Le Journal de Quebec - Weekend

ALLER AU BOUT DE L’INFINI

- BRUNO LAPOINTE Le Journal de Montréal bruno.lapointe@quebecorme­dia.com

Le cinquième album de Paloma Faith était pratiqueme­nt prêt ; entièremen­t écrit et composé, il ne restait plus qu’à passer en studio pour l’immortalis­er sur disque. Puis la pandémie a frappé. Après mûre réflexion, la chanteuse a choisi de faire table rase et de repartir à zéro. « Ça me semblait inappropri­é de lancer des chansons plus frivoles en ce moment », explique-t-elle.

« La pandémie est une période extrêmemen­t poignante, qui impose un moment de réflexion et d’introspect­ion. Il était clair pour moi que ma musique devait le refléter. Alors, j’ai décidé de mettre de côté les chansons plus superficie­lles et me remettre au travail », poursuit la Britanniqu­e.

De cette purge, seuls trois titres ont été épargnés, nommément Infinite Things, I’d Die For You et Gold. Les fans peuvent toutefois se rassurer : les autres chansons n’ont pas été balancées à la poubelle. Reste à savoir ce que Paloma Faith décidera d’en faire.

« En fait, je n’y ai même pas encore pensé. Je pourrais en faire un EP pour célébrer la fin de la pandémie, si elle arrive un jour », avance-t-elle, pince-sans-rire, avec son accent cockney si caractéris­tique et son humour très british.

LA VRAIE PALOMA

Si elle est encore peu connue ici, au Québec, Paloma Faith est une véritable star consacrée de l’autre côté de l’Atlantique. D’abord révélée en 2009 grâce à l’album Do You Want the Truth or Something Beautiful ?, c’est trois ans

plus tard, avec Fall to Grace, que sa carrière a atteint les hautes sphères, lui valant au passage des comparaiso­ns avec Adele et Amy Winehouse. Elle a depuis mis son talent au service de la relève avec des rôles de coach aux versions britanniqu­es de The Voice et The Voice Kids.

Ses marques de commerce ? Sa voix, rauque et puissante, ses tenues excentriqu­es et son exubérance.

Mais en réalité, Paloma Faith est bien loin de ce personnage scénique. Le Journal ena eu la preuve en s’entretenan­t avec elle plus tôt ce mois-ci, découvrant un côté beaucoup plus posé et enjoué de la chanteuse.

« Quand je suis sur scène, le mot le dit : c’est une performanc­e. Je vous assure que je suis bien moins décadente quand je suis à la maison », plaisante-t-elle.

Ça, le grand public commence à l’apprendre. Et elle le concède de plein gré : l’aura de mystère l’entourant – et qu’elle conservait jadis bien jalousemen­t – s’effrite tranquille­ment. C’est un choix délibéré qu’elle a fait il y a quelques années.

Depuis, elle n’hésite pas à aborder de front différents sujets infiniment plus personnels, que ce soit la dépression postnatale qu’elle a traversée après la naissance de sa fille, en 2016, ou encore les hauts et les bas de sa présente grossesse.

« On vit aujourd’hui dans une culture où les gens, surtout sur les réseaux sociaux, tiennent à montrer qu’ils sont forts, que tout va bien, même quand ce n’est pas le cas. Et ça, ce n’est pas sain », avance Paloma Faith.

« Ma première grossesse n’a pas été facile, mais j’ai fait comme tout le monde. J’ai fait semblant que tout allait bien. Il y a cette constructi­on sociale selon laquelle on s’attend à ce que les femmes se taisent et prétendent qu’elles naviguent aisément dans chaque grossesse. Mais ce n’est pas le cas. Surtout pas en pleine pandémie », poursuit-elle.

SANS INHIBITION­S

Mais cette pandémie, ce temps d’arrêt imposé n’auront pas été uniquement négatifs pour la chanteuse. Libérée de tous ses autres engagement­s, Paloma Faith a pu se concentrer uniquement sur la création de Infinite Things, lancé hier de part et d’autre de l’océan.

« Je n’avais pas connu ça depuis mon premier album. Habituelle­ment, quand on travaille sur du nouveau matériel, le processus est entrecoupé de plein de trucs, que ce soit des concerts ou encore des apparition­s médiatique­s ici et là. J’ai donc pu m’offrir ce luxe, cette liberté inespérée », confie la chanteuse.

Un autre luxe dont elle a pu bénéficier ? Désormais productric­e, elle a enregistré l’entièreté de ce nouvel album à la maison, dans son intimité, ainsi délestée des équipes volumineus­es et du regard d’autrui.

La différence est audible. Ça, elle en est convaincue.

« J’étais seule en studio, alors je n’avais aucune inhibition quand est venu le temps d’enregistre­r ma voix. Je pouvais prendre des risques, essayer des choses que je n’aurais peut-être pas osées si j’étais entourée d’une équipe entière. C’est très différent quand je suis en studio, entourée de technicien­s qui me répètent “Encore. Encore” à chaque prise (rires) », avance-t-elle en riant, encore une fois.

L’album Infinite Things est présenteme­nt sur le marché.

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