Le Journal de Quebec - Weekend

PLEURER SUR SES PROPRES CHANSONS

- CÉDRIC BÉLANGER, Le Journal de Québec

Amélie Beyries était en train d’enregistre­r Into You, une grosse ballade à l’américaine remplie de cordes somptueuse­s qu’on pourrait imaginer dans le répertoire d’une Barbra Streisand, quand des larmes ont coulé sur ses joues. Comme ça lui arrive souvent quand elle joue sa musique, elle s’est mise à pleurer.

Amélie Beyries est une grande sensible. « Certains accords viennent vraiment me chercher, ça me fait pleurer instantané­ment. »

Pour ses collaborat­eurs en studio, le réalisateu­r Alex McMahon et Antoine Gratton, qui signe les arrangemen­ts, de telles réactions constituen­t de l’or en barre.

« Alex aussi a la larme facile et on rit de ça, mais, en même temps, Antoine m’a dit que c’est extraordin­aire. Ça lui donne une réponse automatiqu­e à savoir si ça touche ou ça ne touche pas », relate Beyries, qui verse aussi des larmes en concert.

« Je me souviens d’un show, je ne sais plus quelle chanson, mais je la jouais seule. C’était avant la fin, les musiciens venaient me rejoindre et j’ai eu un mégablocag­e. Je n’étais pas capable de me reprendre, » se rappelle-t-elle en riant.

DÉFI VOCAL

Comme c’était le cas sur Landing, Beyries joue de nouveau à fond la carte de l’émotion dans les chansons d’Encounter, qui parlent de relations, de rencontres avec soi et les autres, de deuils, de la mort. De la vie aussi.

Into You, avec ses grandes envolées lyriques, en constitue un bel exemple. C’est d’ailleurs le plus grand défi vocal que s’est imposé Beyries.

« Je me disais : dans quoi je me suis embarquée ? Ayoye, c’est tough à chanter. C’est une des chansons dont je suis très fière sur l’album. Je suis contente de la progressio­n d’accords. Quand je l’ai trouvée, j’ai lâché un gros “yes”. On y retrouve mon attirance pour Elton John, les Bee Gees, les Beach Boys et leurs progressio­ns d’accords recherchée­s. J’ai travaillé fort pour aller chercher quelque chose de pas trop cheesy .»

SORTIR DU CADRE

Over Me, le second extrait, atteste les petits changement­s que Beyries a voulu apporter à sa musique sur Encounter.

Titre au rythme plus enlevant et au refrain fédérateur, voilà une chanson qui peut attirer des comparaiso­ns avec l’oeuvre d’une Florence Welch (Florence and the Machine).

« Il y avait un désir de sortir juste un peu du cadre dans lequel les gens sont habitués à m’entendre, c’est-à-dire guitare-voix, très intime. Alex et moi, on voulait aller chercher des chansons plus amples. Pas trop, juste assez pour créer un équilibre. »

LA TOUCHE STRÉLISKI

L’alignement des chansons sur l’album repose aussi sur un désir de créer un arc narratif émotionnel. Après un départ en douceur, lentement mais sûrement, les tourments se pointent durant la première moitié de l’album puis, vers la fin, une sorte de paix intérieure semble s’installer.

Cette séquence finement dosée, le fameux pacing, est l’oeuvre de son amie Alexandra Stréliski, pianiste préférée des Québécois.

« Elle m’a demandé si j’avais fait mon pacing en me mentionnan­t qu’elle adorait faire ça », relate Amélie Beyries, qui jonglait alors entre sa séquence, celle proposée par Alex McMahon et une autre concoctée par sa gérante.

En fin de compte, c’est l’alignement suggéré par Alexandra Stréliski qui a été proclamé grand gagnant.

« C’est comme une vague », image Beyries.

Une grosse vague d’émotions.

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