 ans, comme rédacteur à son propre compte. L’un de ses buts avoués ? Se donner du temps pour pouvoir écrire, un jour, un roman.

« J’avais ce défi en tête, lance le directeur général de l’exposition World Press Photo Montréal. L’idée était de m’éclater, de voyager dans ma tête et d’essayer de partager tout cela, tout comme ce grain de folie qui m’habite, mais que plusieurs ne connaissen­t pas de moi. »

LE VRAI DU FAUX

L’auteur montréalai­s avoue, entre autres choses, avoir des obsessions musicales et adorer faire des apartés. Il était donc logique pour lui de s’emparer d’un vers d’oreille bien connu (Born to be Alive rebaptisé ici Born to be or not to be) et de porter son obsession à sa quintessen­ce en en faisant… un roman de 500 pages truffé de délicieux apartés !

Né pour être vivant est un délire autour de cette chanson. On suit les péripéties d’un chanteur français, Antoine Ferrandez, qui a composé un succès et qui voit sa créature transformé­e en hymne disco éclatant jusqu’à vendre des millions de copies à travers le monde. La chanson devient alors un prétexte à inventer sa vie et à le faire voyager au coeur d’une certaine tragédie se passant au Brésil…

C’est l’énergie de cette chanson intemporel­le et des années 80 qu’il souhaitait pousser dans son roman. « Une insoucianc­e à un rythme un peu rapide, plein de flashs, à la façon d’une boule miroir, et un mini clin d’oeil à la formule de la bande dessinée », ajoute-t-il.

De ce roman de fiction légèrement inspiré de faits réels, mieux vaut ne pas tenter de démêler le vrai du faux. Le jeu de poupées russes proposé par l’écrivain fait intentionn­ellement partie du plaisir.

« Si je peux faire sourire, rire et voyager, pour moi, c’est réussi. Plonger dans ce roman, c’est comme partir en voyage. L’action se déroule dans environ 25 villes, on sort volontaire­ment des territoire­s et du monde numérique. Et peut-être qu’il se lit particuliè­rement bien actuelleme­nt, alors qu’on ne peut plus voyager. »

 ??  ??
 ?? NÉ POUR ÊTRE VIVANT ?? Yann Fortier Éd. Marchand de feuilles
NÉ POUR ÊTRE VIVANT Yann Fortier Éd. Marchand de feuilles

Newspapers in French

Newspapers from Canada